Des fans de Slayer dans leur habitat naturel

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Des fans de Slayer dans leur habitat naturel

Sanna James a passé 13 ans à suivre les hordes de fans du groupe de thrash à travers le monde – et elle en a fait un livre.

Toutes les photos sont publiées avec l'aimable autorisation de Sanna Charles

Les gens se contentent rarement d'avoir « une période Slayer ». Pour les fans les plus dévoués, ce groupe surpasse à peu près tout ce qui se fait d'autre sur Terre – c'est le cas depuis des années entières, ça le restera encore longtemps, et ils continueront de vous dire d'aller vous faire foutre si vous avez le malheur de penser autrement. Après tout, il est tout à fait logique que la musique extrême suscite un amour extrême.

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Leur première communauté de fans leur sont restés fidèles depuis les années 1980. Bien entendu, le groupe a fait bien de nouveaux adeptes depuis – notamment parce qu'ils sortent des albums en permanence et qu'ils passent toujours énormément de temps en tournée depuis leur formation, il y a de ça 35 ans.

Depuis plus d'une décennie, Sanna Charles s'attache à photographier les fans de Slayer. Elle a commencé lors d'un festival en 2003 et ne s'est plus jamais arrêtée. Elle en a tiré un livre intitulé God Listens to Slayer, qui sortira le 17 avril chez Ditto Press. J'en ai profité pour discuter avec elle autour d'une tarte.

VICE : Comment t'es-tu lancée dans la photo ?
Sanna Charles : J'ai commencé à photographier The Parkinsons, un groupe punk de Londres. Je suis allé à leur concert au Boston Arms et leur chanteur s'est roulé par terre – à poil. Il y avait une fille qui prenait des photos, mais elle n'était pas vraiment à fond et je me suis dit que je pouvais faire mieux. Du coup, j'ai commencé à photographier ce groupe. Le magazine Melody Maker m'en a acheté certaines, et tout a commencé à partir de là.

Comment as-tu commencé à travailler sur le projet Slayer ?
Je bossais pour le NME, et ils m'ont envoyé au Download Festival en 2002 pour photographier Slayer. Le concert avait été repoussé de trois heures, il faisait très chaud et ils devaient jouer dans une tente plus petite, au lieu de la scène en extérieur. La tente était bondée et les gens à l'intérieur attendaient depuis au moins trois heures. Le concert était incroyable. Les autres photographes ont quitté la fosse après trois morceaux, mais je suis restée parce que j'étais hypnotisée par la foule.

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Cette libération pure de colère et d'agression de la part des fans semblait sans limite. Tout le monde était rassemblé dans cette petite tente, on aurait dit des petits chatons qui tentaient de s'échapper d'une animalerie. Après coup, j'ai fait trois portraits de gens qui partaient. Quand j'ai revu ces photos, j'en étais très contente.

Et c'est là que tu as décidé de suivre Slayer partout dans le monde.
Ouais. Je me suis dit : « J'ai une carte de crédit, peut-être que je devrais l'utiliser ? Peut-être que je pourrais les suivre en tournée ? » J'ai convaincu un ami qui avait une voiture de m'accompagner, et on a traversé toute la Grande-Bretagne ensemble, en squattant chez des potes. Puis on s'est dit : « Et merde, pourquoi est-ce qu'on n'irait pas en Norvège et en Finlande ? » C'est ce qu'on a fait, et j'ai défoncé mon compte en banque. Je ne le referais pas, mais parfois dans la vie, il faut savoir prendre des risques financiers.

C'était cool – j'ai dû les voir neuf fois et j'ai rencontré des gens très marrants sur la route. J'ai continué à les immortaliser, surtout à des festivals européens, pour faire plus de photos de fans. Je pense que les fans de metal de l'Europe continentale sont un peu différents qu'en Amérique, mais je ne sais pas tout à fait pourquoi.

Comment étaient les fans européens ?
J'ai rencontré un fan estonien qui était en fauteuil roulant. Il avait perdu son boulot à cause de Slayer. Ses supérieurs n'avaient pas voulu lui laisser du temps libre pour aller au concert, et il leur avait dit de se faire foutre. Je lui ai demandé si ça allait être dur pour lui de trouver un nouveau job, ce à quoi il m'a répondu : « Oui, ça va être plutôt impossible. » Mais il était vraiment très heureux de voir Slayer.

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Tu as recroisé des gens à tous ces concerts différents ?
Nous avons vu les mêmes revendeurs de billets un peu partout ! On en a même croisé un en Norvège et on s'est dit « Mais comment peut-il se payer un vol pour la Norvège rien que pour vendre des tickets ? »

Depuis le le début des années 2000, tu as dû voir la communauté de fans pas mal évoluer.
Oui, en effet. J'ai constaté un changement dans la foule des festivals de metal. C'est plus accessible maintenant. Pas uniquement Slayer, mais le metal en général semble s'être vraiment démocratisé.

Tu as déjà eu la chance de photographier le groupe ?
Non, mais je n'ai jamais vraiment voulu ; ce n'était pas mon sujet. Lors du premier concert de la tournée où nous sommes allés, le manager nous a dit que s'il nous voyait dans les loges à prendre des photos, on serait viré de la tournée. Du coup, on a fait très attention.

Les mecs de Slayer ont vu les photos ?
J'ai essayé de leur envoyer, mais je ne sais pas s'ils les ont consultées. Il y avait un bonus sur un DVD de concert qui date du début des années 2000 et qui porte sur leur fans, mais c'est juste un montage d'eux en train de hurler « Slaaaaayer ». Ça ne m'intéressait pas trop de les photographier à ce moment-là. J'attendais qu'ils poussent leur cri, puis j'essayais de les prendre en photo juste après. Je voulais les capturer de manière normale, pas comme des adolescents tarés et surexcités.

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Qu'est ce qui rend les fans de Slayer si uniques, comparé aux fans de Metallica par exemple ?
Leur musique est plus extrême que celle de Metallica. Slayer s'en tient toujours à la même formule et c'est ce que les fans aiment. À Helsinski, j'ai rencontré le chef du fan club russe de Slayer. Il s'appellait Kerry et avait les même tatouages que Kerry King sur la tête. Il était super sympa, et son amour pour Slayer avait quelque chose d'incroyable. On retrouve la même chose avec Motörhead. Les gens aiment leur formule et le fait qu'ils s'en tiennent à ce qu'ils savent faire. Le jeune public est là-dedans aussi, parce que rien d'autre ne sonne pareil. Et aussi, les trucs sur lesquels ils chantent ne sont pas affectés par les fans qui deviennent plus vieux ou le changement de leur mode de vie. Je pense que les fans sont intemporels parce que la musique l'est aussi.

Merci, Sanna.

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Vous pouvez précommander God Listens to Slayerà cette adresse..

Plus de photos extraites du livre ci-dessous :