Le Quotidien de la guerre civile espagnole

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Le Quotidien de la guerre civile espagnole

Surtout connu pour ses photos du camp de Mauthausen, Francesc Boix a également capturé la guerre d’Espagne.

Photo de une : Trois soldats posent sur une automobile Chrysler qui a visiblement perdu son pare-chocs, aux alentours de Vilanova de la Barca. Août 1938. Toutes les photos sont de Francesc Boix, publiées avec l'aimable autorisation d'Ara Llibres.

Jusqu'à aujourd'hui, Francesc Boix était surtout connu comme le photographe de Mauthausen. Boix faisait partie de ces milliers d'Espagnols qui ont connu l'horreur des camps de concentration nazis. Néanmoins, ses connaissances en photographie lui ont permis de travailler dans un laboratoire photo du camp entre 1941 et 1945. Durant ces quelques années, il a aussi documenté les activités dans les camps, le travail exténuant des prisonniers et l'extermination de masse. Sur ses clichés, figurent de nombreux officiers allemands et des commandants nazis. Ses images ont ainsi joué un rôle clé dans l'inculpation des responsables de ces crimes suite à la chute du Troisième Reich.

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Aujourd'hui, Ara Llibres publie Los Primeros disparos de Francesc Boix, un recueil de photos jusqu'alors inédites. Ces photos, prises pendant la jeunesse de Boix lorsqu'il luttait sur les fronts de l'Èbre et du Sègre, nous dévoilent un visage particulier de la guerre civile espagnole.

À l'inverse des nombreux autres photographes de guerre de l'époque, qui voyageaient sur le front l'espace de quelques jours, Boix avait intégré la 30e Division de l'Armée populaire de la République espagnole et pouvait ainsi relater au mieux le quotidien des troupes et des villages dans lesquels ils se rendaient. Il a également pu illustrer la destruction provoquée par la guerre, même s'il tenait à ne jamais exposer de cadavres. Son impressionnante collection de portraits de soldats est assez frappante.

Boix a connu les atrocités de la guerre. Avant de rejoindre la division précédemment mentionnée, il avait travaillé pour les Jeunesses socialistes unifiées de Catalogne à l'âge de 18 ans. Alors qu'il essayait de traverser la frontière avec la France et de contrer la montée de Franco, il a été fait prisonnier par les troupes allemandes avant d'être envoyé au camp de Mauthausen. S'il a eu la chance de survivre, il a surtout réussi à conserver ces quelques clichés qui démontrent l'horreur des camps de concentration. À sa libération, il a travaillé en tant que photographe professionnel en France, où il est décédé à 30 ans suite à une maladie qu'il a probablement contractée lors de son enfermement.

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Les négatifs de sa série ont une histoire assez extraordinaire. Ils ont été abandonnés par Boix quand ce dernier a traversé la frontière franco-espagnole. Pendant des années, il n'a pas su où il les avait cachés. Nous savons simplement qu'un collectionneur de Perpignan les a retrouvés en 2010 chez un antiquaire et les a rachetés. Il a essayé de les vendre aux enchères à plusieurs reprises, sans succès. Il s'est finalement résigné à les donner sur le site Todocoleccion.net en 2013. La paternité des clichés a alors était attribuée à Puig Farran, un autre photographe de l'époque. Par la suite, les négatifs sont arrivés entre les mains des membres de Fotoconnexió – une association culturelle ayant pour objectif la conservation, l'étude et la diffusion de la photographie et du matériel audiovisuel dans tous ses aspects. Ils ont alors contacté la Comisión de la Dignidad, une organisation qui veille à réattribuer la paternité des œuvres confisquées sous le régime franquiste à leurs créateurs originels. Après un long travail d'analyse, ils ont découvert que le véritable auteur n'était pas Puig mais bien Francesc Boix.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Francesc Boix et sa vie, vous pouvez regarder le documentaire Un fotógrafo en el infierno, réalisé par Llorenç Soler.

Un soldat de l'Armée populaire de la République espagnole.

Un groupe de soldats républicains lisent un journal affiché sur le mur.

Des soldats de l'Armée populaire de la République espagnole dansent avec des femmes de l'Alliance nationale de la Dona Jove à Santa María de Meià. Mars-juin 1938.

Un groupe d'hommes et de femmes, parmi lequel des membres de l'Armée populaire de la République espagnole, épluchant des épis de maïs, assis en cercle, vraisemblablement au Château del Remedio, à Penelles. Juin-décembre 1938.

Un grupo de quintos de la quinta del 40 y del 28 de la 30ª División hace instrucción. Marzo-diciembre de 1938

Un groupe de soldats de la 30e Division. Mars-décembre 1938.

Tres sanitarios llevan a un herido en una camilla

Trois professionnels de la santé transportent un malade sur une civière.

Un groupe de femmes de l'Alliance nationale de la Dona Jove et des membres de la 30e division de l'Armée populaire de la République espagnole lors d'un discours. Mars-juin 1938.