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Culture

Jesse Mockrin a sa propre définition du rococo

L'artiste américaine allie mode et inspirations rococo dans des peintures singulières et sensuelles.

Belles, sensuelles et énigmatiques, les peintures de Jesse Mockrin sont étiquetées contemporaines mais font joliment appel au passé. « The Progress of Love », l’exposition de l’artiste en cours à la Night Gallery de Los Angeles, est à la fois inspirée des tendances actuelles dans la mode masculine et du style Rococo du XVIIIe siècle. Esthétiquement, Mockrin est plongé dans les représentations luxuriantes du rococo mais ses centres d’intérêts vont également aux questions du genre, qu’elle explore avec ses coups de pinceau délicats et méticuleux.

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« Les hommes comme les femmes sont poudrés et maquillés. Ils peuvent tous être représentés avec des fleurs dans les cheveux. Les vêtements des hommes de cette période sont faite de satin, de broderies, d’imprimés floraux, de ruches et de dentelle. Si ce sont des choses que l’on associe davantage à l’univers féminin aujourd’hui, c’est leur résurgence dans la garde-robe masculine contemporaine et l’effacement des frontières du genre qui m’ont d’abord menée à l’affiliation visuelle avec le rococo », explique Mockrin à The Creators Project.

À gauche : Comes in Colours Everywhere

 ; à droite : Moonage Deaydream

Les notions de genre dans les peintures rococo sont habituelles mais, comme la représentation de jardins sauvages, n’est jamais départie d’une dose d’hédonisme. Le monument de la peinture rococo, Les Hasards heureux de l'escarpolette de Fragonard, par exemple, dépeint un homme qui pousse sa femme sur une balançoire, sa chaussure tombant de son pied, pour être seulement ramassée par son amant, qui est caché de son mari par une masse de feuillages. Mockrin découpe cette scène pour n’en garder que le pied, la chaussure et la main coupable. Bien sûr, Mockrin fait bien plus que recadrer et copier : son style est plus proche des illustrations que de l’original de 1766, avec des aplats de couleur donnant à la peinture un aspect graphique, laissant de côté la finesse surchargée des inspirations rococo.

« Les Hasards heureux de Fragonard est probablement la référence la plus évidente dans l’exposition, suivie peut-être par la robe dans ma peinture Bloom, qui est inspirée par le Madame de Pompadour de Boucher. Pour moi, ces deux œuvres, comme celles des périodes que j’emprunte pour cette exposition, sont emblématiques des thèmes rococo que j’explore et avec lesquels je joue », dit Mockrin.

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L’artiste peint à l’huile depuis son adolescence, guidée par une intuition naturelle en opposition avec l’acrylique, et la capacité de la peinture à être travaillée et retravaillée. Commençant par une base sombre et y ajoutant des pigments plus clairs, les textures deviennent moins réalistes, mais plus lumineuses, riches.

« Je travaille souvent à partir de dessins ou de photographes mais je laisse libre cours à mon pinceau sur la toile. Cette méthode implique des retouches : rapprochant ou éloignant un oeil, élevant ou abaissant une oreille ou redessinant parfois une main plusieurs fois jusqu’à ce que j’en sois satisfaite. La peinture à l’huile me donne la liberté de faire ça et de suivre mes intuitions », estime Mockrin.

À gauche : The Timid Lover 

; à droite : Twisted 

Les surfaces surréalistes vont bine de pair avec les choix de composition de Mockrin qui recadre ses sujets de manière singulière — une seule main, le sommet de la tête couronnée de fleurs d’une femme sont les types de sujets qu’elle élabore, entourés d’une nature sauvage.

« Le corps rococo est fluide, les mouvements gracieux et surjoués. Les doigts roses sont levés. Ce sont ces motifs théâtralisés et romantiques qui m’attirent ; un monde qui ne peut et ne veut pas exister en dehors de l’espace illusoire de la peinture » conclut Mockrin.

À gauche : The Stroll ; à droite : The Forest

« The Progress of Love » est à voir à la Night Gallery jusqu’au 16 avril 2016. Pour voir d’autres travaux de Jesse Mockrin, dirigez-vous par là.