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Maxim Kruglov, le skateur-snowboarder venu de Russie

Le Russe de 27 ans est un des leaders de la scène skate dans son pays, où il y a de plus en plus de kids qui s'y mettent.
Photos Johanna Himmelsbach

Cet article vous est présenté par LIFE RIDE.

L'épreuve de skate du FISE n'est peut-être pas celle qui a le plus les faveurs du public, mais elle draine des skateurs d'un niveau hallucinant. Je pense notamment au jeune Français Aurélien Giraud, dont le niveau a séché le public, ou encore au Danois Dannie Carlsen. Ce type a une aisance hallucinante, doublée d'une nonchalance presque obscène. On pourrait aussi citer l'improbable professionnel de la cabriole Beaver Fleming, venu tout droit du Tennessee et membre de Nitro Circus, dont les prestations ont pas mal détonné sur l'aire de street montpelliéraine. Et au milieu de tous ces beaux noms, il y avait aussi trois potes russes de haut niveau : Maxim Kruglov, Konstantin Kabanov et Egor Kaldikov. On a suivi ces skateurs de l'Est juste après leur run de qualification — qu'ils ont tous les trois réussi sans difficulté — jusqu'au kebab où ils venaient déjà manger l'an dernier, et on s'est posés avec Maxim, qui venait de fêter ses 27 as. On a discuté de sa vie en Russie et de son métier, qui consiste à rouler un peu partout dans le monde.

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Maxim Kruglov : Ha, un kebab. On mange tout le temps ça, en voyage. Dans la vraie vie, je vais au restaurant avec ma famille. J'ai une petite fille. Elle a déjà quatre mois.

VICE Sports : Elle n'est pas là ?
Non, elle est chez moi avec ma femme, à Saint-Pétersbourg.

C'est pas dur de voyager sans elle ?
Si, d'autant plus que ce trip est particulièrement long : il dure un mois. Normalement, je pars à peu près une semaine sur trois, puis je rentre. J'adore rentrer chez moi, tu sais.

Mais voyager, ça fait partie du métier…
Oui, c'est ma vie. Parce que ma vie, c'est mon métier. J'adore ma vie. Je savoure chaque jour de ma vie, vraiment. Que ce soit en skate ou en snowboard — parce que je suis aussi snowboardeur professionnel.

VICE Sports était au FISE et ça se passe ici.

C'est pas trop dur de combiner les deux ?
Tu sais, si tu y réfléchis, le skateboard t'aide dans le snowboard, et le snowboard t'aide dans le skate. Ils se rejoignent. Tu es plus à l'aise sur ta planche, même si ce sont des styles différents : tu vas plus vite et tu te mets de plus gros vols en snowboard. Et la vie passe plus doucement quand on est dans les airs ! C'est comme un ralenti, les big-airs. Mais le snowboard me permet de mieux skater et inversement.

En skate tu viens de faire une étape de la streetleague et tu as aussi participé au Tampa Pro. C'est vraiment des grosses compétitions…
Oui. En snowboard, je fais plus de la vidéo. J'adore filmer. Même si je fais aussi quelques contests parfois, et des podiums. Mais pour moi, le snowboard, c'est les montagnes, les premières traces, la poudreuse, la liberté.

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Ça ressemble à quoi la vie de pro-skateur en Russie ?
Ça fait six ans que je suis passé pro. Maintenant, tous les skateurs ont des vêtements, des chaussures et des boards, mais on doit être cinq à avoir des contrats et à être rémunérés. Moi, je skate pour Nike, c'est un des sponsors qui me permet de voyager et de rendre ma vie meilleure. Donc pour ma famille, ça va. Et mon sponsor planches, c'est Union. C'est notre marque, on l'a créée et c'est assez gros en Russie — il doit y avoir trois ou quatre marques russes en tout. Nous, on voyage ensemble, on a tous des parts dans la marque. Ce n'est pas un business, c'est plus un truc pour soutenir les potes et leurs femmes. Pour moi, le skate, c'est pas un business. Si tu veux faire du pognon, il faut choisir un autre sport ! Pour moi le skate, c'est la vie.

A lire aussi : On a demandé aux nanas de L'Equipée ce qu'elles faisaient au FISE.

Et la scène skate, c'est comment ?
Il y a beaucoup de skateurs. Chaque année, on en voit de nouveaux. Beaucoup de petits en font. Maintenant à Moscou, il y a plein de skateparks. De nouveaux skateparks en béton, vraiment bien. Le gros problème qu'on a, c'est le manque de skateparks couverts, pour l'hiver. Ça fait deux ans qu'on n'a plus de park et on ne peut pas skater l'hiver. Tout le monde skate dans les parkings ou un peu dans le métro mais bon.

On avait un bon park couvert à Saint-Pétersbourg mais il a été fermé pour rénovations et finalement, ils n'avaient pas l'argent donc ils ont arrêté les travaux. Mais peut-être qu'avec la Fédération et l'arrivée du skate aux J.O. pour 2020, ça va changer. Peut-être qu'ils vont se mettre à faire tout ce qu'ils ont dit, comme quand le snowboard est arrivé aux J.O.

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Le skate est aux J.O., c'est sûr ? Toi, tu y seras ?
Oui, en 2020. La décision sera prise en août, en même temps que le surf, le baseball, le karaté et d'autres trucs. Donc oui, j'y serai ! Mais actuellement, tout le monde fait du skate. C'est le sport extrême le plus répandu. Et c'est aussi le moins cher.

Pour toi, le FISE, c'est un bel événement ?
Oui. C'est un événement qui a changé ma vie. Je participe à chaque étape, dans tous les pays. En Chine, c'est la folie. Et cette année, ils vont même au Canada et aux US. J'ai envie de skater là-bas. Il y a plein de gens, l'ambiance est cool, le park est bon et on peut se faire pas mal d'argent. Si tu gagnes le contest, tu gagnes de quoi continuer à voyager ! Le FISE, c'est un bon partenaire : avec quatre événements dans l'année, tu penses tout le temps au suivant, et c'est vraiment bien. Et il y a plein de sports différents, beaucoup de vélo…

On m'a dit que tu t'étais blessé au pied ?
Non, j'ai fait une mauvaise chute, mais ça va déjà mieux. C'est le genre de truc qui fait mal une heure ou deux, c'est tout.

OK. Comment ça s'est passé les qualifications ?
J'ai skaté normalement, je pense que je serai qualifié en demi-finale. Parfois je gagne, parfois je perds, mais j'arrive toujours en finale !

Tu préfères filmer ou faire des contests ?
C'est différent. J'adore les contests : c'est comme un jeu. Si tu plaques tes tricks, tu as tes chances. Mais tout le monde a ses chances. Filmer, c'est bien pour les souvenirs. J'ai envie de filmer un maximum, pour pouvoir regarder ça quand je serai vieux et montrer les images à mes enfants. En Russie, j'adore skater avec des petits. J'ai un petit bébé, je suis un skateur et un snowboardeur professionnel, j'ai la belle vie, mais j'aime skater avec tout le monde. Je suis pas une star, je suis quelqu'un de normal. J'ai grandi dans une petite ville pourrie et j'avais un grand rêve, qui était de devenir skateur professionnel et de voyager, et j'y suis allé à fond.

Alors c'est quoi ton prochain rêve, en matière de skate ?
J'ai envie d'aller aux États-Unis et de faire des gros tricks, de me faire un nom là-bas. Je voudrais aussi m'acheter une maison, une bonne voiture… Il faut que j'achète une maison pour que mes enfants aient une vie confortable. Les enfants, c'est quelque chose qu'on a pour toute la vie.

Mais tu voudrais t'installer aux États-Unis ?
Non ! J'aime la Russie. Je voyage beaucoup, mais j'adore rentrer chez moi. D'ailleurs, tout le monde est le bienvenu en Russie. La Russie, ce n'est pas comme les gens se l'imaginent, tout le monde est sympa !

Finalement, Maxim n'a pas atteint les finales du FISE en 2016. Mais rassurez-vous : depuis, il a décroché la première place au Flowgrind à Barcelone.