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ain't it fun

Mon amour problématique pour les films punks

Ça fait presque dix ans que je consacre chaque jour, envers et contre tout, mon existence au punk-rock.

Ça fait presque dix ans que je consacre chaque jour, envers et contre tout, mon existence au punk-rock. Je reconnais qu’il m’a aidé à traverser des périodes troubles de ma vie et je bénis Young, Loud and Snotty des Dead Boys – que j’ai écouté plusieurs centaines de fois – de m’avoir poussé à jouer d’un instrument. Depuis, je m’efforce de m’intéresser à chaque déclinaison engendrée par ce que beaucoup considèrent comme un sous-genre foireux de l’histoire du rock’n’roll.

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J’en arrive à un stade où j’ai de plus en plus l’impression d’avoir fait le tour de ce que le punk avait à offrir. Cet hiver, pour oublier ce sentiment de vivre la gueule perpétuellement coincée dans un cendrier géant – ma chambre – j’ai passé plusieurs après-midi à mater des films inspirés par cette folle aventure qu’est le punk-rock. Avant de m’y mettre, je venais de réaliser qu’après dix ans de port de perfecto, j’y connaissais que dalle en cinéma punk, à part ces deux pauvres références : Scorpio Rising de Kenneth Anger et le très gay Rocky Horror Picture Show.

Je dois avouer que Scorpio Rising était alors le truc le plus badass qui m’avait été donné de voir. Navré, j’ai constaté qu’il était en réalité assez chiant. Je me suis donc tourné vers d’autres œuvres cinématographiques capables de convenir à 1. des straight edge frustrés en mal de sentiments amoureux, 2. des mecs rendus hyperactifs par une écoute prolongé de Wash Away de TSOL, soit des trucs plus véner, plus adultes, plus cons et donc, possiblement meilleurs.

Je ne savais pas encore que cette cure de cinéma allait m’amener à visionner en boucle la bande-annonce de Suburbia pendant une demi-heure avec un enthousiasme sans cesse renouvelé, et ce, même si le film pue sérieusement du bec. Je me suis donc rendu compte que le punk – et sa quête permanente d’autodestruction et de médiocrité – avait réussi à transformer cet « art noble » qu’est le cinéma en un torrent de merde à peine contrarié par quelques rares bonnes idées de scénario. Chacun des cinéastes impliqués dans la réalisation de ces films a donc réussi à donner naissance à un sommet d’art vulgaire. Ceci me conforte dans mon amour du punk-rock, des jeans pétés à l’entre-jambe et dans ma haine toute-puissante des Césars. Voici une sélection des pires films que j’ai vus la semaine dernière.

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BURST CITY

Akira a conditionné ma jeunesse. Logiquement, lorsque j’ai appris que The Stalin faisaient un cameo dans ce film, j’ai l’ai automatiquement déclaré meilleur navet de l’histoire du cinéma. Burst City est aussi bon qu’une mauvaise reprise des Kids par Teengenerate, soit un élément isolé de la culture occidentale rendu moins chiant par l’Asie. Le jour où une armée de guerriers samouraïs couverts de studs sortira de la supernova créée par la centrale de Fukushima pour péter la gueule à des cyber-goths allemands, il sera enfin temps de respecter le Japon.

CLASS OF 1984

La pensée collective m’a appris qu’on ne pouvait plus prétendre au statut de punk passé 25 ans. Comme dans une majorité de teen movies, Class of 1984 est interprété par des acteurs trop vieux pour les rôles qu’ils sont censés incarner. Si on faisait de l’intellect, on pourrait dire qu’il s’agit d’une version de Grease produite par l'École de Francfort. Sauf que ce film se torche désespérément avec les concepts de morale et de respectabilité. Class of 1984 est plutôt destiné à cette frange de la population qui n’essaiera jamais de grandir et qui cherchera toujours à écouter les Cursaders of Love.

SUBURBIA

Je crois de plus en plus que le but inavoué de Suburbia était de me réconcilier avec les Red Hot Chili Peppers, notamment par cette séquence où l’on voit Flea s’enfourner un rat entier dans la bouche. Outre le fait qu’il ressemble lui-même à un rongeur, je me suis dis que c’était peut-être le meilleur truc qu’il ait fait de sa carrière. Sérieux, même s’il a fait partie de Fear il y a 30 ans, je ne comprends pas pourquoi tant de « musiciens » l’adulent. Concernant le film, ce n’est pas parce qu’on rassemble une imagerie Oxnard et cette pipe de Flea que ça en fait un chef-d’œuvre. Mais bon, il possède un autre avantage : il m’a aussi fait comprendre à quel point le style de Jack Grisham était à chier. Ouais, les Meatmen avaient raison, en fait.

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REPO MAN

Repo Man est le meilleur film du monde. Son seul défaut tient dans le fait qu’il tombe dans la catégorie « western moderne ». Le punk et la culture du western entretiennent une relation amour-haine complexe : les Dead Kenneyds ont repris le générique de Rawhide, Clint Eastwood figure sur la compilation Feel Lucky Punk ?, OK, mais Millions Of Dead Cops et The Stains ont déjà traité John Wayne de « sale nazi de merde ». Quelle conclusion y a-t-il à tirer de tout ça, si ce n’est qu’on s’en branle ? C’est Repo Man qui gagne haut la main de toute façon avec la meilleure réplique jamais écrite.

JUBILEE

Le punk britannique est en tout point inférieur à son homologue américain : Jubilee en est la preuve. Pas étonnant que certains groupes américains détestent les limeys. S’il n’est pas mauvais, le film tire tout de même « le portrait d’un futur décadent » dont les habitants sont Jordan, Adam Ant et d’autres membres inconnus du Bromley Contingent. Puis, d’un point de vue personnel et en respectant une certaine cohérence chronologique, ça me ferait chier de vivre dans un futur où les seules pépées à disposition seraient des copies de la meuf des Wax Idols et cette relou de Siouxie Sioux.

THE GREAT ROCK ‘N’ ROLL SWINDLE

Retraçant la descente aux enfers des Sex Pistols et de leur manager Malcolm McLaren, The Great Rock’n’roll Swindle est toujours dotée d’une poésie particulière. Aucune participation de Johnny Rotten, des animations pétées, puis Sid Vicious qui entarte une prostituée parisienne en font une merveille de film. Seule ombre au tableau, la présence de Sting pour un extrait de ce film mort-né de Russ Meyer qui devait s’appeler Who Killed Bambi ? Dans celui-ci, le terrible blondinet viole – pour de vrai – Paul Cook. Conclusion : Sting transforme instantanément tout ce qu’il touche en merde sans nom.

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COCAINE AND BLUE EYES

Cocaïne and Blue Eyes n’est pas vraiment un film sur le punk. J’ai surtout choisi cette scène car on y voit OJ Simpson tracer dans une foule de punks en plein mosh pour aller parler un type qui ressemble beaucoup trop à Shigeru Miyamoto. Et surtout, parce que cette scène me rappelle certains passages du documentaire classique The Decline Of Western Civilization. Une question me taraude cependant : qu’aurait fait ce cher OJ s’il avait vraiment été présent à un concert des Mau-Maus en 1982 ? Aurait-il pogoté avec ses nouveaux amis mal coiffés ou aurait-il au contraire arraché leurs parties génitales au nom de l’avenir de notre culture ? La seconde option me paraît plus probable.

CBGB

Vous savez ce qu’est devenu le Roxy de Londres en 2013 ? Un magasin à la gloire des maillots de bain Speedo. De son côté, le CBGB n’est plus un club mais une boutique qui vend des tee-shirts à des touristes adolescents à la recherche d’une identité. Rien de surprenant à ce que ces mêmes couilles molles aient réclamé un film retraçant l’histoire du célèbre bar. De fait, deux membres du casting de Harry Potter sont à compter parmi les acteurs : Alan Rickman plante Hilly Kristal – le propriétaire du bar – tandis que Ruppert Grint campe Cheetah Chrome des Dead Boys. Le film ne sortira que plus tard cette année et à mon grand soulagement, peu de copies ont été envoyées en France. Pour nous éviter un énième spoilage culturel, on pourrait faire le même film sur le Gibus ; Louis Garrel serait Patrick Eudeline et cette grosse pipe de Gaspard Ulliel jouerait Clode Panik de Métal Urbain. Merci à vous, le cinéma indépendant !

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