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LE NUMÉRO HISTOIRE

Quoi de neuf ?

Les vieux de la vieille : Les grognards, c’est comme ça que Napoléon appelait ses plus fidèles soldats parce qu’ils osaient se plaindre quand il les expédiait dans le froid, la pluie et la boue.

Les vieux de la vieille Les grognards, c’est comme ça que Napoléon appelait ses plus fidèles soldats parce qu’ils osaient se plaindre quand il les expédiait dans le froid, la pluie et la boue. On a papoté avec le président d’une association de grognards qui s’amusent à reconstituer les batailles napoléoniennes grandeur nature dans la forêt de Fontainebleau. Vice : On recense plus de deux cents films sur Napoléon, vous ne trouvez pas que c’est suffisant ? Grognard : Pas du tout, Napoléon est un homme fascinant, et depuis 4 ans on se trouve dans l’ère des bicentenaires du premier Empire. On prévoit des reconstitutions jusqu’en 1815, euh, 2015… Napoléon est d’actualité. Et vous faites aussi les reconstitutions des défaites, genre Waterloo ? Bien sûr. On a refait Leipzig, on a dormi sur la paille par -15°. Heureusement que nos ennemis russes avaient apporté de la vodka. Des experts en ADN ont découvert ce qui avait permis au typhus de tuer les grognards, quand ils sont allés à pied jusqu’en Russie : c’était les poux présents dans votre habit, beurk. Les grognards d’aujourd’hui ont-ils des poux ? On essaie de faire gaffe à l’hygiène, mais quand on est en bivouac pendant plusieurs jours, on ne se lave pas. Vous lui donnez un petit surnom, à Napoléon ? Oui, c’est « le Patron ». Si on en croit les psys, « celui qui est obsédé par Napoléon, il est névrosé, mais celui qui se déguise en Napoléon, il est psychotique ». Ils disent ça les médecins ? On se déconnecte de la réalité le temps d’un bivouac. C’est une forme d’évasion, et pour certains d’entre nous une obsession. Nous sommes de grands enfants qui jouent à la guerre, c’est ça être psychotique ? Au moins un peu déséquilibré. On raconte que Napoléon chouinait comme une fillette, quand il a fait ses adieux à ses soldats dans la cour du château de Fontainebleau, en 1814. Attention, vous parlez du Patron, là. Les témoignages de l’époque relatent que Napoléon avait la gorge serrée, que c’était très émouvant. En 2004, on a fait une commémoration aux Invalides, où repose son tombeau. Quand Oleg Sokolov, un historien russe qui présidait la cérémonie, a prononcé un tonitruant « Vive l’Empereur », on a tous pleuré. À vous contempler, je me pose des questions essentielles. Combien ça coûte un costume de grognard ? C’est un gros investissement. J’ai fait refaire une partie de mon uniforme : la culotte, le gilet et le manteau, j’en ai eu pour 800 euros. Pour un bonnet d’oursin, il faut compter 500 euros. On peut aussi trouver des costumes de théâtre sur Ebay. Pour un grognard débutant, c’est pas mal.  Le costume de grognard, ça fait fantasmer les femmes ?  Je ne suis pas marié, mais c’est vrai que je me sens attirant dans mon uniforme. Pourriez-vous être le serviteur de Sarkozy si la France était attaquée ? Après tout, Sarko c’est le Napoléon de 2008, nan ? Je défendrais mon pays, mais Sarkozy ne sera jamais un chef militaire. C’est pas un Napoléon, ni un de Gaulle.

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INTERVIEW : LAUREEN LANGENDORFF

Portrait d’une jeune fille portant un T-shirt burger GTA IV GTA REVIENT—Et c’est toujours aussi bien Il y a six ans, on lançait le premier numéro de Vice en Europe. Sur la couv’, un miroir et une longue traînée de coke en relief, soulignée par le sous-titre « Vice City ». On n’a pas fait ça par provoc’—c’est pas le genre de la maison—mais parce que Rockstar Games sortait GTA Vice City au même moment et qu’à l’époque où le magazine a été lancé sur le vieux continent, ils nous ont vraiment aidés à nous mettre en place. D’habitude on ne fait pas ce genre de promo en couverture, ça vaut mieux pour nous d’ailleurs, mais on a tellement aimé Grand Theft Auto qu’on ne peut même pas dire que c’était une décision purement commerciale. Franchement, on était tous d’accord pour dire que GTA était bien plus marrant et intelligent que 99 % de ce qu’Hollywood, et la télé en général, nous crachaient tous les jours à la gueule.

Le truc incroyable, c’est qu’on le pense encore aujourd’hui. Incroyable parce qu’a priori tout ce qui a un peu de succès connaît un destin tragique. À la longue, ça devient merdique. Il n’y a qu’à voir ce qu’ils ont fait à Star Wars, ou mieux, à la pauvre Lara Croft. Tomb Raider était un jeu qui partait de très bas et qui n’a fait que s’enfoncer sequel après sequel. Ils ne l’ont pas épargnée la pauvre Lara. Elle a même entraîné Angelina Jolie dans sa chute. À se demander pourquoi et comment les joueurs continuent de s’intéresser à son 90D. Quoique la réponse est peut-être contenue dans la question. En attendant, jamais un héros de GTA n’a eu besoin de recourir à ce genre d’artifice prosthétique pour avoir un peu de sex appeal. Et si GTA III partait de beaucoup plus haut que Tomb Raider, « Vice City » et « San Andreas » n’en étaient que des upgrade classieux. D’ailleurs, ils n’avaient pas de numéro. Si le nouveau GTA en a un, ce n’est pas pour rien. On a enfin un nouveau jeu dans les mains. Nouveau : non. Mais atteignant de nouvelles dimensions : oui ! Et enfin on n’est pas déçus quand on compare les artworks mortels et le jeu auquel on est en train de jouer. S’il n’y avait que ça à noter. GTA IV reprend tous les ingrédients géniaux qui en ont fait l’icône qu’il est aujourd’hui, et l’emmène enfin ailleurs. En plus, Rockstar vient de refuser de vendre la licence de son jeu pour en faire une adaptation ciné avec Eminem ! Eminem… On vous laisse imaginer le film. À la place, ils ont préféré appeler Karl Lagerfeld pour faire le DJ qui accompagnera vos mass murders et mettre en place une nouvelle méthode pour buter les flics au lance-roquette en se planquant derrière une voiture, ambiance Gears of War de la rue. Bref, GTA était un truc presque important en 2001, et aujourd’hui c’est enfin le cas.

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La rédaction de VICE.

Eye See You 2006 (détail) par Olafur Eliasson et Kjetil Thorsen, extrait du catalogue Serpentine Gallery Pavilion 2007. Nanotechnologies: le prochain truc flippant Les nanotechnologies permettront bientôt de créer des robots de la taille d’une mini molécule, capables du meilleur comme du pire. Ok, ça sonne un peu théorie du complot de film SF à la con mais d’ici 20 ans, ces trucs provoqueront une nouvelle révolution industrielle qui changera le monde. D’après Mike Treder, qui travaille au Centre for Responsible Nanotechnology, si on ne fait pas gaffe, ça pourrait partir en couille et détruire l’humanité. Vice : Expliquez-nous, c’est quoi la nanotechnologie ? Mike : C’est l’élaboration d’appareils à la plus petite échelle de la nature, celle de l’atome et de la molécule. On construit des machines microscopiques qui pourront fabriquer n’importe quel produit rapidement, à peu de frais, en grandes quantités et avec de nouvelles capacités très puissantes. C’est dur d’imaginer une machine si petite qu’on ne la voit pas au microscope, parce que ses dimensions sont plus réduites qu’une onde lumineuse visible. Mais ça existe. Ce sera la taille des nanorobots ! Et qu’est-ce qu’ils feront, ces nanorobots ? Tout ce que tu peux imaginer. Ils pourront soigner les blessures, débloquer les artères, détruire les cellules cancéreuses… Si je comprends bien, ça va changer le monde. Oui. Si ça arrive d’ici 10, 15 ans, et c’est probable, ça pourrait avoir le même impact que la première Révolution industrielle, sauf que les progrès ne s’étaleront que sur quelques années. Ça pourrait très vite poser problème. C’est dangereux ? Très. Les deux principaux dangers, ce sont les troubles économiques qui entraîneraient le chaos social, et la possibilité d’une course à l’armement, qui se finirait en guerre mondiale ou en dictature. Et puis, si on ne contrôle pas non plus la production, ça pourrait être dangereux pour l’environnement. C’est hyper flippant. Tu peux nous en dire plus ? La nanotechnologie va réduire le temps entre la conception et la commercialisation des produits. On pourra les construire en quelques minutes pour vraiment pas cher, puis ils seront testés et améliorés en quelques jours, voire en quelques heures. Quand la nanotechnologie sera disponible à l’échelle individuelle, on pourrait voir disparaître tous les intermédiaires—l’activité dans les mines, le raffinage, la fabrication, le transport, le stockage et la vente, sans parler des sous-traitants en relation avec eux. Des millions d’emplois pourraient disparaître en une nuit. Les pays ayant accès à la nanotechnologie s’en serviront sûrement pour créer des armes plus efficaces. Et ça pourrait très vite dégénérer. On n’aurait aucun moyen de connaître les armes de son adversaire. Ni de ses alliés, d’ailleurs. Certains pays pourraient être tentés par la politique de la première frappe, et entraîner une guerre dévastatrice, dont un seul sortirait vainqueur. Le seul moyen d’empêcher ça serait une sorte de dictature mondiale, où tout le monde serait surveillé. Est-ce que cette technologie va « changer le cours de l’histoire », comme disait ma grand-mère ? Elle peut produire des avancées miraculeuses : la fin de la pauvreté, de la faim dans le monde et des maladies. Une fois qu’elle sera démocratisée, tout ira très vite. En moins d’un an, on pourrait passer de la première nanomanufacture à une avalanche de produits ultra efficaces et sophistiqués. Ça pourrait être très positif. Mais malheureusement, comme je l’ai déjà dit, il y a des risques énormes. Trop bien. Mais peut-être qu’on mourra du réchauffement climatique avant ? En fait, le travail sur les molécules pourrait nous permettre d’éviter les pires conséquences du réchauffement. On pourrait fabriquer des millions de capteurs pour contrôler le changement climatique, des panneaux solaires pour pallier le manque de pétrole ou des robots volants qui absorberaient l’excès de dioxyde de carbone. Les possibilités sont infinies. Donc, en gros, quoi qu’il arrive, la nanotechnologie va décider du sort de l’humanité. Oui, en gros.

INTERVIEW : BRUNO BAYLEY