Les aspirations perdues du capitalisme

Durant les années 1980 et 1990, des dizaines de centres commerciaux ont été construits à Belgrade, la capitale serbe. Symboles du capitalisme et d'un nouveau mode de consommation dans cette ancienne ville communiste, ils sont apparus du jour au lendemain et semblent avoir été désertés par les clients aussi rapidement. Aujourd'hui, ils sentent la moisissure et ne sont plus entretenus. Les gens qui venaient jadis ici achètent désormais en ligne ou vont désormais dans des centres commerciaux plus grands, plus spacieux et plus récents où seules les chaînes de magasins et les riches magnats locaux peuvent prétendre louer un local.

Je suis allé visiter ces magasins pour voir l'état dans lequel ils se trouvaient. L'un de ces centres commerciaux porte le nom de « Staklenac » (« maison de verre » en serbe), une horrible construction en verre construite il y a 27 ans. Construite à l'image du Crystal Palace de Londres, on peut dire que la ressemblance n'est pas frappante. Aujourd'hui, seuls quelques magasins y sont toujours ouverts – quelques fast-foods et kiosques à journaux, un cybercafé et un centre de yoga. Certains jours, il n'y a aucun client.

Cumic, un petit centre commercial du cœur de Belgrade, est une exception. Si la plupart des magasins qu'on y trouve sont dans un état aussi déplorable que dans n'importe quel autre centre commercial du même genre, un collectif de 20 designers serbes loue une aile du bâtiment pour y vendre leurs œuvres. Néanmoins, un des artistes m'a confié que, bien qu'ils disposent maintenant d'une boutique au coeur de Belgrade, les ventes se faisaient toujours majoritairement en ligne.