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Art de vivre

La consommation de cannabis associée à une vie sexuelle plus active

Est-ce que le pot est magique ou est-ce que d’autres facteurs expliquent des ébats sexuels plus fréquents?

Une étude dirigée par Andrew J. Sun et Michael L. Eisenberg du département d’urologie de l’Université Stanford révèle que les consommateurs américains de pot ont des relations sexuelles plus fréquentes que les autres. Motivés par la hausse de consommation de la marijuana aux États-Unis et l’absence de données très claires sur les effets de cette drogue sur les fonctions sexuelles, les chercheurs ont sondé un échantillon de 28 176 femmes et 22 943 hommes. Les résultats ont été publiés dans le numéro de novembre 2017 du Journal of Sexual Medicine.

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Plus d’enthousiasme à jouer avec un joint dans une main et un dildo dans l’autre

Les participants, âgés entre 25 à 45 ans, avaient été choisis sur les bases de données préexistantes, récoltées lors de sondages s’échelonnant de 2002 à 2015. Les chercheurs ont analysé la fréquence de la consommation de marijuana des participants au cours de la dernière année et celles de leurs relations sexuelles avec une personne de sexe opposé dans les quatre dernières semaines.

Leurs réponses ont montré que les personnes fumant du pot régulièrement avaient environ 20 % plus de relations sexuelles hétérosexuelles. L'auteur et urologue Michael L. Eisenberg estime que, si les conclusions de l’étude associent le cannabis à une plus grande fréquence d’ébats, sans affecter les fonctions sexuelles, il ne faut pas les interpréter comme une formule magique pour exaucer nos souhaits d’être en position du missionnaire trois fois par jour.

Une question de personnalité

L’étude ne suggère pas que, dès qu’on se passe un joint entre les lèvres, un partenaire va arriver sur un cheval blanc pour baiser ou que le pot est la cause d’une vie sexuelle plus réjouissante que celle de ses voisins qui ne boivent que de la tisane à la camomille. Elle ne signifie pas non plus qu’une personne désirant plus d’activités sexuelles devrait consommer plus. Elle montre simplement une association entre la fréquence de relations sexuelles et la fréquence de consommation de pot. Par contre, les gens se roulant plus souvent un joint ont peut-être tendance à se retrouver plus facilement dans des situations ou dans des environnements qui invitent à la pénétration. Ou qu’ils ont une personnalité qui les rend plus enthousiastes à la fois aux condoms et aux petites culottes à motif de feuilles de pot. « Les personnes qui consomment de la marijuana, ou qui se montrent ouvertes à le faire, auraient tendance à avoir moins d’inhibitions en général que ceux qui ne le sont pas », peut-on lire dans l’étude. Melinda* est une escorte montréalaise dont quelques clients sont des utilisateurs de drogue. Quand elle se retrouve avec un client qui fume du pot et qui l’invite à fumer aussi, elle accepte. Pour elle, le pot détend et elle trouve que ça a le même effet bénéfique sur les clients, qui lui semblent alors plus doux, intéressés par les plaisirs qu’elle offre et non par d’autres envies plus exigeantes qu’elle refuserait. « Si j’entre chez un client et que ça sent le pot, je trouve ça cool. C’est comme une odeur réconfortante pour moi. Ça ne m’excite pas, mais ça me rend plus à l’aise. Je ne juge pas la consommation des gens, mais je peux comparer avec ceux qui prennent de la coke. La coke rend les rapports parfois impossibles. Le nombre d’heures que je peux passer juste à regarder un client sniffer devant des films pornos de chambre d’hôtel… »

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D’autres cobayes demandés pour des études scientifiques futures

Pour Caroline*, une amie de longue date qui a expérimenté plusieurs drogues, le pot n’avait jamais été lié à un nombre supérieur de relations sexuelles. « Mon ex ne réussissait pas à jouir quand il consommait. Il pouvait me baiser pendant une heure sans éjaculer. Ce n’est pas aussi le fun que ça peut avoir l’air. Et moi, quand je fumais, c’était pour être dans un état de calme, de vide. Je pouvais rester dans un bain froid trop longtemps ou fixer un mur. » Quand un cancer du sein lui a été diagnostiqué, elle a cessé toute consommation pour, finalement, recommencer graduellement à fumer du pot. Elle a alors constaté qu’elle avait plus d’activités sexuelles quand elle fumait, estimant que la douleur et le stress diminuaient et qu’elle pouvait ainsi plus s’ouvrir à ses désirs sexuels.

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Si Caroline constatait des effets positifs très rapprochés du moment où elle fumait, Joseph Palamar, un professeur en santé publique de l’Université de New York, précise qu’il faudrait une utilisation du cannabis juste avant ou simultanément à une activité sexuelle pour en connaître les véritables conséquences sur la sexualité. Les doses devraient aussi être définies pour savoir quelle quantité de drogue permet de baiser comme un petit lapin plutôt que d’avoir simplement un vagin sec, un pénis mou ou des yeux fixés uniquement sur des sacs de croustilles au ketchup. *Les noms des personnes interviewées ont été modifiés pour préserver leur anonymat.

Mélodie Nelson est sur Twitter.