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Un remède anti-flatulence pour les vaches mis au point par des scientifiques

Ce composé, le 3NOP, doit permettre de réduire la production de méthane des bovins. Le méthane est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans.
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De la même manière que certaines personnes se tournent vers des régimes spéciaux pour mettre fin à leurs flatulences chroniques, des scientifiques essayent de trouver un remède pour les vaches qui rotent et qui pètent.

Mais l'enjeu est bien plus grand pour les vaches que pour les humains. En effet, les vaches et autres ruminants émettent du méthane quand leur système digestif traite l'herbe et autres aliments consommés. Ainsi, si vous ajoutez toutes les vaches que l'on trouve aux États-Unis, et puis celles d'Inde et de Chine, vous avez là un contributeur significatif au réchauffement climatique.

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Si le méthane se décompose plus rapidement que le dioxyde de carbone, il est plus efficace pour capturer la chaleur dans l'atmosphère que le CO2. Cela signifie que, d'après l'Agence américaine de protection de l'Environnement (EPA), le méthane est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans.

D'où l'intérêt de trouver un remède pour les vaches.

Une étude publiée ce mois-ci dans le journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences repose sur plusieurs tests qui montrent qu'un composé appelé le 3-nitrooxypropanol (3NOP) réduit la production de méthane chez les vaches — et ce, sans leur faire de mal. Si des scientifiques s'étaient déjà penchés sur le 3NOP, la nouvelle étude s'attache à comprendre précisément comment le 3NOP touche la vache. Les auteurs de l'étude se sont rendu compte que la substance attaque les micro-organismes qui produisent du méthane, et pas les bactéries qui participent à la digestion.

Les chercheurs ont trouvé que le 3NOP réduisait les émissions de méthane chez des vaches à hauteur de 30 pour cent, sans risques pour la santé ou la productivité des animaux, a indiqué dans un communiqué, David Yáñez-Ruiz, un des chercheurs.

« Voilà l'outil le plus prometteur en matière de réduction d'émission de méthane, » s'est réjoui le chercheur rattaché au Conseil national de la Recherche espagnol.

Evert Duin, professeur associé en biochimie à l'université d'Auburn (Alabama, États-Unis) et co-auteur de l'étude, a estimé que la prochaine étape est de s'assurer de l'homologation du produit par les autorités, afin qu'il soit utilisé aux États-Unis et partout ailleurs. En plus du feu vert des autorités, il faudra aussi convaincre les éleveurs de l'utiliser, a précisé Duin.

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Alexander Hristov, professeur en nutrition laitière à l'université de Penn State (Pennsylvanie, États-Unis), a dit qu'il ne savait pas encore combien pourrait coûter le composé, mais qu'il fallait convaincre les éleveurs et fermiers que ça les vaut. Jusqu'ici, il n'y a pas de raison de penser que le 3NOP affecte la production de la vache — et donc par extension, le bilan comptable des éleveurs.

Hristov avait déjà réalisé une étude, dans laquelle il montrait que les émissions de méthane réduisaient de près d'un tiers, quand un gramme de composé était ajouté à la nourriture de l'animal. La production de lait, la prise de nourriture, et la digestion sont restées normales chez les 48 vaches testées pendant 12 semaines. Les vaches ont même gagné du poids au cours du test.

En Inde, des scientifiques étudient une race de vache miniature qui produit un septième de la quantité de fumier d'une vache normale et un dixième du méthane émis par un bovin classique, d'après le New York Times. Une étude danoise fait actuellement des tests pour savoir si l'origan peut réduire les rots de vaches, rapporte NPR.

Hristov explique que les chercheurs de Penn State essayent désormais de savoir si le composé peut améliorer la santé de l'animal ou peut amener une vache à produire plus de lait. Mais même sans cela, le 3NOP est le seul composé capable de réduire sensiblement les émissions de méthane.

« Si c'est appliqué dans le monde entier — et c'est largement faisable — alors vous pouvez réduire les émissions de méthane dans le secteur du bétail, » assure Hristov.

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Réussir à réduire les émissions de méthane dans les secteurs agricoles de certains pays comme l'Inde et la Chine, est un objectif crucial. Puisque la population de ces pays augmente — comme leur classe moyenne — la quantité de protéines à base de viande qu'ils consomment, progresse aussi.

En Inde, on compte 190 millions de vaches, d'après le Central Institute for Research on Cattle. Aux États-Unis, il y en a 90 millions selon les chiffres du ministère de l'Agriculture. Le processus digestif des vaches est responsable d'un quart des émissions de méthane aux États-Unis.

Roni Neff, directrice du programme de Santé Publique au Centre John Hopkins pour un Futur Vivable, assure que le monde va franchir la limite des 2 degrés supplémentaires par rapport aux niveaux pré-industriels — et les émissions agricoles sont en partie responsables.

Si l'industrie bovine s'intéresse aux composés qui permettent de rendre plus efficace la production de lait et de viande, l'utilisation du 3NOP va surtout dépendre des coûts et de son efficacité perçue, indique Neff.

Mais il y a d'autres moyens de faire réduire ces émissions, assure Neff, comme réduire la consommation de viande dans les pays développés, mettre au point de nouvelles stratégies pour bloquer les émissions de méthane chez les vaches, et aussi mieux suivre les émissions de gaz à effet de serre qui émanent de la production de nourriture comme le boeuf : « Nous devons nous lancer sur tous les fronts en même temps. »


Suivez Ciara O'Rourke sur Twitter : @ciaraorourke

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Cet article est d'abord paru sur la version anglophone de VICE News