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Crime

Le « Kazakhgate » menace Nicolas Sarkozy

Des proches collaborateurs de l’ex-président français sont cités dans une affaire de vente d’hélicoptères qui mêle pots-de-vin et pressions sur le Sénat belge.
Image via Flickr

Selon des informations du journal Le Monde, la justice française enquête depuis le printemps 2012 sur une affaire de blanchiment et de corruption dans le cadre d'une vente de 45 hélicoptères au Kazakhstan sous le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy en 2010.

Ces contrats pour un montant total estimé de deux milliards d'euros pourraient avoir été passés avec le gouvernement kazakh, avec en retour une intervention de la présidence de la République française dans le milieu parlementaire belge pour que les poursuites contre trois hommes d'affaires kazakhs vivant en belgique soient abandonnées.

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La transaction pourrait ensuite avoir donné lieu à des pots de vin versés notamment à l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, l'ex-préfet Jean-François Etienne des Rosaies.

Ce sont les versements de fonds suspects de l'avocate de Jean-François Etienne des Rosaies à son client qui ont alerté la justice. L'argent de pots-de-vin pourrait avoir transité par cette avocate.

VICE News a contacté Jean-Vincent Brisset, général de brigade aérienne et directeur de recherche à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques): « Les rétrocommissions, ce sont des procédés qui ont été beaucoup pratiqués de manière légale dans le passé. C'est un mécanisme classique qui existe dans tous les grands marchés. » Une rétrocommission c'est une transaction financière illégale lors de laquelle un acheteur, un vendeur et un intermédiaire se mettent d'accord sur un gonflement du montant des commissions. Le surplus alimente ensuite un système de pots-de-vin. « Rétrocommissions », le mot a été popularisé par une autre affaire dans laquelle le nom de Nicolas Sarkozy est souvent revenu, celle de « l'affaire Karachi », qui désigne un système qui aurait financé illégalement la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Édouard Balladur en 1995.

Quant aux circonstances de la visite d'État de Nicolas Sarkozy au Kazakhstan en 2009, un voyage pendant lequel le contrat aurait été évoqué selon Le Monde, Jean-Vincent Brisset explique : « Lorsqu'il est à l'étranger, le président essaie de vendre la France. Tous les présidents le font. »

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Concernant le volet belge de l'affaire, VICE News a interrogé Olivier Maingain (Président des Fédéralistes démocrates francophones), député au parlement de Belgique : « Le seul témoignage que l'on a, c'est le sénateur belge Armand De Decker qui dit avoir rencontré Jean-François Etienne des Rosaies dans une cité balnéaire belge […] C'est à la suite d'un article du Canard Enchaîné à ce sujet que j'ai demandé une commission d'enquête parlementaire le 18 octobre 2012. La commission n'a à l'époque pas été instituée par manque de soutien. Mais l'affaire faisant une nouvelle apparition en France, cela suscitera sûrement en Belgique de prochaines interrogations. » L'article du Canard Enchaîné dont parle Olivier Maingain, daté du 3 octobre 2012, présentait Jean-François Etienne de Rosaies comme un intermédiaire entre la présidence de la République française et Armand De Decker, vice-président du Sénat belge qui pourrait avoir accéléré le vote d'une loi en faveur des trois hommes d'affaires kazakhs.

Claude Guéant, à l'époque secrétaire général de l'Elysée a déclaré jeudi matin sur France Info que « Ni Nicolas Sarkozy […] ni personne à l'Elysée n'a participé à la négociation des contrats commerciaux […] Ce que je remarque c'est que dès le lendemain de l'annonce sur France 2 de la candidature de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, on a assisté à un déferlement de violations du secret de l'instruction. »

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À la mi-septembre l'ancien président de la République - battu lors de la précédente élection par l'actuel président François Hollande - a annoncé son retour en politique en se portant candidat à la présidence de son parti, avec en tête celle de la France en 2017. Son nom apparaît en effet dans une dizaine d'affaires en cours comme celle dite de « Karachi »,sur fond de contrats d'armement passés avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan en 1994 et d'attentat suicide qui avait tué onze français et de trois pakistanais en 2002.

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Suivez Etienne Rouillon sur Twitter : @rouillonetienne

Virgile Dall'Armellina a participé à la rédaction de cet article. 

Image via Flickr.