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Les réfugiés qui ont sauvé la vie d'Edward Snowden

Nous savons enfin où s'est caché Snowden à l'époque où il était l'homme le plus recherché du monde.

En juin 2013, le monde entier se demandait où était passé Edward Snowden. C'était peu après ses révélations sur le programme de surveillance globale de la NSA - et un peu avant ses nombreuses demandes d'asile qui le firent finalement atterrir en Russie, où il vit toujours aujourd'hui. Évidemment, personne ne souhaitant autant savoir où il s'était réfugié que les États-Unis.

Aujourd'hui, nous savons enfin, grâce au quotidien canadien National Post et à Handelblatts, comment Snowden a réussi à disparaître dans la nature en dépit du fait que sa tête apparaissait à l'époque en couverture de presque tous les journaux. "Les Américains voulaient récupérer ses données, et ils voulaient le faire taire", raconte son avocat au National Post quand il évoque la manière dont il a caché l'homme le plus recherché du monde.

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"À ce moment-là, j'ai décidé de le cacher parmi les personnes les plus marginalisées du monde : les demandeurs d'asile", raconte Robert Tibbo. C'est ainsi que l'avocat a convié Ayith, un demandeur d'asile du Sri Lanka, à un meeting des Nations Unies pour qu'il fasse la connaissance de son nouvel invité.

"Je l'ai aidé parce que c'était un réfugié, comme moi."

S'il ne connaissant pas personnellement Snowden, Ayith savait dès le départ à qui il avait affaire - il avait vu son visage des centaines de fois. À l'époque, il passait en boucle à la télévision. Mais la situation dans laquelle se trouvait Snowden lui rappelait le sort des migrants : "je l'ai aidé parce que c'était un réfugié, comme moi", raconte-t-il.

Peu de temps après la fameuse interview donnée depuis un hôtel cinq étoiles qui devait changer le monde, Snowden se retrouvait soudainement là où personne n'irait le chercher - dans l'une des zones les plus peuplées du monde, à savoir le district de Kowloon, à Hong Kong.

Snowden a été transporté vers sa nouvelle "maison" de nuit, vêtu de noir, lunettes de soleil sur le nez et escorté par ses deux avocats dans une voiture blindée. Madera et Supun, deux autres réfugiés, lui ont laissé leur chambre et ont dormi dans le couloir.

Robert Tibbo, l'avocat de Snowden, n'avait pas d'autre choix que de s'en remettre à ces protecteurs improbables : "J'ai du le faire disparaître le plus vite possible ; je suis donc arrivé à la conclusion que la meilleure chose à faire était de le cacher parmi ceux dont le gouvernement ne se soucie jamais."

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Près de 12.000 demandeurs d'asile vivent à Hong Kong. Privés de nombreux droits, ils vivent souvent pendant des années dans des espaces minuscules - et dans l'inégalité - en attendant qu'une décision soit prise concernant leur statut. Ceux qui tentent de travailler enfreignent la loi, et risquent deux ans de prison.

Three years ago, these brave families protected me in Hong Kong's underground. They are still waiting for asylum. https://t.co/Z8Irjg8hM4
— Edward Snowden (@Snowden) 7. September 2016

"Ils ont eu des centaines d'occasion de me dénoncer, et vu leur situation, je n'aurais même pas pu leur en vouloir, explique Snowden dans une interview au National Post. Les enfants étaient surpris de voir comment j'ai piraté le Wi-Fi du voisin grâce à une antenne spéciale, pour pouvoir communiquer avec les journalistes sans me faire griller par la police."

À chaque fois qu'il entendait une sirène, Snowden sursautait - même s'il savait que ce n'était pas pour lui.

En l'espace de deux semaines, Snowden s'est caché au sein de trois familles différentes. "Nous voudrions qu'il sache que nous ne l'avons pas oublié, et que nous pensons souvent à lui", dit Nadeeka dans une vidéo. Snowden est lui très reconnaissant envers ces personnes : "elles m'ont appris que, qui que tu sois, où que tu sois, il suffit parfois d'un peu de courage pour changer le cours de l'histoire."