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sécurité

Chasseurs français : "Nous serons un peu les RG des campagnes"

Oui, ça fait très très peur.
REUTERS/Charles Platiau

Vous avez aimé les « Voisins vigilants », ces citoyens chargés par la Police de dénoncer tout comportement suspect dans leurs quartiers ? Vous allez adorer sa déclinaison rurale. Des « Chasseurs vigilants » qui, eux, seront armés. D'ici la fin janvier, quelque 200 chasseurs de l'Oise auront donc pour mission de signaler aux gendarmes des faits de braconnage, des dépôts d’ordures sauvages, des voitures abandonnées ou des camions «suspects » présents à des heures « suspectes ». Reste à savoir ce qu'est un camion suspect ou une heure suspecte.

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« Nous serons un peu les RG [NDLR, renseignements généraux] des campagnes », s’enflamme doucement Guy Harlé d'Ophove, président de la Fédération des chasseurs de l’Oise dans Le Parisien. De son côté, la préfecture de l’Oise calme les ardeurs du patron des chasseurs en évoquant une simple « co-production de sécurité au sein des territoires de plaines et de massifs forestiers » – des zones effectivement peu couvertes par les gendarmes et bien connues des chasseurs.

En réalité, ces chasseurs vont surtout servir de paires d’yeux supplémentaires aux gendarmes et ne sont pas autorisés à intervenir – sauf s’il s’agit de porter secours, comme tout citoyen lambda donc. En appelant le 17, les chasseurs seront mis en relation avec un interlocuteur dédié auquel ils pourront fournir des renseignements. « Leur numéro sera identifié par l’opérateur et nous saurons que la source est fiable », explique au Courrier Picard, le capitaine Lecacheur, officier adjoint en charge de l’initiative. Pourquoi un chasseur serait une source plus fiable qu'un promeneur vigilant ? Bonne question – peut-être parce que le chasseur a de bons yeux ?

Logo du programme des « Chasseurs vigilants » via la Fédération des chasseurs de l'Oise.

Pour devenir « chasseur vigilant », rien de plus simple : il suffit de remplir une succincte fiche d’information. Seule condition : ne pas avoir de casier judiciaire. Nous voilà rassurés. La fédération de chasse effectue un premier écrémage des candidatures, puis il revient aux gendarmes de choisir les recrues, qui suivront une rapide formation. Environ 400 personnes ont déjà postulé, et près de 200 chasseurs seront habilités à quadriller les forêts de l’Oise d’ici la fin du mois de janvier. Premier fait d’armes de cette brigade de chasseurs vigilants : la découverte ce dimanche matin de pièces d’une voiture volée et de documents d’identité retrouvés en lisière de forêt à Pontpoint.

Certains s’inquiètent de l'arrivée de ces nouveaux gardiens des bois. C’est le cas de la fédération de l’Oise de la Ligue des droits de l’Homme, qui doute de la « vigilance » des chasseurs et rappelle que 143 accidents de chasse ont eu lieu en 2016-2017, qui ont causé 18 morts. Des chiffres d'autant plus inquiétants que les chasseurs de l'Oise ne sont apparemment pas fans du respect des règles et ont parfois la gâchette qui les démange. Fin décembre, plusieurs d'entre eux ont voulu abattre un cerf dans une propriété privée. Ce qui est interdit. Le maire de la ville de Bonneuil-en-Valois a même dû intervenir pour les faire déguerpir.

Mais pas d'inquiétude, assure le responsable des gendarmes de l’Oise, qui promet que les chasseurs choisis ne seront pas des « cow-boys ». De son côté, Guy Harlé d’Ophove, le président de la Fédération des chasseurs du département, promet qu'ils feront preuve d’un «sang-froid sans faille » et s’engage à ce qu'aucun d'entre eux n’amène de délinquant «pieds et poings liés à la gendarmerie ». Et ce, malgré l’existence « d’éco-terroristes ». Rassurant.