La campagne sanglante de Boko Haram atteint le Cameroun

Lundi, le Cameroun a été une nouvelle fois été attaqué par les troupes de Boko Haram dans la région de Kolofata, au Nord du pays. Les jihadistes ont attaqué un camp militaire camerounais. Le bilan de ces attaques fait état de 143 morts du côté de Boko Haram, et d'un soldat camerounais.

Malgré cette victoire, l'armée du Cameroun réclame davantage d'aide de la part de la communauté internationale rapporte RFI. De son côté, l'armée nigériane a été critiquée pour sa passivité envers Boko Haram et ses propres manquements au respect de droits de l'homme.

John Campell, ancien ambassadeur américain au Nigéria et joint par VICE News, plaint les résidents du nord-est nigérian qui « font face à une double menace », précisant que les civils « se sentent oppressés par les abus de l'armée régulière d'un côté et par Boko Haram de l'autre. »

L'attaque contre les forces militaires du Cameroun a eu lieu dans un contexte de raids meurtriers de la part de Boko Haram, on sait peu de choses pour le moment sur ces attaques, des images satellites publiées par Amnesty International pourraient permettre de se faire une idée plus précise de l'étendue du massacre.

Le groupe Boko Haram utiliserait désormais des enfants dans ses attaques kamikazes. Une fillette âgée d'une dizaine d'années aurait été utilisée pour commettre une attaque suicide dans un marché bondé du Nigéria.

Samedi 10 janvier, des témoins ont dit avoir vu l'enfant marcher avec des explosifs attachés sur elle, avant qu'une large explosion ne fasse 19 victimes et de multiples blessés dans la ville de Maiduguri.

« Elle a été fouillée au marché et le détecteur de métaux a indiqué qu'elle portait quelque chose sur elle, » a déclaré à l'AFP un homme habitant du coin, Ashiru Mustapha. « Mais malheureusement, l'explosion a eu lieu avant que la fillette n'ait pu être isolée. Je doute fort que l'enfant savait qu'elle portait une bombe, » a ajouté Ashiru Mustapha.

L'attentat s'est produit dans le Nord-Est du Nigéria, une région où le groupe terroriste Boko Haram vient de commettre un massacre de grande envergure au cours des 10 derniers jours — faisant potentiellement jusqu'à 2 000 victimes dans la ville de Baga.

Musa Alhaji Bukar, un officiel local, a décrit la ce carnage à la BBC. Des corps inanimés jonchaient les rues de Baga après le passage éclair des troupes du groupe islamiste mercredi 7 janvier. Le raid sur la ville a fait suite à la prise par Boko Haram d'une base militaire  située à Baga. La base constituait un symbole : il s'agissait du dernier bastion encore sous contrôle gouvernemental dans l'état de Borno, au nord du pays, dépassé par l'insurrection islamiste.

Alors que les habitants de Baga fuyaient la ville, certains ont confié à Musa Alhaji Bukar que la ville avait été « rayée de la carte » et que ceux qui avaient pu s'échapper n'ont même pas eu le temps d'enterrer leurs morts.

Depuis des mois Boko Haram procéderait à une destruction méthodique des infrastructures de communication dans la région — avec pour but final celui de couper cette base militaire du reste du pays.

Courant novembre, Mausi Segun, un journaliste basé au Nigéria pour l'ONG Human Rights Watch, avait confié à VICE News que plusieurs rumeurs évoquaient le saccage des infrastructures téléphoniques dans la région de Baga. En cas d'attaque, la base militaire ne pourrait donc pas lancer l'alerte pour appeler des renforts.

Après l'attaque de Baga, 3 400 personnes ont fui en l'espace d'une journée.

Les Nigérians qui ont réussi à échapper à Boko Haram ne font pas seulement face à des difficultés de relogement. Ils doivent aussi se reconstruire après avoir perdu de nombreux membres de leurs familles dans ces multiples massacres.

Interrogé par le Wall Street Journal, Bulama Maka confie qu'il a perdu ses 5 enfants pendant la fuite de Baga. Il dit que deux de ses enfants se sont noyés dans le lac Tchad alors qu'ils tentaient de fuir le Nigéria. Trois autres ont été tués par balle quelques jours plus tard.

Les Nations Unies estiment que le conflit qui se joue au Nord-Est du Nigéria a poussé à l'exil 135 000 personnes — forçant près de 35 000 Nigérians à rejoindre le Cameroun, et 10 000 autres à fuir vers le Tchad. 850 000 personnes ont été déplacées dans les seuls états d'Adamawa, Borno et Yobe.

Boko Haram contrôle aujourd'hui une zone de 30 000 km2 dans le Nord du Nigéria, selon l'hebdomadaire américain TIME.

La secte a annoncé vouloir établir un califat dans le nord du Nigéria. Les méthodes de Boko Haram sont les suivantes : saccage et pillage des villes et villages, enlèvement d'enfants, de jeunes hommes et de jeunes femmes, attentats suicide.

Sally Hayden et Meredith Hoffman ont participé à la rédaction de cet article.

Retrouvez Sally Hayden sur Twitter @sallyhayd

Retrouvez Meredith Hoffman sur Twitter @merhoffman