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L'Australie-Occidentale a déclaré la guerre aux requins

Au cours de ces trois dernières années, on dénombre au moins 7 attaques mortelles de requins en Australie-Occidentale. Elles sont de plus en plus récurrentes, et de nombreuses personnes estiment que l’heure est venue d’agir.

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Au cours de ces trois dernières années, on dénombre au moins 7 attaques mortelles de requins en Australie-Occidentale. Elles sont devenues de plus en plus fréquentes au fil des années, et de nombreuses personnes estiment que l’heure est venue d’agir.

Qu'est-ce qui donne envie aux requins de dévorer inlassablement l'espèce la plus protégée au monde, à savoir les humains ? On pourrait penser que c'est notre goût qui les attire, ainsi que leur incapacité à nous différencier des phoques. Mais les dernières victimes en date étaient des surfeurs maigrichons sans une once de graisse. Est-ce une question de valeur nutritionnelle ? Non, parce que les humains sont à peu près aussi nutritifs que des poulets élevés en cage et bourrés d'hormones – on est donc loin de constituer un apport suffisant pour les requins en manque de vitamines.

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On peut cependant avancer que les requins nous attaquent par simple commodité, puisque nous ne sommes pas assez rapides pour nous enfuir à la nage et que nous sommes trop faibles pour les affronter. Actuellement, nous nous considérons comme une espèce dominante, mais ce statut se limite à la terre – ce qui veut dire que nous ne régnons que sur 30 % de la planète. Au cœur des océans, ces créatures magnifiques que sont les phoques et les dauphins se font dévorer jour après jour par les requins.

Les requins sont peut-être en train de remettre notre statut de prédateur en cause, mais inutile de s'inquiéter – le Premier ministre d'Australie-Occidentale, Colin Barnett, s'occupe de tout. Il a embauché une équipe de pêcheurs chargés de tirer sur tous les requins qu'ils croiseraient. Jusqu'ici, les contribuables ont financé plus de 15 millions d’euros de patrouilleurs et d’appâts. La semaine dernière, un requin a été abattu – un requin-tigre femelle qui s'est retrouvée hameçonnée pendant 12 heures avant qu'un pêcheur ne l'achève de quatre balles en pleine tête. Mais les requins sont encore loin devant, avec un score actuel de 7 contre 1.

Depuis, la situation s’est compliquée pour le Premier ministre : de nombreux défenseurs de l'environnement critiquent âprement ce massacre. Certains jugent même que ce serait un honneur de se faire dévorer par un requin, tandis que d'autres n'hésitent pas à plonger dans l'océan pour retirer les appâts des hameçons.

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La semaine dernière, de nombreux pêcheurs ont démissionné, en partie grâce aux fervents défenseurs des requins. Mais Barnett ne s'est pas découragé pour autant – il a envoyé ses propres fonctionnaires pour les remplacer.

Barnett bénéficie d’un incroyable soutien de la part de son gouvernement fédéral. Bien que des lois et des conventions internationales interdisent actuellement le massacre des espèces protégées, le ministre de l'environnement Greg Hunt a contourné l'interdiction de tuer certains requins en voie d’extinction. Selon lui, il relève de l'intérêt national de s'en débarrasser parce les gens ont désormais peur d'aller dans l'eau – ou, pour reprendre ses propres mots, de s'engager « dans des activités basées sur l'eau ». Il a sans doute peur que les touristes ne viennent plus chez lui pour dépenser des centaines de dollars australiens en chambres d’hôtel miteuses ou en milkshakes hors de prix – sérieux, vous vous faites arnaquer. Même à Sydney, c'est moins cher.

Pour en revenir aux requins, je m’avance peut-être un peu en parlant de guerre. Mais ce combat date de plusieurs siècles, et on est en passe de le gagner. Après tout, les humains parviennent à tuer entre 30 et 70 millions de requins chaque année, tandis que les requins se contentent de tuer quelques surfeurs par-ci par-là.

En Australie, les humains ont bien su consolider leur position au sommet de la chaîne alimentaire jusqu'ici. Depuis l'arrivée des Blancs dans le pays, nous sommes parvenus à éliminer 54 espèces animales dans le pays, dont 27 mammifères. Ça fait à peu près un tiers des espèces éliminées par la terre entière. Les bateaux de pêche commerciaux tuent de plus en plus d'espèces, tandis que les navires-usines les aspirent directement hors de leur habitat. De leur côté, les chalutiers pêchent à peu près tout ce qui se trouve sur leur chemin au lieu de se contenter des poissons destinés à finir dans notre assiette.

Nos déchets toxiques ont divisé l'espérance de vie des orques par deux, et les risques de cancer se sont accrus chez les mammifères marins. À cause de nos émissions de gaz, le climat des océans se réchauffe à une telle vitesse que la plupart des espèces n'ont pas le temps de s'y adapter.

Au final, les humains constituent le plus gros problème des requins – mais pas l'inverse. Les chiens domestiques parviennent à tuer autant d'humains que les requins. Des objets inanimés comme les toits, les murs et les échelles causent 1000 fois plus de morts chaque année. Les « activités basées sur l'eau » que Greg Hunt semble tant apprécier ont provoqué au moins 48 noyades, et ce rien que l'année dernière.

Vous avez à peu près 1 chance sur 292 525 de vous faire tuer par un requin.  Vous avez plus de chances de vous faire frapper par la foudre. Ce massacre est démesuré et vraiment, vraiment stupide.

Suivez Carly sur Twitter: @carlylearson