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LE NUMÉRO À FENDRE LE CŒUR

Video game killed the radio star

Je devrais m’estimer heureuse que les selectors de jeux de gratte aient attendu deux ans avant de mettre du Van Halen dans leurs jeux.

GUITAR HERO 4
Éditeur : Activision
Plates-formes : PS3, Xbox 360

Je devrais m’estimer heureuse que les selectors de jeux de gratte aient attendu deux ans avant de mettre du Van Halen dans leurs jeux. Ça m’a offert un rabe de deux années de vie sexuelle avec mon mec. Parce que maintenant que  est sorti et que « Hot for the Teacher » – d’après lui l’un des cinq plus grands morceaux de l’histoire – est le dernier morceau à débloquer du jeu, on peut dire sans grossir le trait que je dors seule depuis deux mois, et qu’à moins de me faire greffer cinq boutons et une tremolo bar, un pavé tactile pour placer les solos et de jouir en chantant « Purple Haze », mon mec n’est pas près de reposer ses doigts sur moi. J’avais déjà senti les prémices du mépris conjugal quand un pote lui avait prêté Guitar Hero 3 et qu’il avait passé quelques heures devant « One » de Metallica, comme un autiste rejouant en boucle le morceau avec toujours autant de larmes dans les yeux, ce que je n’ai jamais réussi à provoquer en le baisant, et ce bien que je sois, c’est notoire, un excellent coup. Il avait snobéRock Band sous prétexte que c’était trop facile, trop orienté multijoueurs et qu’en bon sociopathe, il n’aime pas les jeux communautaires. Ça ne l’avait pas empêché de passer quelques nuits sur le chapitre du jeu dédié à ACDC, mais ça m’avait au moins laissé espérer qu’il passe à côté de Guitar Hero 4 qui permet de jouer, comme la concurrence, en groupe avec batterie et micro, et, en plus, d’enregistrer ses propres morceaux. Que dalle. À peine sorti, il s’est mis à y jouer comme un obsédé pour pouvoir débloquer son graal débile. Moi, je kiffe le karaoké, alors je me suis dit que je pourrais essayer de pénétrer dans sa bulle, histoire de recréer une love story à la Ike & Tina, quitte à me faire taper dessus. J’étais prête à me rabaisser à ce niveau, comme n’importe quelle femme le ferait. Mais, primo, y’a que des chansons de mec là-dedans, et chanter sur du metal c’est super dur. J’ai fini par me prendre un coup de pied au cul mais seulement parce que je chantais mal et qu’on jugeait qu’arrivée à Van Halen, je serais incapable de rendre un hommage digne à David Lee Roth. Après deux mois, sacrément en manque et à bout de godes, j’ai choisi. S’il passe les 365 nuits à venir – voire plus – à astiquer un manche en plastoc électronique (puisque Activision a eu la riche idée de sortir dans deux mois un nouveau Guitar Hero dédié à Metallica, et que mon homme range ce groupe dans son top 3 des groupes qui «défoncent la race » en t’expliquant pourquoi mais sans mots, juste en mimant des riffs et des solos et en éructant des onomatopées chelou), il n’y a pas de raison que j’en fasse pas autant. Comme je suis une femme aimante et fidèle, je vais pas aller voir d’autres mecs. En plus, vu l’état du mien, je risquerais de tomber amoureuse du premier connard venu. Non, j’ai pris l’argent du mariage et je suis allée m’acheter un Sybian. Depuis, je pleure à chaque orgasme, et si j’emmerde les voisins avec le bruit, au moins c’est pas des solos pourraves que je plante deux fois sur trois. Puis je me suis rappelé que Carmen Electra s’était fait un trip Sybian chez Howard Stern. À l’époque, elle était avec Dave Navarro. Et mon débile de mari s’est acharné sur « Mountain Song » de Jane’s Addiction pendant cinq ans dans son jeu de rat mort. J’ai peut-être planté ma vie de soul singer femme battue, mais ma vie de bunny angelinaise blindée de coke commence plutôt bien. LA FEMME DE AL BATARD ANIMAL CROSSING, LET’S GO TO THE CITY
Éditeur : Nintendo
Plate-forme : Wii J’ai les boules. Il fait froid. Je me fais chier. J’ai pas de thunes et c’est les soldes. J’ai plus de mec. Je suis ronchon. L’année 2009 commence pas vraiment bien. Du coup, j’ai ressorti mes vieux disques de Smog, et dans le genre knoutant, avec Nick Drake, on fait difficilement pire (le knout, à ne pas confondre avec l’ourson allemand, est un fouet que l’on utilisait à l’époque de la Russie impériale… Un truc capable de vous tuer en un coup… Gros gros schlak). J’ai envie de chialer, putain. Alors plutôt que de sortir et de déprimer tout le monde, je passe mes soirées collée à la Wii sur Animal Crossing. « C’est pas pour les fillettes ! », dixit le dossier de presse. Pourtant, à première vue, c’est vraiment tout mignon et vraiment tout niais genre à partir de 7 ans. Mais alors, c’est un jeu pour adulescentes célibataires qui n’ont vraiment rien d’autre à foutre ? Qui veulent poser leur cerveau pour s’empêcher de réfléchir à la lose de leur vie ? Ouais. Carrément. Et pourtant, c’est l’un des jeux les plus déprimants de la terre, parce qu’on y passe des heures. À ne rien faire. Et hop je me balade dans Doudouze (le nom que j’ai donné à mon monde) pour trouver des fossiles, j’envoie des lettres d’amour à un petit canard dénommé Scooter, qui m’offre des « éléments de muscu » en cadeau (sic… un signe ?) ; je ramasse des coquillages que je vais revendre pour avoir suffisamment de « clochettes » pour rembourser ma maison ; maison que je peux customiser avec les cadeaux de mes voisins (genre « un lit-robot ») et les achats que je fais à la boutique (meubles, fringues, lunettes et autres accoutrements)… Et surtout, allez savoir pourquoi, mais je peux passer des plombes à pêcher plein de poissons différents pour parfaire le musée de Doudouze… J’en dis plus ? Non ? Vous êtes sûrs ? Parce que je pourrais aussi vous en parler des heures pour éviter de vous raconter la déprime de ma vie. EMMA1212