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24 ans après, le water-polo français retrouve les Jeux olympiques

Alexandre Camarasa, capitaine de l'équipe de France, revient sur l'exploit des poloïstes français qui n'avaient plus connu les JO depuis Barcelone en 1992.
Photo FFN/Michel Dumergue

Au mois de janvier, l'équipe de France de water-polo était à Belgrade, en Serbie, afin d'y disputer les championnats d'Europe, dans un pays où le water-polo est un sport national. Un petit exploit puisque les poloïstes français n'avaient pas disputé de compétition continentale depuis 13 ans.

Pour ses retrouvailles avec le gratin européen, l'équipe de France a terminé à la neuvième place. Un classement bien éloigné du podium, mais l'essentiel n'était pas là car les Bleus avaient gagné le droit de disputer le Tournoi de qualification olympique (TQO), qui s'est déroulé du 3 au 10 avril à Trieste, en Italie. Un véritable parcours du combattant avec huit matches en huit jours. Il fallait finir dans les quatre premiers pour aller au Jeux olympiques de Rio et les Français l'ont fait, à la faveur d'une victoire épique contre les Pays-Bas en quarts de finale. Menés tous les match, les Bleus sont passés devant les Hollandais à deux minutes de la fin (8-7), avant d'être rejoints une minute plus tard, pour finalement s'imposer aux tirs au buts (4-3).

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C'est un nouvel exploit pour le water-polo français qui ne s'était pas qualifié pour les Jeux olympiques depuis ceux de Barcelone en 1992 où ils avaient terminé à la 11e place. Aller à Rio de Janeiro est l'occasion de montrer que le water-polo n'est pas que le parent pauvre de la natation française. Capitaine de l'équipe de France, Alexandre Camarasa revient pour VICE Sports sur la qualification de son équipe.

Alexandre Camarasa avec le numéro 12. Photo Michel Dumergue.

VICE Sports : Salut Alexandre. Que penses-tu de la réclamation déposée par les Canadiens qui vous accusent d'avoir volontairement perdu contre eux afin d'éviter l'Espagne en quarts de finale du TQO ?
Alexandre Camarasa : Je pense que ça fait beaucoup de bruit pour rien. On ne fait même pas attention à ça, on se concentre sur notre préparation pour les Jeux olympiques.

Tu considères que votre qualification pour les Jeux est un exploit ?
On a travaillé pour y arriver. On a commencé à y croire après les championnats d'Europe de Belgrade lorsqu'on s'est qualifié pour ce Tournoi de qualification olympique. On y est allé pour tenter le coup et ça l'a fait.

Vu la physionomie du match face aux Néerlandais, vous revenez de nulle part. Tu peux me raconter ce qu'il se passe dans vos têtes à ce moment-là ? Vous vous dites quoi pour retourner la situation ?
Jusqu'à quelques minutes de la fin du match nous étions menés au score. C'était vraiment très dur car on voyait notre rêve olympique s'éloigner et on s'en voulait de "tout gâcher". Gâcher ces années de travail, gâcher tous ces sacrifices que nous avions fait pour en arriver jusque-là. Nous étions plus frais physiquement que nos adversaires et ça a fait la différence lors de ce TQO.

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Comment gère-t-on psychologiquement un tournoi aussi intense et éprouvant que le TQO avec huit matches en huit jours ?
Psychologiquement, c'est le tournoi le plus dur auquel j'ai participé. Nerveusement, nous avons terminé ce tournoi totalement vidé. C'est très dur de jouer toute sa vie sportive sur un match.

Y-a-t-il eu une préparation psychologique spécifique ?
Nous n'avons eu aucun préparateur mental en équipe de France. Ce rôle de préparateur mental a été joué à merveille par le coach de l'équipe qui nous a permis d'arriver au mieux dans ce TQO.

Tu penses que l'EDF a envoyé un message aux autres nations ? Tu penses que le regard des adversaires va maintenant changer ?
L'équipe de France se fait petit à petit une place dans le monde du water-polo. Cela se traduit par des stages de préparation contre des équipes plus fortes et des invitations à des tournois. Les adversaires commencent à nous respecter, de part nos résultats mais aussi par le travail colossal que nous avons accompli ces dernière années.

Toi et tes coéquipiers avaient déjà qualifié la France pour les Championnats d'Europe en 2014, après 13 ans d'absence. C'est donc une génération dorée ?
Génération dorée, je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est que le travail paie. On travaille ensemble, en sélection, depuis huit ans, on se connaît et ça aide à faire de bonnes performances.

Alexandre Camarasa lors du match face au Canada perdu 13-5 par les Français. Photo Michel Dumergue.

Marc Crousillat (président de la Ligue promotionnelle du water-polo) prend souvent le handball en exemple, sport qui était méconnu en France avant la grande aventure des Barjots. Sont-ils une source d'inspiration pour les poloïstes français ?
Ils ont commencé très bas pour arriver au sommet. Bien sûr qu'on s'inspire d'eux. C'est la meilleure équipe de sport collectif de tous les temps. On espère aussi que le water-polo va se développer comme le handball pour devenir un sport important en France.

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Justement, le water-polo a-t-il les moyens de se développer tout en appartenant à la Fédération française de natation, davantage intéressée par les nageurs français ?
Parfois on se sent délaissés, mais la qualification pour les Jeux devrait changer beaucoup de choses. Et puis nous profitons de cette grande fédération qu'est la Fédération française de natation, on travaille main dans la main. Il faut profiter de l'attrait qu'il y a pour les nageurs français pour développer le water-polo. Avoir des nageurs de ce niveau en France est une chance.

Les Jeux sont l'occasion rêvée pour donner un coup de boost au water-polo français…
C'est clair, ça va être une bouffée d'oxygène pour notre sport. Pour que les gens voient que le water-polo existe, il faut que l'Equipe de France fasse de bonnes performances.

A quoi peut prétendre l'Equipe de France pendant ces Jeux ?
Même si les meilleures nations seront présentes à Rio, on y va pour être acteurs. J'espère qu'on aura une bonne préparation pour être performants. On veut en profiter car on s'est battu pour avoir le droit d'y aller. Et profiter ne veut pas dire y aller en mode touriste.

Comment devient-on joueur de water-polo ?
J'ai commencé par la natation au Cercle des nageurs de Marseille et, un jour, l'entraîneur a fait l'erreur de mettre un ballon dans l'eau. J'ai commencé le water-polo pour ne plus jamais arrêter. Au début, le but était de m'amuser avec les potes et le professionnalisme est venu tout seul, petit à petit.

Au-delà d'une participation aux JO, ne faudrait-il pas une vraie réflexion autour de ce sport pour mettre en place les restructurations nécessaires, au niveau des bassins notamment ?
C'est vrai que nous manquons cruellement de bassins et c'est vraiment regrettable.

Pourquoi le mot "passion" revient-il si souvent dans la bouche des poloïstes ?
Le mot passion revient souvent car tous les poloïstes sont des passionnés qui pratiquent un sport très exigeant ! Nous aimons notre sport, nous aimons en parler, nous aimons le faire découvrir. Le water-polo nous habite !