FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

On a demandé aux nanas de l'Equipée ce qu'elles faisaient au FISE

Elles s'appellent Cindy, Louise et Cécile et leur kif c'est la moto. Elles enchaînent les road trips aux quatre coins du monde et son venues se décontracter à Montpellier.
Photos Johanna Himmelsbach

On croise de tout au FISE, le Festival international des sports extrêmes de Montpellier, qui fêtait sa vingtième édition cette année. Des skateurs indonésiens, des freestyleurs armés de trottinettes de compétition, des familles, des poussettes, des litres de boissons énergisantes, des speakers survoltés et même un van bourré jusqu'à la gueule des tatoueurs de l'Encrerie, qui avaient fait le déplacement depuis Paris pour tatouer des sportifs dans leur chambre d'hôtel. Au milieu de cette foule bigarrée, on est tombés sur Cécile, Cindy et Louise, de L'Équipée. Les trois motardes, qui se sont fait connaître grâce à leur périple en Himalaya en Royal Enfield, étaient venues rencontrer d'autres membres de la grande famille de la ride, entre un passage aux 24 heures du Mans et une prochaine escale au Hellfest. On a profité d'un petit répit dans leur emploi du temps pour leur poser tout un tas de questions.

Publicité

VICE Sports : Salut les filles, qu'est-ce que c'est exactement, L'Équipée ?
Cindy : L'équipée, c'est 4 filles passionnées de moto et de voyage qui se sont rencontrées il y a un peu plus de deux ans, à une époque où il n'y avait pas encore trop de motardes. On s'est connues via un blog parisien qui s'appelle 4h10. On s'est rendues compte qu'on était chacune très différentes, mais qu'il y avait vraiment cette envie de se dépasser et de partir, voyager.

Cécile : Ça partait d'une aventure personnelle de chacune et ça a pris une ampleur folle, on sait même pas comment ! Moi, je suis réalisatrice à la base. Je me suis dit : "Je peux pas me permettre de passer à côté de cette aventure sans filmer, sans en sortir quelque chose." Et je pense que notre authenticité, le fait qu'on se mette en porte-à-faux, qu'on dise que c'est dur, ça a rendu le côté humain. C'est pas facile, c'est pas "on est beaux au milieu de paysages magnifiques". On a eu de très bons retours par rapport à ça, il y a eu de l'émulation et il y a beaucoup de femmes qui se sont reconnues.

Cindy : Qui se sont dit que c'était possible !

Donc ce qui vous lie, c'est à la fois la moto et les voyages ?
Cindy : Ouais. La moto, le voyage et l'envie de faire quelque chose qui sort de l'ordinaire.

Cécile : Je pense qu'on n'osait pas, chacune de notre côté. Et quelque part on avait toutes envie de prouver qu'on était capables. Parce qu'en tant que femmes, c'est vrai qu'on est toujours en retrait par rapport aux hommes dans ce milieu-là. Mais notre rencontre a créé une espèce d'émulation et on s'est dit : "Bon, on a toutes l'envie, allez, on se donne les moyens !" Du coup, on est parties dans Himalaya — un projet qu'on a monté très vite, en deux mois. Cindy avait son permis depuis six mois… On a fait 4000 bornes dans l'Himalaya, sur des terrains qui sont très techniques et difficiles. On avait à peine regardé à quoi ça ressemblait avant d'y aller.

Publicité

Cindy : Et heureusement d'ailleurs ! On l'aurait jamais fait sinon.

Louise : Si j'avais vu ce que j'allais traverser, je l'aurais pas fait. On n'avait jamais mis une roue sur un terrain en off-road. On ne s'attendait pas du tout à trouver quelque chose d'aussi dur. On a été en contact avec toutes les sortes de sols. De la boue, des graviers, du sable, du dénivelé, des routes de montagnes graveleuses… Mais finalement, quand on y est, chaque matin on se réveille, on a une énergie et une envie de se dépasser, d'aller a bout du truc. Donc on s'est donné les moyens de se dépasser. Et puis on avait pas mal de kilomètres à faire.

Cindy : Et tu peux difficilement prévoir. Parce que tu te dis que 100 kilomètres dans la journée, ça va le faire largement. Mais parfois, tu roules pied par terre…

Cécile : Il y a aussi eu des éboulements. Comme c'était à la fonte des neiges, il y avait des espèces de rivières à traverser, au milieu de falaises… Enfin, c'était complètement absurde ! On pouvait mettre 10 heures à faire 120 bornes. Et on n'avait pas de backup, pas vraiment d'équipement approprié, ni de vêtements chauds. Certains soirs, on a supplié à des checkpoints de militaires de nous accueillir et ils refusaient. Donc on allait de nuit, dans le sable avec des précipices à côté, c'était absurde !

VICE Sports était au FISE et ça se passe ici.

Cindy : Ça, c'était notre première grosse aventure…

Publicité

Louise : …qui nous a vraiment liées. On est devenues accros après. C'est-à-dire qu'on l'a vécue de façon vachement intense et on s'est dit "on a envie de revivre ce genre d'aventures". Et après ça, on est parties au Brésil.

Cécile : On est aussi allées de Rio à l'Amazonie.

Et alors, c'est cool Manaus ?
Cindy : Ouais c'est cool, Manaus ! C'était une ville assez mixte. Il y avait de l'art, il y avait des spectacles… On a vu une représentation de danse contemporaine, les danseurs étaient assez hallucinants. Et puis on a quitté la ville, on a mis les motos sur un bateau et on a pu découvrir des tribus et passer du temps avec elles.

Cécile : Ce sont des tribus qui ont été obligées de s'ouvrir au public pour faire survivre leurs cultures et se faire un peu d'argent. Ça leur permet de se payer de l'essence et d'envoyer certains enfants à l'école. Du coup, ils ont un grand centre où ils font venir quelques touristes et ils expliquent comment fonctionnent leur culture, leurs valeurs. On a eu la chance de dormir là-bas une nuit.

Elle ressemble à quoi la scène moto en France ?
Cindy : Ce qui est génial avec la moto, c'est qu'il y a vraiment des valeurs d'entraide communes. Si tu tombes en panne sur le bord de la route, un mec va tout de suite s'arrêter pour t'aider. Tu te tutoies, t'as tout de suite une connivence assez facile. Après, c'est assez segmenté. T'as des mecs passionnés de sportives, d'autres de cross, d'autres qui vont être passionnés de custom… Et les barrières ont du mal à péter. Ce qui nous intéresse vachement, c'est justement ça : c'est d'aller rencontrer tous les univers. Mais on veut aussi continuer à faire un grand voyage par an : on a besoin de ça !

Publicité

Ah ouais ! Vous avez prévu quoi cette année, à part votre expérience du Paris-Dunkerque ?
Cindy : On prépare un tour d'Europe pour juillet. L'idée, c'est d'aller rencontrer nos followers et de prendre un peu son temps. De mettre en valeur les gens qu'on va rencontrer. On aimerait bien faire des portraits de gens, de bikers. En gros, on va publier notre roadbook avec des dates précises en spécifiant "à telle date on est à Berlin, là on est à Vienne, là on est à Budapest… Qui est là, qu'est-ce qui se passe ? Faites-nous sortir, les bikers !"

Cécile : On s'est rendu compte que les voyages, c'est vraiment une aventure personnelle : ça nous a transcendées personnellement. Ça fait tomber les égos, ça nous donne la notion de groupe. Et maintenant qu'on a vécu ça, on veut donner du sens au voyage. Sortir de notre aventure à nous et proposer autre chose. On a une vraie curiosité. De découvrir, de progresser et de valoriser d'autres personnes que nous.

Louise : Et ça rend accro en fait. La première aventure, c'était un peu utopique… Moi, je me suis jetée dedans en me disant que je serais pas capable de le faire, et finalement tu le fais, et après t'es accro. Tu te dis : "J'ai envie de faire plus, d'essayer encore" parce que tu as réussi à faire un truc un peu dingue.

Donc vous vous verriez bien partir plus longtemps, genre six mois sur les routes de France…
Louise : Complètement. Plus tu pousses tes limites et plus t'as envie de les repousser. C'est une montagne que tu ne finis jamais d'escalader, et que t'as toujours envie d'escalader.

Publicité

Cindy : ces expériences, elles nous apprennent beaucoup. On rentre à chaque fois changées. On rencontre de nouvelles personnes, on travaille aussi sur nous, sur nos limites, sur nos peurs… Ce qui me plaît dans tout ça, c'est d'apprendre. Ce dont j'ai envie, c'est toujours d'apprendre des autres.

Cécile : Moi, c'est de me construire suffisamment forte pour pouvoir après partager de bonnes valeurs — celles qui nous touchent, nous. Chaque chose que tu apprends, après ce qui est important c'est de la transmettre. C'est pour ça qu'on communique pas mal et qu'on a envie de partager, d'ouvrir vers d'autres choses.

Vous voyez un parallèle entre cette culture moto et le Fise ?
Cécile : Il y a un mot anglais, « ride », qui correspond à toutes les disciplines. Le vélo, le cheval, le surf, le snowboard, toutes les disciplines du skate… En français, il n'y a pas d'équivalent. Mais c'est la même chose : c'est une discipline que tu vis personnellement, tu gères tes trajectoires, tes tricks, ton véhicule, ton animal… Mais c'est quand même un délire communautaire : tu partages. Le Fise, c'est exactement ça. On a rencontré Matthias [Dandois], qui est quadruple champion du monde de BMX flat. Ce mec, il va checker tous les riders après leurs runs… Il y a un vrai truc communautaire : tu respectes les gens pour ce qu'ils apportent à la discipline, et tu partages.

Louise : Il y a aussi vachement de tendresse et de bienveillance, entre tous ces riders. Il y a un côté familial, on se soutien, on s'écoute, on s'encourage… On retrouve ça dans l'univers de la moto, ce côté famille, qui se recompose partout où tu vas. C'est comme si tu vivais dans un désert : tu rencontres des gens dans des conditions hallucinantes, et c'est beaucoup plus fort que quand tu les rencontres en ville
C'est une belle leçon, le FISE. D'acrobatie, de lâcher-prise, d'humilité, de camaraderie et d'entraînement, de passion, de plaisir… Et sur le BMX Flat, le son était tellement mortel ! Ils faisaient leurs figures, ça tombait pile dans les beats, c'était génial !

Publicité

Pourquoi L'équipée travaille avec hotelf1 et l'intérêt du Life Ride :

Louise :

Cette chaîne est située "le long des routes" elle fait penser aux motels des US avec ce côté aventure. Du coup le projet de produire les vidéos Life Ride avec Hotel F1 nous paraissait cohérent. Ce concept Life Ride concerne toute population qui se déplace pour vivre ses passions, et la glisse est un formidable exemple !

Vous n'avez vu que le flat ?
Louise : Non, on a vu du wake, on a vu de la trottinette, du skate…

Cindy : Mais on n'a pas vu le mountain bike, qu'on voulait absolument voir. Ce qui est super intéressant, c'est que c'est des disciplines assez nouvelles :il y a encore plein de choses à apprendre. Je trouve ça génial de rencontrer des professionnels comme Matthias, qui imposent leur style, qui créent l'histoire de la discipline. En moto, il y a quand même un passé… D'ailleurs, ce qui nous lie aussi à la base, c'est la passion des vieilles motos.

Mais la moto revient vraiment à la mode, justement…
Cécile : Comme toutes les disciplines underground. Que ce soit le skate, le surf, le hip-hop… À un moment, c'est rattrapé par les mass media, parce que ça a trait à la liberté et à des valeurs auxquelles les marques veulent s'associer. Et quand c'est très médiatisé, c'est accessible au grand public. Et à travers des gens comme nous ou d'autres femmes, certaines personnes se rendent compte que c'est possible. Que c'est pas inaccessible et que ça peut être cool.

Retrouvez les vidéos LIFE RIDE de l'équipée sur la page hotelF1.