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Yemen

Nouveau bombardement contre des civils au Yémen : « Ce n'est même plus surprenant »

La situation est telle au Yémen que l'ONG Human Rights Watch regrette que le dernier bombardement de civils par la coalition saoudienne ne surprenne plus personne au sein de la communauté internationale.
Associated Press

La situation au Yémen est de plus en plus préoccupante. Une frappe aérienne apparemment illégale perpétrée par un membre d'une coalition soutenue par les États-Unis « n'est même plus surprenante », regrette Human Rights Watch (HRW). L'ONG appelle la communauté internationale à créer un mécanisme transparent et crédible pour enquêter sur ces bombardements, qui pourraient être apparentés à des crimes de guerre.

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La frappe aérienne de ce mercredi a eu lieu dans le district d'Hiran, dans la province d'Hajja, dans le nord-ouest du Yémen. C'est dans cette même province que les forces de la coalition avaient bombardé un hôpital en août dernier, tuant 7 personnes. La frappe de ce milieu de semaine a fait 12 morts chez les civils. Nombre d'entre eux étaient dans un bus qui les transportait jusqu'au marché. La coalition menée par l'Arabie saoudite, qui serait à l'origine de cette frappe, n'a pas fait de commentaire.

Cette frappe aérienne vient s'ajouter à la longue liste d'attaques illégales menées dans le pays depuis le début du conflit en mars 2015. Le conflit oppose les rebelles Houthis (qui contrôlent la capitale, Sana'a) et les forces militaires loyales au gouvernement d'Abdrabbuh Mansur Hadi. Le gouvernement yéménite est soutenu par une coalition d'alliés menée par l'Arabie saoudite.

« Je ne suis pas surprise [par cette dernière attaque], » explique à VICE News, Kristine Beckerle, chercheur sur le Yémen pour HRW. « Je suis attristée et frustrée, parce que je voudrais que les gouvernements du monde entier agissent, mais la coalition menée par l'Arabie saoudite se comporte de la sorte depuis mars 2015. »

La coalition est composée de pays voisins, dont les Émirats arabes unis, le Bahrein, le Qatar, mais aussi de pays africains comme le Soudan et le Sénégal. Elle est soutenue par les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et la France.

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À la fin du mois d'octobre, l'ambassadeur américain aux Nations unies, Samantha Power, a appelé la coalition à mettre un terme aux frappes aériennes au Yémen. Certains critiques de cette campagne ont fait remarquer que Washington était complice de ces attaques puisque les États-Unis fournissent des armes à l'Arabie saoudite. Pour Beckerle, l'implication américaine va bien au-delà des armes.

« Les États-Unis eux-mêmes font partie du conflit, » estime Beckerle. « Nous le disons depuis le début : dès les premiers mois du conflit, les États-Unis ont fourni des ravitaillements aériens aux avions de la coalition et du personnel américain est présent au sol dans la base de planification de Riyad. »

Après le bombardement d'un enterrement à Sana'a en octobre, le Conseil de sécurité nationale américain a indiqué qu'il examinerait le soutien apporté à la coalition saoudienne.

« C'était au début du mois d'octobre. On est maintenant fin novembre et on ne sait rien de ce potentiel examen. On ne sait pas qui s'en occupe ni même si les résultats seront rendus publics, » dit Beckerle.

Même si les résultats sont publiés, ils n'auront sans doute aucun effet. « L'examen d'une politique est une vieille technique utilisée par Washington quand l'administration ne veut pas prendre de décisions compliquées, » écrivent deux anciens membres du Département d'État, Richard Sokolsky et Jeremy Shapiro. « Face à un dilemme inextricable, le gouvernement examine la question en profondeur. »

Beckerle estime qu'il est temps que les responsables répondent de leurs actes. « Désormais, c'est à la communauté internationale de créer un mécanisme de responsabilité. »


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