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Culture

Avec «Outer Peace», Toro y Moi vous fera oublier l'hiver

On découvre un Chaz Bundick vulnérable, drôle, et hautement self-aware.
Avec « Outer Peace », Toro y Moi vous fera oublier l'hiver
Photo Jack Bool / Facebook

C'est un cliché de dire qu'un album est un « dépaysement total » ou qu'il réussit à « nous transporter », mais en regardant le ciel gris et les branches qui plient tranquillement sous le poids de la neige qui s'accumule, on ne pourrait pas dire que c'est faux, lorsqu'on parle d' Outer Peace, le nouvel album de Chaz Bundick, alias Toro y Moi. Avec ce sixième album studio, en neuf ans, le chouchou des premiers jours du chillwave frappe encore un homerun.

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Après tout, dès son premier album, Causers of This, paru en 2010, Bundick a réussi à créer des centaines d'imitateurs, et des millions d'adeptes. Si quelqu'un voulait remettre en question son importance, on n'aurait qu'à lui rappeler que des influences de Bundick se retrouvent autant chez Frank Ocean que chez Travis Scott. Je crois même qu'on pourrait arguer que cette nouvelle génération de pop lo-fi à la Clairo et Boy Pablo découle directement du travail de Toro y Moi.

Sur Outer Peace, on sent qu'il y a eu énormément de travail, avec une attention toute spéciale portée aux textures, mais aussi à la conception sonore. Comme il l'explique en entrevue à NPR, Bundick a puisé son inspiration dans ses voyages, lors de ses tournées, et à Mexico City et en Californie du Nord. Donc, lorsque sur Who Am I, une voix annonce que l'atterrissage à Los Angeles est imminent, on y croit, ça se ressent dans le funk de la chanson. On voit dans sa tête défiler des images d'une journée chaude d'été sur La Cienega Blvd. On sent les effluves de l'asphalte chaud qui copulent avec les odeurs des camions de tacos stationnés tous les coins de rue.

Et ce qui est bizarre, dans tout cela, c'est que je suis habituellement insensible non seulement à ce sous-genre de musique, mais aussi aux sentiments qu'il peut évoquer. Pourtant, avec chaque nouvelle sortie de Bundick, je suis captivé, comme si j'essayais d'y déceler un secret, un mystère inatteignable même après des centaines d'écoutes.

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Avec cet album, je crois que c'est peut-être un Chaz Bundick vulnérable, drôle, et hautement self-aware. On y retrouve beaucoup plus d'influences variées que sur Boo Boo, son album précédent. Et parfois on se rapproche même de ce que l'on a connu sur Samantha, sa mixtape parue en 2015. Il n'hésite pas à puiser dans les beats de trap et de gangster rap qui doivent sans doute l'entourer à Oakland, où il réside aujourd'hui, mais il garde tout de même son côté un peu nerd de designer graphique, qu'il considère comme étant son emploi principal.

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Lorsque sur Monte Carlo, il parle d'une Monte Carlo 87, on sent qu'il n'est pas tout à fait à l'aise, pas plus qu'il ne le paraît lorsqu'il se vante, sur Laws of the Universe que James Murphy de LCD Soundsystem fait un DJ set chez lui. Avec Freelance, il compose une ode à la culture du travail à la pige pour lequel optent de plus en plus de jeunes adultes, avec tous les problèmes qu'il peut causer. Et cela explique un peu New House, chanson qui la précède de peu, dans laquelle il chante, avec l'Auto-Tune à demi étouffé, avoir une nouvelle maison qu'il ne peut pas se permettre de payer.

L'album se termine avec 50-50, que Bundick décrit comme étant sa chanson préférée du moment, expliquant que c'est « de la pop assez directe », mais qu'elle lui a permis de « jouer avec les clichés et de faire quelque chose de nouveau avec eux ». Ce qui, lorsqu'on y pense, est vraiment le meilleur moyen de résumer Outer Peace, qui à son tour est le meilleur moyen d'oublier qu'une tempête bat son plein dehors.

Billy Eff est sur internet ici et .