Les chasseurs de pédophiles sont-ils profondément stupides ?

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pédophilie

Les chasseurs de pédophiles sont-ils profondément stupides ?

Ou quand l'Enfer est pavé de bonnes intentions.

Repérer les mecs du Surrey Creep Catchers dans un centre commercial est une véritable sinécure.

En dépit de la nature secrète de leurs actions – qui consistent grosso modo à filmer et humilier publiquement des pédophiles présumés – les membres de l'organisation s'affichent avec des habits et des accessoires affichant ostensiblement « Surrey Creep Catchers » ainsi que le logo du groupe.

Une poignée d'entre eux m'a donné rendez-vous en plein cœur du Lougheed Town Centre de Burnaby, en Colombie-Britannique. Ryan Laforge, le président de l'organisation, est un homme grand, large d'épaules et barbu. Il arbore un sweat gris clair – à l'effigie des Surrey Creep Catchers, évidemment – un short à imprimé camouflage et une casquette de baseball noire. Sur son épaule repose un sac en cuir vert contenant son chihuahua, Pinto.

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Ryan a 33 ans. Il donne ses derniers ordres aux hommes et femmes présents avant de lancer officiellement la mission.

C'est à Ryan que l'on doit la création d'un groupe Facebook nommé « Tuesday goof » – « goof » est un terme utilisé en prison pour désigner les violeurs d'enfants. Ce groupe permet aux membres des Surrey Creep Catchers de rester en contact afin de préparer les prochaines soirées de chasse.

Ce soir, la première cible est un homme de 52 ans. Ce dernier pensait discuter depuis quelques semaines avec une adolescente âgée de 15 ans. Derrière le pseudo féminin se cachait en réalité un chasseur de pédophiles du Surrey Creep Catchers. Au point de rendez-vous convenu – le McDonald's du centre commercial – une petite brune dans la vingtaine s'assied et attend l'arrivée de l'homme. Il s'agit d'un leurre, qui permettra d'attraper le quinquagénaire. Les autres membres du groupe – y compris Ryan – se dispersent et prennent place dans les environs.

L'homme arrive enfin. Il est obèse et presque chauve. Ses quelques cheveux restants sont blancs. Il porte un polo gris très mal ajusté, un bas de survêtement et un coupe-vent noir. Il s'assied et regarde autour de lui. Ryan s'installe sur le siège à côté de lui et porte son téléphone au niveau de son visage. Les autres membres du groupe en font de même et dégainent leurs appareils photo.

« Vous êtes ici pour rencontrer une adolescente de 15 ans », dit Ryan tout en mentionnant le nom du pédophile présumé. Il lui explique alors que les membres de son groupe filment la scène et que seules deux solutions sont envisageables : fuir ou expliquer pourquoi ce père de famille ne voit aucun mal à discuter avec une mineure. L'homme reste immobile.

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Ryan Laforge, le président du Surrey Creep Catchers. Photo : Rafal Gerszak

« OK, première chose, dit Ryan calmement. Voulez-vous admettre que vous avez fait une erreur ? »

« Je suppose que j'ai fait une erreur. Elle m'avait dit qu'elle avait 18 ans. »

Ryan veut bien lui accorder ça mais tient à lui rappeler qu'au cours de leur conversation, elle lui a explicitement dit qu'elle avait en réalité 15 ans. Il l'a alors menacée de dévoiler des captures d'écran de leur conversation.

L'homme tente alors de se justifier. « Je ne connais pas la limite d'âge pour le consentement », affirme-t-il tout en assurant que son intention première était de « la rencontrer, parler, et marcher un petit peu. Voir où ça pouvait nous mener. » Quelques minutes plus tard, il admet finalement avoir été excité par le fait de rencontrer une jeune fille.

Les gens assis aux tables alentour commencent à les regarder avec insistance.

Ryan ne lui épargne pas le traditionnel discours des Creep Catchers – « Vous nous connaissez, vous connaissez nos actions, alors pourquoi cherchez-vous encore à rencontrer une mineure ? » – avant de disserter sur les implications morales qu'une rencontre avec une jeune fille peut soulever. « Cette vidéo va finir sur Facebook, YouTube, tout, lui dit-il. Vous pouvez être sûr qu'au moins une personne de votre entourage va la voir. »

La scène prend fin lorsque l'homme promet de ne plus recommencer.

Ce que la vidéo ne montrera pas, c'est l'image d'un vieil homme chauve errant dans les couloirs labyrinthiques d'un centre commercial anonyme. Ryan et ses hommes accompliront six embuscades ce soir-là – principalement dans des fast-foods et des cafés. Et les Surrey Creep Catchers ne sont pas seuls. D'autres groupes font exactement la même chose dans diverses villes du Canada.

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« Nous ne dormons jamais », m'affirme Ryan.


Ces mouvements de « chasseurs de pédophiles » n'existaient pas il y a de ça trois ans. Ces derniers temps, ils se sont multipliés.

J'ai passé plusieurs mois à suivre ces groupes. J'ai logiquement interviewé des « chasseurs », des « chassés », des membres des forces de l'ordre, des spécialistes des abus sur mineurs, des avocats, etc. J'ai appris que les Creep Catchers avaient déjà perturbé le travail de la police au cours d'une enquête – le suspect en question avait quitté la ville avant d'agresser des enfants.

Le mois dernier, un membre des Red Deer Creep Catchers a même été accusé de harcèlement. Quelques arrestations et une seule condamnation sont à mettre au crédit des Creep Catcher, un chiffre faible quand on le compare aux centaines de vidéos postées.


La traque médiatisée des pédophiles est véritablement née aux États-Unis quand l'association californienne Perverted Justice s'est associée à la célèbre émission d'information de NBC Dateline pour produire To Catch a Predator. Les épisodes ont été diffusés pour la première fois en 2004. Tous étaient présentés par Chris Hansen, qui se faisaient passer pour un adolescent afin de piéger des adultes via des propositions indécentes.

Hansen a inspiré Justin Payne, le « premier » chasseur de pédophiles du Canada. J'avais publié un article sur ce mec en novembre 2015. D'autres n'ont pas tardé à suivre le chemin emprunté par Payne, à l'image de Dawson Raymond, fondateur de la branche canadienne des Creep Catchers en septembre 2015. Au total, plus de 30 groupes locaux se sont développés à travers le pays, dans des villes comme Vancouver, Surrey, Calgary, Edmonton, St John ou Halifax.

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Les chasseurs de pédophiles ont monté des groupes à travers tout le Canada.

Justin Payne a 29 ans. Il est maçon de formation, carrière qu'il a abandonnée pour entamer une traque sans relâche des pédophiles dans son pays. Il opère majoritairement comme un loup solitaire. Ses conversations sont bien souvent sexuellement explicites. « Ce père de famille a tenté de rencontrer un petit garçon après lui avoir proposé une fellation », pouvait-on lire dans la description d'une vidéo postée sur Facebook à destination de ses milliers de followers.

Un soir de septembre dernier, Justin se gare sur le parking d'un centre commercial de Brampton dans sa vieille Kia Spectra, l'inscription « VIGILANTE » – le terme anglais désignant les membres d'un groupe d'autodéfense – bien visible sur son pare-chocs. Via l'application Skout, Justin discute avec un gars de 20 ans persuadé de converser avec une jeune fille de 12 ans.

Justin Payne. Photo : Norman Wong

L'homme sur le point d'être démasqué est en route. Il précise à Justin qu'il est en train d'acheter des capotes.

« J'essaie toujours de leur faire dire qu'ils vont prendre des préservatifs parce que ça met en évidence la prédétermination de l'action », m'explique Justin.

Le parking est sombre et désert. À peine arrivé, l'homme semble de plus en plus nerveux et commence à s'éloigner en courant. Il est petit et mince, porte un bob et a toujours ses écouteurs sur ses oreilles. Justin se met à sa poursuite. Lorsqu'il parvient à le rattraper, il sort son portable et commence à filmer la scène. L'homme se voit dans l'obligation d'avouer son désir de coucher avec une jeune mineure.

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« Je ne pouvais pas savoir qu'elle avait 12 ans », maintient-il en ajoutant que la femme qu'il avait eue au téléphone – l'appât de Justin – avait l'air beaucoup plus âgée. En effet, elle l'était. Ce type, qui a récemment quitté l'Inde pour rejoindre le Canada, poursuit et avoue avoir apporté des préservatifs dans l'espoir de tomber sur une femme majeure.

Des échanges entre Justin Payne et un prédateur sexuel présumé

Même s'il vient tout juste d'être humilié, l'homme prétend soutenir le travail de Justin.

« Nous avons besoin de gens pour révéler au grand jour ce qui se cache dans la tête des gens », dit-il, tout en étant catégorique sur les conséquences d'une possible diffusion de la vidéo sur Internet.

« Je me suiciderais. Ma famille ne pourrait jamais accepter ça, et qu'est-ce que je pourrais bien faire tout seul ? »


Justin n'est pas membre des Creep Catchers. Il ne le sera jamais, à l'entendre. « Avec eux, tout devient toujours dramatique », maugrée-t-il.

Il n'a pas tort là-dessus.

Preuve en est l'inimitié entre Dawson Raymond et Ryan Laforge. Difficile d'en connaître les véritables raisons – il s'agit sans doute un combat d'ego. Ryan reproche à son homologue de ne pas poster assez de vidéos et d'être surtout intéressé par le fait de devenir une « célébrité ». Sur Facebook, les campagnes de diffamation entre les différents groupes de chasseurs de pédophiles se multiplient. L'ensemble du mouvement a également souffert du contrecoup de l'affaire de Katelynn McKnight – du nom de la transsexuelle s'étant suicidée après la diffusion d'une vidéo des Creep Catchers – ainsi que d'une vidéo controversée dans laquelle Ryan Laforge traque un homme atteint de paralysie cérébrale.

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« Ça, c'était vraiment n'importe quoi », me confie Dawson, avant d'ajouter qu'il n'a pas à être tenu responsable des agissements des autres chasseurs.

Dawson Raymond. Photo via Facebook

De son côté, Ryan dénonce l'attitude des membres de l'équipe de Raymond en des termes très durs – « punk bitch » revenant assez souvent dans sa bouche.

Ryan et son équipe se servaient initialement de Craiglist pour attirer les prédateurs présumés. Pour parfaire leur plan, ils prétendaient avoir 18 ans puis révélaient, quelques messages plus tard, qu'ils étaient en réalité beaucoup plus jeunes. Pour Ryan, la mention d'un quelconque acte sexuel n'est pas nécessaire pour déceler la pédophilie d'un individu.

« Pour moi, il n'y a aucune différence. Si vous donnez rendez-vous à un enfant, vous êtes un gros taré, un pédophile. »

Ce grand type costaud n'a aucun scrupule à publier les adresses des pédophiles présumés. Selon lui, les parents doivent savoir quelles personnes éviter à tout prix.

Après leur action dans le centre commercial, les Surrey Creep Catchers se retrouvent sur le parking d'un McDonald's. Une certaine excitation se décèle dans leurs propos.

« C'est comme si vous étiez sous crack », me dit un homme dans la vingtaine. Affublé d'un t-shirt noir indiquant son appartenance au groupe, il esquisse un sourire tout en étant en pleine conversation avec un pédophile présumé sur Grindr.

Ryan et son équipe mentionnent assez vite leur « très jeune âge » aux prédateurs présumés – après quatre ou cinq messages seulement. Mais une telle attitude de transparence contraste avec ce que j'ai pu voir sur place. J'ai été témoin d'une embuscade organisée moins d'une heure après le début d'une conversation sur Grindr.

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Un membre des Surrey Creep Catchers. Photo : Rafal Gerszak

Sans surprise, les forces de l'ordre et les juges sont assez réservés quant aux méthodes employées par les chasseurs de pédophiles.

« Leurs actions sont absurdes, complètement inutiles », me précise le sergent Stephen Camp au téléphone. Ce dernier travaille dans une unité en charge de la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants.

Cette unité, créée il y a 15 ans, gère plus de 400 dossiers par an – dossiers qui concernent principalement des affaires de possession et de distribution de pornographie infantile.

Sur le territoire canadien, le nombre d'accusations relatives à la pornographie infantile s'est fortement accru. D'après Statistics Canada, près de 1 958 incidents ont été reportés par la police en 2011, contre 4 310 en 2015. De la même façon, le nombre total d'agressions et de tentatives d'agression sexuelle est passé de 3 804 en 2011 à 4 532 en 2015. Selon la police, cette augmentation statistique est liée au fait que les enfants portent plus souvent plainte.

Les tentatives de détournement de mineurs sur Internet ont doublé au cours des cinq dernières années, passant de 568 en 2011 à 1 060 en 2015. Mais contrairement à ce disent souvent les chasseurs de pédophiles dans leurs vidéos, parler à un mineur de façon totalement platonique n'est en aucun cas interdit par la loi. Un adulte peut seulement être accusé d'appâter un enfant au cours d'une conversation sans contenu sexuel s'il montre des signes évidents d'une intention criminelle.

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L'une des opérations menées par les hommes du sergent Camp a échoué à cause de l'humiliation perpétrée par des Creep Catchers. Ces derniers ont contacté un individu qui était surveillé de près par policiers sous couverture.

« L'homme en question a quitté Alberta pour rejoindre le Saskatchewan, me raconte l'officier de police. Nous ne pouvions plus rien faire à partir de ce moment-là. Deux mois plus tard, il agressait sexuellement deux enfants. Les Creep Catchers ne font rien d'autre que d'attraper puis relâcher un individu dans la nature. »

Malgré ce drame, Ryan Laforge reste persuadé que des policiers apprécient le travail des Creep Catchers. À l'entendre, c'est aux autorités d'agir plus rapidement.

« Si cet homme était reconnu dangereux, pourquoi était-il toujours en liberté ? », se demande-t-il.

Les équipes de Stephen ont également perdu un temps précieux à enquêter sur des « appâts » des Creep Catchers. C'est arrivé une vingtaine de fois, selon lui.

Il me fait également remarquer que les chasseurs de pédophiles gagnent de l'argent grâce à leurs vidéos – une logique qui ne peut être comparée à celle de la police.

Les Surrey Creep Catchers filment un de leurs suspects. Photo : Rafal Gerszak

Ryan se consacre entièrement à son activité au sein du mouvement des Surrey Creep Catchers. Pour ce faire, il a quitté son emploi il y a six mois. De nombreux autres chasseurs ne travaillent pas non plus. Pour financer leurs activités, ils vendent des hoodies et des sweats entre 35 et 55 dollars. Ils acceptent également les dons en ligne et en liquide. Ryan ne veut pas m'en dire plus sur les finances du groupe mais il précise quand même qu'il a du mal à en vivre. « J'ai dû toucher à mes 20 000 dollars d'épargne », ajoute-t-il. Il devra retourner très prochainement travailler, faute de moyens.

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Les critiques à l'encontre des Creep Catchers ne sont pas nouvelles. Selon Stephen Camp, les chasseurs ne procèdent toujours pas selon les règles établies. Ils ne savent pas collecter proprement des preuves. Ils prennent beaucoup de risques. À deux occasions, les Surrey Creep Catchers n'ont pas identifié les bons pédophiles présumés.

L'avocat Craig Jones est tellement préoccupé par ces mouvements qu'il a dressé une liste des infractions liées aux Creep Catchers. « Dans certains cas, on peut parler de harcèlement ou d'agression, notamment lorsque la ''cible'' se met à craindre pour sa sécurité », déclare-t-il – une théorie renforcée par la récente arrestation de Red Deer.

Pour les deux hommes de loi, les Creep Catchers représentent un véritable affront à la démocratie.

« Nous sommes fermes là-dessus, nous ne voulons pas travailler avec les Creep Catchers », rappelle Stephen Camp.


En dépit des réactions violentes des pouvoirs publics, l'humiliation des pédophiles plaît au public et prend de l'ampleur. L'une des vidéos postées par Justin Payne en octobre dernier a rassemblé plus de 225 000 internautes. On le voit interpeller un homme dans une caravane.

Certains chefs de groupes locaux, comme Ryan Laforge, ont multiplié les comptes Facebook, avec des milliers d'amis à chaque fois. L'année dernière, trois de leurs « prises » leur ont permis d'être pris au sérieux. Les deux premières se sont soldées par des inculpations – les affaires sont en attente de jugement – tandis que la troisième a abouti à l'emprisonnement d'un certain Doug Putt – qui semble être le premier prisonnier dont l'incarcération est directement liée à l'action des chasseurs de pédophiles.

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Une discussion entre Justin Payne et un prédateur sexuel présumé

Mais Ryan ne voit pas en ces arrestations ses plus grands succès. Non, selon lui, ce qui importe est la prise de conscience généralisée au sein de la population de la dangerosité des pédophiles – prise de conscience qui donnera plus de marge de manœuvre aux lobbies militant pour une législation plus répressive.

« Quand vous mettez en ligne une vidéo, les gens en parlent », m'explique-t-il tout en mangeant une sucette jaune dans la bibliothèque de Surrey. « En gros, ça permet de revitaliser la communauté. »

Ryan n'a pas toujours été un citoyen modèle. D'après ce qu'il me dit, il aurait passé la moitié de sa vie à vendre de la drogue. Son casier judiciaire est d'ailleurs assez chargé : trafic, possession de produits stupéfiants, non-respect de sa probation.

Il a arrêté de vendre de la drogue il y a cinq ans pour rejoindre le monde du BTP. Il y a plusieurs mois, alors qu'il conduisait son neveu et sa nièce à l'école, il est tombé sur un reportage à la radio. L'animateur évoquait la trajectoire d'un agresseur sexuel relâché un mois après son incarcération. Cette histoire ne lui est jamais sortie de la tête.

« J'ai fait des recherches sur Internet et je suis tombé sur les Creep Catchers », se souvient-il. Il est alors entré en contact avec le groupe et a monté sa propre section à Surrey.

Ryan n'a jamais subi d'agression sexuelle. S'il affirme s'être engagé pour défendre les enfants, il ne dirait pas non à un peu plus d'exposition médiatique. Il reconnaît qu'il aimerait disposer de sa propre émission de téléréalité.

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Beaucoup de gens le reconnaissent dans la rue – son visage et ses vêtements floqués mettent la puce à l'oreille d'un bon nombre de passants.

Lorsque des badauds observent une « embuscade » et demandent des précisions à Ryan, il répond simplement « Creep Catchers : nous chassons les pédophiles », comme s'il était un agent du FBI en pleine intervention.

« C'est un moyen comme un autre de se valoriser, de se créer une image de justicier », me confie Christopher Schneider, professeur de sociologie à l'université Brandon et auteur d'un livre sur la surveillance et les réseaux sociaux.

Selon lui, il n'y a rien d'étonnant à compter parmi ces chasseurs de pédophiles de nombreux hommes blancs issus d'un milieu ouvrier en proie à d'immenses difficultés. « Les gens reconnaissent et applaudissent leurs efforts », rappelle Schneider.

Dans une société où l'on préfère les résultats immédiats, la justice est souvent considérée comme trop lente et trop tendre envers les pédophiles – un atout majeur pour la popularité des Creep Catchers.

« Il est facile d'occuper le haut de l'affiche en diabolisant les pédophiles, affirme Christopher Schneider. Ce sont sûrement les criminels les plus diabolisés et stigmatisés. »


Dawson Raymond a récemment supprimé son compte Facebook à cause des nombreuses querelles entre les différents groupes de chasseurs. En dépit de l'exaspération ambiante, il reste inflexible et dit qu'il n'arrêtera jamais ses « prises ».

« Quand j'aurai 90 ans et que je serai dans mon fauteuil roulant, je chasserai encore ces mecs, promet-il. Je continuerai jusque dans ma tombe. »

Manisha Krishnan est sur Twitter.