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​Les surfeurs parisiens attendent la vague artificielle

Serpent de mer depuis quelques années dans la communauté des surfeurs de la capitale, le projet de surf park francilien est toujours en cours, et devrait éclore dans deux ans.
Image Waves in City

Embarquer sa planche sous le bras, faire 30 minutes de RER et aller surfer des vagues parfaites pendant une après-midi, c'est le scénario dont rêvent les surfeurs parisiens depuis quelques temps déjà. Depuis l'annonce d'un projet de surf park en région parisienne il y a cinq ans exactement. Intitulé "Waves in City", celui-ci est ambitieux, et il est connu de tous ces surfeurs galériens qui quittent Paris certains week-ends pour aller se jeter la planche la première dans l'Atlantique. L'idée : 15 à 20 secondes de ride toute les minutes sur une vague artificielle d'un lac de 3 hectares dans un lieu à moins de 30 minutes de Paris. 5 hectares en tout, une plage avec zone de bain, un bowl pour le skate, une vague indoor, un espace restauration et commerces, bref, un complexe sportif entièrement dédié à la glisse.

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Rumeur affriolante devenue vieux serpent de mer, le projet est vu d'un œil désabusé par les surfeurs parisiens. « Ils repoussent toujours », « Moi, j'y crois pas, ça va jamais se faire »… Il faut dire que l'ouverture a un temps été annoncée en 2016, et cette année, quelques informations ont filtré, mais on peine toujours à distinguer une quelconque vague artificielle à l'horizon. Jérôme Villeminot, co-initiateur de Waves in City avec Christophe Verrier, bosse à temps plein sur le projet démarré en 2011. Il se veut rassurant : « On peut comprendre la peine des utilisateurs. Il y a beaucoup de passion autour du projet, mais ça ne se monte pas en cinq minutes. C'est un projet d'infrastructure, d'équipement sportif, avec une dimension immobilière et donc des délais longs. Pour rassurer notre public, on peut confirmer qu'il y a bien un projet en Île-de-France avec une ouverture prévue pour l'été 2018 ou pour 2019. »

Où exactement ? Avec quel type de technologie ? Après des effets d'annonce qui ont un peu porté atteinte à la crédibilité de la chose, Jérôme Villeminot se veut désormais prudent. Sur le lieu d'implantation de ce parc de surf urbain, rien d'officiel pour le moment, mais le terrain a été trouvé, « un site exceptionnel qui correspond exactement à ce qu'on cherchait, situé à moins de trente minutes de Paris en RER et déjà doté d'une gare ». Et sur la technologie utilisée, pas d'infos non plus pour le moment. « On annoncera tout cela au printemps prochain en principe », confie le co-créateur de Waves in City.

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Image Waves in City

Le projet parisien reste le plus avancé des projets de surf parks sur le territoire français. L'année prochaine devrait être l'année de l'explosion de ces parcs à vagues à travers le monde, avec des ouvertures notamment prévues à Madrid, en Australie ou à Hawaii. Dans ceux-ci, on retrouvera la technologie génératrice de vagues artificielles la plus répandue : Wavegarden, développée au Pays basque espagnol. C'est elle dont se sont dotés les deux principaux surf parks qui se sont ouverts depuis l'an dernier. Surf Snowdonia au pays de Galles, tout d'abord, ouvert en août 2015 et où a eu lieu la première compétition de surf sur vague artificielle, le Red Bull Unleashed, en septembre 2015. Et depuis peu, il y a NLand, un surf park qui vient d'être inauguré à Austin au Texas. L'autre technologie qui déchaîne les passions, c'est celle de Kelly Slater, dévoilée en décembre 2015 dans une vidéo qui a fait frissonner les surfeurs du monde entier en raison de la qualité de la vague.

Kelly's Wave from Kelly Slater Wave Co on Vimeo.

Les surfeurs parisiens, eux, sont convaincus, dans l'idée, par l'installation d'un parc à vagues pas très loin de Paris, mais attendent toujours des preuves concrètes. Car pour le moment, pratiquer sa passion quand on aime l'odeur de la wax et qu'on est Francilien demande du temps et de l'argent. Comptez 100 à 150 euros par week-end en fonction des différents paramètres : Landes, Finistère ou Vendée ? Voiture ou TGV et voiture de location ? Maison familiale, camping sauvage ou AirBnB ? Un petit budget à prendre en compte, et des conditions pas forcément au rendez-vous au moment où on a un peu de temps libre.

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Alors si des vagues artificielles naissent en Île-de-France, beaucoup d'entre eux iront les surfer avec plaisir, mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils stopperont leurs expéditions régulières vers Bud Bud ou La Torche. Sur le groupe Facebook "Surfers from paris", qui rassemble ces Parisiens en manque d'eau salée, on voit ainsi l'arrivée du projet Waves in City comme un complément dans la pratique du surf, pas comme un substitut. Louis : « La vague artificielle serait le moyen le plus efficace pour s'améliorer techniquement : la progression doit être 50 fois plus lente dans les vagues naturelles. Donc parfait quand les conditions ne sont pas idéales sur la côte, en moyenne un week-end sur deux. Mais ça ne devrait pas changer nos habitudes. »

Même raisonnement chez Alexandre, qui rallie le Morbihan ou le Finistère sud dès qu'il le peut : « Un parc à vagues ce serait cool pour parfaire la technique mais ça ne remplacera jamais le vrai surf, car ce sont l'environnement, la recherche du spot, l'imprévisibilité des conditions qui font tout le charme du sport. On ne va pas à la piscine, il y a un contact, un rapport avec la nature très important. Mais ça ne m'empêchera pas de faire les deux car c'est beaucoup plus simple de progresser sur une vague artificielle, régulière et prévisible. »

La Fédération française de surf surveille du coin de l'œil l'éclosion de ces parcs à vagues sur le territoire, que ce soit le Waves in City parisien, ou les surf parks qui pourraient ouvrir à Bordeaux ou Nantes. « On sera attentif à ce qui va se concrétiser, explique Stéphane Sisco de la FFS. On doit réglementer la pratique du surf sur le territoire, donc on fera attention à ce que tout soit fait dans les règles de l'art. » La fédération avait son propre projet jusqu'à l'an dernier, un "Clairefontaine du surf" dans les Landes désormais au point mort.

Ce qui pose la question des JO 2024 : avec Paris ville candidate, et le surf au programme olympique, se pourrait-il que l'épreuve se déroule dans un surf park ? « On peut imaginer soumettre une solution de secours avec un parc à vagues artificielles, confie Stéphane Sisco. Mais si Paris est choisie, la compétition de surf se fera sûrement dans une ville de la façade atlantique. » Les Mondiaux de surf se déroulant à Biarritz l'année prochaine en soutien de la candidature Paris 2024, difficile d'imaginer faire machine arrière pour privilégier des vagues artificielles. Tokyo avait soumis l'idée, de son côté, que la compétition se déroule dans un surf park, avant d'annoncer dernièrement que les spots naturels avaient plutôt leurs faveurs.

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Chez Waves in City, le dossier JO est suivi de près. Mais l'horizon 2024 est encore loin : Jérôme Villeminot espère qu'à ce moment-là, deux ou trois autres de ses surf parks seront nés sur le territoire. Les créateurs de Waves in City prévoient ainsi d'essaimer leur concept en France une fois que le projet parisien aura vu le jour, dans des régions éloignées de la façade atlantique comme en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le sud-est ou dans l'est. Ambitieux vu l'avancement de la chose pour le moment, mais il l'assure aux surfeurs parisiens : le Waves in City francilien est bien en route. Preuve du sérieux de l'entreprise, celui-ci s'inscrit dans le projet du Grand Paris. « A leur place, le temps peut paraître très long. Mais il y a bien un projet qui sortira à Paris. Il n'y a rien de grand et de pérenne qui se soit fait en quelques jours. C'est du travail de longue haleine. » L'attente, ça fait aussi partie du surf.