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LE NUMÉRO C'EST UN PEU CHELOU, NON ?

Bois cette merde, bitch

Début 2012, des agences de renseignements américaines ont publié un rapport concernant la probabilité grandissante d’une guerre interétatique due à la diminution des réserves d’eau potable.

Illustration : Ben Montero

Début 2012, des agences de renseignements américaines ont publié un rapport concernant la probabilité grandissante d’une guerre interétatique due à la diminution des réserves d’eau potable. Pour y échapper, l’une des solutions possibles consisterait à boire nos excréments. D’ailleurs, depuis les années 1950, les eaux usées sont recyclées et purifiées afin d’être bues dans beaucoup d’endroits du monde. En d’autres termes, des tonnes de diarrhée dysentérique ont été changées en un liquide clair comme du cristal dont vous n’auriez jamais soupçonné qu’il provenait d’un anus. En Australie, Perth est la dernière municipalité en date à avoir testé cette source d’eau potable avec ce qu’ils ont appelé le « Test de Réapprovisionnement des Eaux Souterraines ». Depuis novembre 2010, la ville a pompé plus de 1500 mégalitres de matière fécale souterraine qu’elle a stockés. Le plan, c’est de tout laisser reposer jusqu’à la fin de l’année – jusqu’à ce que les habitants de Perth décident s’ils ont assez soif pour se laisser tenter par une gorgée d’eau de merde. Nick Turner, le responsable de la planification au sein de la Water Corporation, nous a expliqué que se désaltérer directement à partir de la fosse septique n’était pas si terrible : « Il n’y a plus d’eau dans le monde et il faudra se débrouiller sans pendant des millions d’années », avant d’ajouter, bon prince : « Il y a peut-être une molécule de la pisse de Léonard de Vinci dans l’eau que je bois aujourd’hui. » Pour changer de sujet, on a demandé à Nick de nous livrer ses secrets de fabrication d’eau potable. TRAITEMENT PRÉLIMINAIRE : On passe les eaux usées à travers une série de filtres afin d’éliminer toutes les saloperies contenues dans la merde (« un coup de torchon et de brosse », dixit Nick). PREMIÈRE ÉTAPE DU TRAITEMENT : Après avoir été filtrée une première fois, la merde est pompée dans un container au sein duquel elle reste jusqu’à ce que la gravité la sépare de ses dernières matières solides ; à partir de là, elle est prête à passer dans les machines de purification. DEUXIÈME ÉTAPE DU TRAITEMENT : Après l’élimination de toutes les matières solides, le liquide est transféré dans une fosse à oxygène remplie de microorganismes friands de matières fécales, de drogues et d’hormones. TRAITEMENT AVANCÉ : À cette étape du processus, vous obtenez un liquide que vous n’accepteriez certainement pas de boire mais dans lequel vous pourriez nager si vous vous trouviez en pleine montée de MDMA. La prochaine étape consiste à purifier tout ça grâce à des filtres qui éliminent tout ce qui dépasse 1/3000e de la taille d’un cheveu humain. L’eau est ensuite passée aux rayons ultraviolets ; ce qui représente, selon Nick, « un simple contrat d’assurance ». INJECTION : Le liquide est désormais tout à fait transparent et théoriquement potable (c’est tout de même un peu plus salé que l’eau du robinet) mais tout n’est pas tout à fait terminé. La procédure finale consiste à injecter le liquide obtenu à 200 mètres sous terre où il sera dilué dans les 120 000 gigalitres d’eau de la nappe phréatique. CONTRÔLE : Pour finir, l’eau est continuellement examinée par des gens qui font un job chiant mais important. Jusqu’à présent, plus de 40 000 échantillons ont été testés, et tout le monde a décrété que c’était « OK ».