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LE NUMÉRO TROMPE-LA-MORT

Il boit un whisky de temps en temps

Le punk hardcore est un genre musical qui a pour habitude de « ne ne pas plaire aux filles normales », soit de « ne pas être sexy », autrement dit de purement et simplement « casser les couilles »

Photo : Frank Hamilton

Le punk hardcore est un genre musical qui a pour habitude de « ne ne pas plaire aux filles normales », soit de « ne pas être sexy », autrement dit de purement et simplement « casser les couilles » à quiconque ne fait pas partie de la petite secte utra-violente privilégiée qu’il est de bon ton d’appeler « mouvement ». Mais comme le XXIème siècle a décrété qu’écouter de nouvelles musiques valait le prix d’une connexion Internet, plusieurs punks de formation se sont mis à créer des variantes intéressantes au gros hardcore de type en short. Notamment les mecs de Double Dagger, qui ont préféré inventer la musique la plus forte du monde. Vice : C’est facile d’être un groupe de rock sans guitare ?
Bruce : Ça nous prévient de très dangereux solos de guitare dans nos morceaux. Et les solos de basse ne sont jamais cool. Jamais. Quel est le groupe qui joue le plus fort du monde, à part vous ?
Bruce : Pendant longtemps, ça a été ce putain de groupe de Washington qui s’appelait Enemymine. En une seule tournée, ils se sont fait bannir de tous les clubs dans lesquels ils ont joué. Se faire engueuler par son public parce que ta musique est trop forte est aussi un des trucs auxquels on aspire. D’ailleurs c’est étrange que vous ayez réussi à obtenir un son comme ça en enregistrant dans un studio pourri sans électricité. Vous êtes des sortes de magiciens ?
Nolen : Nous avons eu recours à des méthodes punk-rock très spéciales pour augmenter la puissance des amplis, en utilisant notamment un sac à citron, une vieille cartouche de NES, trois bouteilles de vinaigre, une touffe de cheveux et une boîte d’allumettes. On se sert aussi de longues rallonges qui changent les fréquences des notes que l’on joue. C’est vrai que vous avez pété des gueules à des mecs pendant vos shows ?
Bruce : Nolen a mis des patates à pas mal de gens, Denny a jeté sa batterie sur le public. Plein de mecs, dont Nolen, sont repartis de nos concerts en ayant les lunettes pétées. On nous a dit qu’il y avait pas de mal de sang à la fin de notre release party, mais on n’a pas su à quoi c’était dû. Parfois, en concert, on est tellement absorbés par ce que l’on fait que l’on oublie complètement les gens autour. Du coup, ils finissent par nous insulter. « C’est la vie, c’est la guerre », comme vous dites ici. Je sais pas trop si ça se dit. Mais d’où vous parlez français, au fait ?
Denny : Bruce est capable de commander un « café au lait », Nolen s’est intéressé aux situationnistes. Notre culture française s’arrête là.
Bruce : Non attends, on sait que vous adorez couvrir vos plats de sauce, vous nous avez aidés à gagner la révolution américaine, vous avez eu quelques-uns des réalisateurs de ciné les plus connus dans les années 1960 et vous adorez Jerry Lewis. Hmm, quoi d’autre ? Vous avez résisté contre les nazis, vous faites des fromages et du vin, vous détestez Bush et adorez Obama et c’est assez marrant quand des Français font du rap. Ah, et vous fumez tous aussi. C’est hyper straight edge cette réflexion.
Bruce : On n’a pourtant jamais été straight edge, à part Nolen jusqu’à l’an dernier. Depuis, il boit un whisky de temps en temps.
Denny : On trouve que Minor Threat reste le meilleur groupe du monde, mais on n’a jamais été dans ces histoires de youth of ‘88 ou de militantisme straigt edge pourri. C’est hyper débile, ça sonne comme un mauvais cartoon. JULIEN MOREL
L’album More de Double Dagger est disponible chez Thrill Jockey/Pias