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Culture

« Ils auraient préféré que je sois morte » : le Blair Witch Project hante toujours ses acteurs

« Le succès du Blair Witch Project est une chose avec laquelle on doit vivre pour toujours, comme une tumeur ou un tatouage facial. »
Image : Capture d'écran

Lionsgate a relancé la série Blair Witch avec un troisième film, en ce moment à l'affiche, dix-sept ans après l'été 1999, au cours duquel Blair Witch Project avait obsédé l'Amérique du Nord. Filmé en huit jours avec un budget microscopique de 60 000 dollars, il avait engrangé 248 millions de dollars, ce qui le place au cinquième rang des films indépendants les plus lucratifs.

Les spectateurs s'étaient rués dans les salles pour voir ce qu'ils pensaient être un enregistrement authentique de trois étudiants disparus dans une forêt hantée par une sorcière. Avant la sortie du film, le réalisateur, Eduardo Sanchez, avait créé un faux site internet pour faire de la sorcière une véritable légende urbaine. (Des années plus tard, beaucoup croient toujours qu'il s'agissait d'un documentaire.) Le film a été omniprésent dans la culture populaire et a influencé une kyrielle d'autres films d'horreur, dont Paranormal Activity, présentant des enregistrements vidéo « trouvés » et a été l'objet d'une des premières campagnes de marketing viral de l'ère d'internet.

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La popularité du film a ouvert à ses créateurs et ses vedettes les portes d'Hollywood, mais le marketing fait de légendes autour du film a éventuellement empoisonné la vie des acteurs, que beaucoup ont cru voir mourir en 1999. VICE a rencontré les auteurs, réalisateurs et acteurs du film original pour parler des huit jours de tournage déments et des effets néfastes du film sur leur vie.

Eduardo Sanchez et Dan Myrick se sont rencontrés alors qu'ils étudiaient en cinéma à l'Université de Floride au début des années 90. Ils ont collaboré à nombre de projets étudiants avant de se lancer ensemble dans la réalisation d'un film d'horreur.

Au commencement

Eduardo Sanchez, auteur réalisateur : Un week-end, suite à une discussion sur les films d'horreur, nous avons loué tous les films qui nous avaient fait flipper quand nous étions enfants, notamment des pseudo-documentaires tels que In Search of…,Chariot of the Gods,Legend of Boggy Creek. Nous les trouvions d'autant plus terrifiants qu'ils semblaient réels. On s'est demandé si ces films marcheraient avec le public contemporain.

Dan Myrick, auteur réalisateur : À partir de là, on a commencé à se dire qu'il serait flippant de tomber sur une maison dans les bois. Dans un tel cas de figure, vous êtes incapable de vous éloigner, vous êtes obligé d'entrer — il n'y a pas de retour en arrière. Au cours de l'année suivante, on a posé les bases du projet. Initialement, il devait s'agir d'un groupe d'explorateurs dans les bois.

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Sanchez : On voulait que le mythe [de la sorcière] soit très ancré dans la réalité, que les gens se disent : « OK, ça semble réel, il s'est forcément passé quelque chose. » On ne voulait rien de trop extraordinaire afin que les gens y croient.

Myrick : On a utilisé le folklore américain contemporain comme point de référence, notamment le Triangle des Bermudes, cet endroit mystérieux où disparaissent les gens, qui fait l'objet de beaucoup de théories du complot. Le folklore de la Guerre civile, le folklore amérindien — autant d'éléments de l'histoire du pays qui ont enrichi l'univers que nous voulions créer.

Sanchez : Dès le départ, il allait de soi que l'histoire se déroulerait dans le Maryland.

Des acteurs dans les bois

Avec l'aide du producteur Greg Hale, Myrick et Sanchez ont commencé à monter une vidéo promo de huit minutes dans le but d'attirer des investisseurs. La vidéo a finalement été vendue à Split Screen. L'argent de la vente — en plus des fonds obtenus grâce à des amis et à la famille, ainsi que les revenus de vidéos que Myrick a montées pour Planet Hollywood — a financé le film. Ils ont ensuite recruté des acteurs doués en improvisation.

Sanchez : On savait que si les spectateurs sentaient, ne serait-ce qu'une seconde, que c'était de la comédie, on allait les perdre. Il était donc très important que ces acteurs sachent improviser de manière non exagérée.

Heather Donahue, actrice : J'étais la fondatrice d'un collectif d'improvisation appelé Red Shag et je faisais partie d'une compagnie de théâtre — Collision Theory. Je faisais beaucoup d'impros, mais dans un tout autre genre, donc j'étais très excitée quand j'ai entendu parler de Blair Witch.

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Sanchez : Les acteurs entraient dans la pièce et on commençait immédiatement à leur poser des questions. On disait aux gens pendant l'audition : « Dès que vous entrez dans la pièce, l'audition commence. » Ça a marché pour certains, pas pour d'autres.

Donahue : Dan, Ed et Greg avaient établi un scénario d'improvisation pour nous. Quand je suis arrivée à l'audition, ils m'ont dit : « Vous avez purgé la moitié de votre peine pour le meurtre d'un bébé. Pourquoi devrions-nous vous laisser sortir? » Je les ai regardés et leur ai répondu : « Je ne pense pas que vous devriez. » Je pense que je suis la seule femme à avoir dit ça, donc j'ai eu le rôle.

Joshua Leonard, acteur : J'ai été pris pour Blair Witch, car j'avais déjà quelques expériences de comédien et que je savais tenir une caméra. J'étais dans le même état d'esprit que beaucoup de jeunes de mon âge — peut-être que je vais devenir photographe, ou réalisateur de documentaires, ou poète, ou acteur — et je me suis contenté de suivre ce qui était cool à l'époque.

Des campeurs dans le Maryland

Heather Donahue, Joshua Leonard et Michael C. Williams ont été choisis, et leurs personnages portent leur vrai nom. Avec l'équipe, les acteurs se sont installés dans le Maryland pour un tournage de huit jours, d'abord dans la véritable ville de Burkittsville, puis dans des parcs nationaux. Les acteurs ont campé dans des tentes et ont filmé eux-mêmes leurs séquences, pendant que l'équipe les observait. Ils ont improvisé une bonne partie du film.

Donahue : La première réaction de mes proches a été de me déconseiller de suivre une bande de types que je ne connaissais pas dans les bois. Ma mère a voulu avoir le numéro de sécurité sociale de chacun. Mes amis se sont assurés que j'emporte un couteau avec moi. En fait, ça n'a pas été si difficile. Je pensais qu'on allait me demander de dépecer un écureuil.

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Leonard : Je travaillais pour une boîte de prod expérimentale à l'origine des films de Kenneth Anger, Derek Jarman et Maya Deren, donc la caméra embarquée me semblait être une technique fascinante. De toute façon, j'étais probablement trop défoncé pour avoir peur.

Myrick : Tous les bruits étranges que l'on entend dans le film, c'est nous qui courons dans les bois. Quand ils se réveillent et qu'il y a un tas de pierres devant leurs tentes, c'est nous qui l'avons placé, bien évidemment. Les figurines en bois, nous les avons accrochées. On les a guidés 24 heures sur 24, vraiment. On a tout installé préalablement et ils ont simplement suivi nos indications. Ils avaient un appareil GPS que l'on préprogrammait quotidiennement [et] qui leur disait où ils devaient aller et l'heure à laquelle ils devaient y être. On a secoué leurs tentes, diffusé des enregistrements de voix d'enfants, fait du bruit en plein milieu de la nuit et on les a menés jusqu'à cette maison à la fin — on a joué la sorcière, en somme.

Donahue : Ils nous ont fait savoir qu'ils se préoccupaient de notre sécurité, mais pas de notre confort. Et que ça allait être du 24 heures sur 24. On savait seulement que ça allait être désagréable, que ça concernait une sorcière, qu'à chaque fois qu'ils nous donnaient des consignes, elles avaient pour but de générer un conflit, et qu'on devait laisser les caméras en marche autant que possible.

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Myrick : Pour ce qui est du mythe, on a donné quelques informations à Mike et Josh, mais Heather était la seule à vraiment connaître la majeure partie de l'histoire de la sorcière. Le but était que les autres acteurs se demandent : « Pourquoi sommes-nous ici? Qu'est-ce que c'est, cette histoire de sorcière? »

Donahue : J'avais déjà tourné dans un film étudiant, deux ans auparavant, avec une jeune réalisatrice. J'ai dû me demander : « Quelle femme continuerait à filmer alors qu'elle vit un moment horrible? » N'importe quelle personne normale aurait arrêté de filmer. Il n'y avait pas beaucoup de personnages féminins au cinéma à l'époque. Les choses ont beaucoup changé. Les personnages féminins sont plus complexes. J'ai remporté le Razzie de la pire actrice de l'année, mais je pense que c'était plus à cause du personnage que de ma performance. C'était une femme dynamique qui ne portait pas de mascara et était devant la caméra en 1999.

Sanchez : Les acteurs ont été géniaux, ils n'ont reculé devant rien. Ils se sont montrés courageux face à ce qu'on leur demandait. Je pense qu'ils avaient confiance en nous. On leur a dit : « Vous allez être dans les bois 24 heures sur 24 et on va vous faire peur la nuit », et ils nous ont tout de même fait confiance.

Heather Donahue, vedette du film. Photo : Steve Azzara, Corbis, Getty Images

Les mythes autour du film

Comme la légende du Blair Witch Project, le tournage du film a inspiré beaucoup de vraies histoires. Les rumeurs d'acteurs qui pleurent pris d'hystérie pendant le tournage des scènes abondent parce que beaucoup ont cru que tout était vrai. En réalité, le tournage a été assez banal, si ce n'est de la difficulté supplémentaire pour les acteurs.

Leonard : Eh bien, il n'y avait pas de fantômes d'enfants dans les bois. Ce n'était donc pas réel, pour autant que je sache.

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Donahue : Il n'y a rien d'intrinsèquement effrayant dans un tas de pierres. On a dû faire semblant, comme pour n'importe quel boulot.

Myrick : Ils étaient sans doute surpris, mais j'ai du mal à les imaginer vraiment effrayés. Par exemple, la scène finale dans la maison semble être réalisée en une seule prise — Heather pousse un cri perçant et perd la tête. En réalité, on a filmé ça en plusieurs prises et sur deux jours — c'est l'un des segments les plus traditionnels du film. On a dû commencer et recommencer et faire attention à ce que personne ne se blesse dans cette maison. C'était bien orchestré. Personne n'a été effrayé. Ils étaient fatigués! La peur qui s'inscrit sur leur visage relève de la performance pure et dure.

Leonard : Je me disais toujours : « Ce n'est pas le Colonel Kurtz remontant la rivière dans Au cœur des ténèbres. Ce n'est pas le tournage d'Apocalypse Now qui prend un an et vous fait perdre la tête. » Dès le départ, il était clair que ce n'était qu'un tournage de huit jours. Ceci dit, il faisait froid, on avait faim et étions fatigués — ça a certainement joué.

Myrick : On a diminué leurs provisions progressivement. On ne les a jamais affamés ou quoi que ce soit, mais on a fait en sorte qu'ils soient un peu grognons à la fin.

Donahue : On avait un mot de code, bulldozer, pour tout arrêter, au besoin. Un jour, on a fait de la randonnée sous la pluie toute la journée. Ils avaient monté des tentes et quand nous les avons retrouvées grâce au GPS, elles étaient inondées d'eau. On s'est dit : « C'est fini. On n'a pas à jouer dans ces conditions. » On a pris la radio et répété : « Bulldozer, bulldozer, bulldozer! » Mais ils étaient tous en train de dîner chez Chi-Chi et ne nous ont pas entendus. On a dû sortir du bois et toquer à la porte de la première maison. Les gens ont été assez sympas et confiants pour nous laisser entrer. Ils nous ont même offert un chocolat chaud. On a dormi à l'hôtel cette nuit-là.

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Certains des meilleurs passages du film ont été des surprises totales pour l'équipe. Certaines frayeurs planifiées, en revanche, n'ont pas été correctement enregistrées et ont modifié l'évolution du film — le meilleur exemple étant le célèbre monologue au cours duquel Donahue pleure devant la caméra. Ce gros plan est par la suite devenu l'affiche emblématique du film.

Myrick : On avait prévu qu'une figure humanoïde apparaisse dans les bois quelque part. Un ami à nous était garé entre des arbres, et on espérait que la caméra le capte. C'est à ça que réagissait Heather [quand elle courait dans les bois] en disant : « Qu'est-ce que c'est que ça? » Mais on ne l'a jamais vu à l'image. Je me suis senti mal pour le gars, parce qu'il faisait vraiment froid cette nuit-là et qu'il est tombé dans l'eau. On a dû lui filer nos vêtements. Beaucoup de travail pour peu de résultats, excepté le « Qu'est-ce que c'est que ça? »

Sanchez : On ne savait pas que [le monologue final de Donahue] allait devenir un passage aussi emblématique de notre film. On avait donné [à Heather et Williams] les mêmes indications. On avait dit à Heather : « Tu ne veux pas effrayer Mike, alors prends la caméra, trouve un endroit près de la tente et dis au revoir à tous les gens que tu connais. Tu vas mourir. » C'est là qu'elle a livré cette performance brillante. Quand on a vu le résultat, on s'est dit : « Wow, ça va être vraiment puissant. »

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Image : Capture d'écran

Donahue : Je savais que mon personnage allait mourir et que Josh était sans doute déjà mort. Je savais que Mike allait mourir et que c'était entièrement de ma faute — c'était aussi simple que ça. Ce que je dis dans ce monologue est assez franc. Je me disais que j'étais quelqu'un de mauvais et que j'avais échoué. Je savais que j'étais impuissante et que mon nez coulait. En y repensant, j'aurais fait certaines choses différemment. J'aurais probablement mis la caméra dans un plus grand angle.

Leonard : On a réalisé un film à partir de faux matériel trouvé parce que notre budget correspondait à ça. Je pense que c'était sous-entendu dans la narration : « Les images seront merdiques et le son aussi sera mauvais des fois, mais c'est OK, parce que c'est intentionnel, c'est vraiment censé être le cas des personnages. » On avait une caméra à 300 dollars, une autre chopée gratuitement, mais ça me fait rire quand un grand studio essaie de créer du faux matériel trouvé, avec des images merdiques et un mauvais son. C'est une bonne technique pour faire vivre une histoire, si c'est approprié.

Quand tout le monde croit que vous êtes mort

Après le tournage, Myrick et Sanchez ont passé plusieurs mois à monter les séquences et condenser les performances de leurs acteurs en 81 minutes. Le film a été accepté au Festival du film de Sundance et Artisan Entertainement a acheté les droits de distribution. Sanchez a créé un site internet pour donner un contexte mythologique au film, ce qui a convaincu le public qu'il s'agissait de vidéos authentiques. Artisan a également caché les acteurs à la première du film et a modifié leur profil sur IMDB pour laisser croire qu'ils étaient décédés. Le canular s'est tellement propagé que la mère de Donahue a reçu des cartes de condoléances.

Donahue : Être morte? Comment ça a affecté ma carrière? De manière négative.

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Leonard : C'était vraiment bizarre, mes parents recevaient des coups de fil de gens confus, qui demandaient : « Est-ce que Josh va bien? » Mais en termes de carrière, c'est simple, je n'avais pas de carrière avant le film. J'étais loin d'être un acteur en vogue.

Sanchez : Une fois que le film a été vendu, on a perdu le contrôle en tant que réalisateurs. Artisan nous a dit : « Nous voulons le vendre comme un enregistrement authentique et cacher les acteurs pendant quelques semaines ». À ce moment-là, on s'est dit que ça pourrait marcher. On aurait sans doute fait les choses différemment, mais ça a marché. Ça a brassé beaucoup d'argent.

Les réactions négatives du public face au film

Le film, qui a rapporté 248 639 099 $, a d'abord été encensé par la critique. Myrick et Sanchez ont même remporté un Independent Spirit Award. Mais l'énorme popularité qui a suivi s'est vite retournée contre l'équipe et les acteurs.

Sanchez : Très vite, après la sortie du film, il y a eu un retour de flamme. Les gens ne s'attendaient pas à ça. Ils s'attendaient à un film d'horreur bien plus conventionnel. Blair Witch n'a pas tenu les promesses du genre horrifique et les gens se sont dit : « Regardez, ils essaient de nous tromper, ils pensent que nous sommes stupides! » Mais à ce moment-là, le film avait rapporté beaucoup d'argent et remporté un franc succès — donc personne ne s'en souciait vraiment. Mais en tant que réalisateurs, ça nous a dérangés.

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Myrick : Je pense que ce retour de flamme a été plutôt naturel. Les critiques positives ont pullulé au début, quand les gens n'avaient aucune attente par rapport au film. C'est ce qu'il y a de problématique avec la publicité : il est de bon ton de ne pas aimer ce qu'aiment les autres.

Leonard : Après la sortie, on m'a souvent dit : « Je déteste ce truc! Je veux qu'on me rembourse mes 10 dollars! » Le film n'a jamais été destiné à une consommation de masse.

Donahue : Il m'est très difficile de revenir sur ces réactions négatives, dans le sens où elles m'ont touchée directement et personnellement. Ma mère a reçu des cartes de condoléances, des gens m'ont abordée dans la rue pour me dire qu'ils auraient préféré que je sois morte, qu'ils voulaient que je leur rende leur argent. Je roulais dans ma Toyota Celica 1984 à L.A. sous un panneau avec mon propre visage dessus. Ç'a été une expérience profondément surréelle.

Sanchez : Pour les spectateurs qui ont compris, ça a été une expérience vraiment unique et intense. Pour ceux qui n'ont pas compris, ça n'a été qu'une suite d'images tremblotantes.

Donahue : Je n'avais aucune expérience de la caméra, comme on peut le voir à l'écran d'ailleurs. Apparemment, beaucoup de gens ont vomi, je me sens un peu mal pour ça.

La légende tenace

Même si le film a été réalisé il y a plus de 15 ans, la légende de la sorcière perdure, et beaucoup de fans croient que, si elle n'a pas existé, l'horreur qui l'entoure, elle, est néanmoins vraie.

Sanchez : Artisan a réalisé un sondage pour savoir qui croyait à la légende de la sorcière, et un nombre assez dingue de gens — dans les 50 % — y croyait dur comme fer.

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Image : Capture d'écran

Donahue : Sur internet, certaines personnes pensent qu'on est complices, qu'on a été embauchés pour dissimuler la disparition des véritables étudiants.

Myrick : Je pense qu'il est dans notre nature de vouloir croire aux forces surnaturelles — que ce soit le Triangle des Bermudes, les ovnis ou les fantômes. Ça fait partie de notre ADN. Blair Witch s'inscrit parfaitement dans cette tendance, c'est pourquoi il y aura toujours des gens pour penser que certains éléments du Blair Witch Project sont basés sur des faits réels.

Sanchez : On est d'assez bons menteurs, doués pour raconter un tas de conneries.

Les grands regrets et les prochains défis

Après le succès du film, les membres de l'équipe ont poursuivi leur carrière respective : Sanchez et Myrick ont réalisé d'autres films d'horreur, tandis que Leonard a travaillé comme acteur à Hollywood. Donahue a joué dans d'autres films avant de quitter le métier pour cultiver du cannabis thérapeutique, même s'il lui arrive encore de faire des films de temps en temps. L'utilisation de son véritable nom dans le film est ce qu'elle regrette le plus. Dans le nouveau film, le personnage de James Donahue est le frère de son personnage et porte le véritable nom de famille de l'actrice.

Donahue : Le succès du Blair Witch Project est une chose avec laquelle on doit vivre pour toujours, comme une tumeur ou un tatouage facial. C'est comme s'il était toujours présent. On pose encore des questions à ma mère au sujet des messages de condoléances. Quant à ma sœur, ses collègues de boulot lui demandent : « Ta sœur est-elle dans le film? Tu as vraiment un frère qui s'appelle James? » Eh bien non, mais mon père s'appelle James! C'est écrit sur ma page Wikipédia.

Myrick : En tant qu'artiste, on fait ça en partie pour laisser une trace, pour influencer les gens, pour les toucher, et c'est ce qu'a fait Blair Witch. Je serai toujours reconnaissant d'y avoir pris part. On se souvient de moi grâce à ce film. Peu de réalisateurs peuvent dire ça.

Donahue : Tous ces nouveaux films à partir de faux matériel trouvé sont de vrais films maintenant, avec de vrais budgets. Ils ne se comparent pas à Blair Witch Project. On n'aurait pas pu faire Blair Witch Project avec des acteurs de la guilde : on a tourné sans arrêt pendant une semaine, sans pauses pour les repas, sans direction. C'était un tournage sauvage, ce qui est impossible s'il faut offrir un service de traiteurs et assurer la sécurité en tout temps. C'est le vrai défi des films de faux matériel trouvé d'aujourd'hui. On n'arrivera pas à reproduire ce que ç'a été.