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LE NUMÉRO DU TALION

Livres et DVD

Fury est un De Palma merveilleux, magistral et 600 fois mieux que dans mon souvenir, une sorte de production télé cousine de Scanners où des mecs tournent sur eux-mêmes avant d'exploser et déverser des litres de sang.

LOVE EXPOSURE
Sion Sono
HK Les nerds du cinéma ont arrêté de croire au Japon quand ils ont compris que l’espoir qu’ils fondaient en Takashi Miike était vain. Le dernier Takeshi Kitano étant injustement passé inaperçu – alors que c’est l’un de ses tout meilleurs films –, on n’a plus qu’à compter sur deux ou trois cinéastes pour nous rappeler l’aspect majeur de la production issue du meilleur pays du monde après le Cameroun. Sion Sono, notamment, pourrait se faire connaître des cinéphiles les plus influents d’Allociné si ses films sortaient au cinéma, mais pour ça, encore faudrait-il que ce qui est considéré comme son chef-d’œuvre ne dure pas 240 putains de minutes impossibles à faire rentrer sur un DVD entier. Ça n’a pas empêché mon pote Jérémie de le mater sur Skype avec sa meuf qui habite au Brésil, mais j’aimerais bien pouvoir discuter de ce grand film avec plus de deux personnes, vu que ma meuf, elle, s’est endormie au milieu parce qu’elle avait trop pleuré en se faisant la totale des PS22 sur Youtube. FRANCIS LAID

FURY
Brian de Palma
Twilight Time/Screen Archive Quand je fais le point sur mes cinéastes préférés, Brian de Palma est loin d’être le premier nom auquel je pense. Pourtant à chaque film de lui que je revois, je trouve ça merveilleux et magistral, je suis capable d’en parler avec autant de passion que je parlerais d’Alex Cox et je me suis récemment rendu compte que je possédais plus de films de lui dans ma vidéothèque que de n’importe quel autre cinéaste. À mes yeux, c’est un mystère que j’ai décidé de résoudre en me procurant TOUS les films du réalisateur qui manquaient à mon étagère, notamment Fury, dont j’avais un chouette souvenir de production télé. Comme il vient de sortir en blu-ray toutes zones aux États-Unis, je l’ai chopé, et j’ai été vachement surpris de voir qu’il était 600 fois mieux que dans mon souvenir. Tout le monde se marre dans ce cousin de Scanners vachement bruyant où les corps explosent et où des meufs tournent sur elles-mêmes en étant incrustées sur des montages de scènes violentes claquées qui font penser à des trucs qu’Hamilton aurait pu sortir s’il avait été con. PINE DONAGGIO

GEORGES CLOONEY, UNE HISTOIRE VRAI
Philippe Valette
Delcourt On se demandait à la rédac si la BD Georges Clooney, phénomène viral de l’année dernière – assimilable à la culture « sympa » qui pullule sur Internet et génère plus de démagogie que la seconde moitié du 20e siècle à elle toute seule –, avait sa place dans ces colonnes. Quelqu’un a même évoqué son aspect gay, mais on était pourtant d’accord : on s’était tous marré en lisant Georges Clooney. J’ai donc défendu la présence du bouquin dans ces pages en finissant par dire sur iChat : « Vu la volatilité du support électronique, si on veut en garder un souvenir, on peut toujours choper une version papier en se disant que c’est le premier truc qu’on foutra au feu quand les autodafés redeviendront tendance et, vu la merde qu’on imprime aujourd’hui, il serait largement temps ». Ce à quoi on m’a répondu par un smiley las. BRAD BITE

DEAD CITIES
Guillaume Greff
Kaiserin Editions

Hey les émeutiers de banlieues, la prochaine fois qu’on vous menace d’envoyer l’armée dans vos quartiers, sachez que les mecs susceptibles de débarquer auront eu l’occasion de s’entraîner dans une ville fantôme de l’Aisne spécialement conçue pour ça. Guillaume Greff a photographié d’une manière très détachée tous les édifices de Jeoffrécourt : barres d’immeubles, pavillons lambdas, édifices religieux, tout y est. Ces décors d'un quotidien situé quelque part entre Grigny et Tombouctou sont transformés ici en possibles zones d’affrontement dans cette ville vide de 5 000 habitants. Le plus flippant, mais également ce qui fait que ce bouquin défonce, est le sentiment général qui se dégage de l’ensemble : des lieux parfaitement déserts et standardisés qui évoquent un monde débarrassé de l’humanité, une vision fantasmatique d’une guerre propre qui n’aurait anéanti « que » le vivant. D’autre part, on ne peut s’empêcher de penser que le propos final de ces photographies d’endroits déjà vus et parfois familiers n’apparaît qu’en creux – l'ennemi est partout et c'est sans doute nous. ALI TÉRATION