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FRANCE

La France arrête un homme soupçonné d’avoir projeté un attentat dans une salle de concert à son retour de Syrie

Arrêté en France à la mi-août, on lui aurait conseillé de quitter un territoire de l’organisation État islamique en Syrie en mai dernier, afin de perpétrer un attentat en Europe.
Image d'illustration VICE News / Etienne Rouillon

Un homme, de nationalité française selon certains médias locaux, a été mis en examen le 15 août dernier par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) de France, alors qu'il était revenu de Syrie, parce qu'il aurait eu comme projet de commettre un attentat dans une salle de concert en France. Ces informations ont été révélées ce vendredi matin par la chaîne de télévision française BFM TV.

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L'homme, présenté comme un Parisien d'une trentaine d'années, aurait reconnu ce projet au troisième jour de sa garde à vue. Il se trouve à présent en prison. Il avait été placé sous surveillance pendant un mois et demi avant d'être arrêté.

Le suspect aurait avoué avoir passé environ une semaine en Syrie au mois de mai 2015, à Rakka. Située dans le nord de ce pays en guerre depuis plus de quatre ans, la ville est considérée comme étant le fief de l'organisation État islamique (EI). L'homme y aurait suivi un entraînement au début de son séjour, lors duquel il se serait blessé à la jambe, touché par une grenade.

Un commanditaire lui aurait alors demandé de rentrer en Europe pour y perpétrer un attentat. Il aurait alors choisi de rentrer en France et envisagé des salles de concert comme cibles possibles.

Un retour passé inaperçu

Le suspect est rentré en empruntant un itinéraire assez complexe : il serait passé par Gaziantep dans le sud de la Turquie, puis Istanbul, et serait remonté par Varsovie, Prague puis Amsterdam, avant de finalement arriver à Paris. Il a ainsi pu échapper à la vigilance des services antiterroristes, qui surveillent les retours des Français partis en Syrie.

Il n'était pas connu des services de renseignement et n'avait pas de casier judiciaire. La DGSI a été avertie de son existence grâce à l'audition d'un djihadiste espagnol, arrêté et interrogé dans un autre pays européen. Un interrogatoire lors duquel il aurait donné le nom du Parisien.

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La ligne de défense du suspect

D'après les informations de la radio France info obtenues de sources proches du dossier, une arme de poing aurait été retrouvée lors de perquisitions à son domicile, mais aucun autre élément pouvant accréditer la thèse d'un attentat ciblant une salle de concert. Aucune date ou lieu visé ne semblent connus à ce stade de l'enquête, mais le projet d'attentat a toutefois été jugé sérieux par les enquêteurs.

Interrogés par VICE News ce vendredi, le ministère de l'Intérieur et le parquet de Paris n'ont pas souhaité commenter ce dossier dans les délais de parution de cet article.

D'après les informations de BFM TV, l'avocat du suspect affirme que celui-ci n'avait pas l'intention de passer à l'acte. Selon l'avocat, son client n'aurait dit approuver ce projet d'attentat auprès de son commanditaire que pour récupérer son passeport et pouvoir rentrer en France.

Vers des frappes en Syrie

L'annonce de cette arrestation intervient alors que le président français François Hollande a annoncé ce lundi lors d'une conférence de presse que la France allait effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie en vue de préparer des frappes contre l'EI.

À lire : La France prête à bombarder l'État islamique en Syrie

L'un des objectifs avancé par le gouvernement français pour motiver ces frappes, c'est de réduire la menace terroriste qui pèse sur la France. « C'est depuis la Syrie, nous en avons la preuve, que sont organisées des attaques contre plusieurs pays, et notamment le nôtre, » a déclaré François Hollande ce lundi.

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La France a été victime à plusieurs reprises d'attaques en lien avec le djihadisme en 2015, notamment l'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, celle contre un magasin Hyper Cacher en janvier, ainsi que l'attentat déjoué fin août dans un Thalys. Certains experts affirment que la France est le pays plus visé par le djihadisme avec les États-Unis depuis un an.

Les Français partis en Syrie

Le 19 mai 2015, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait déclaré que 278 Français impliqués dans les filières djihadistes avaient quitté la Syrie après s'y être rendus, dont 213 rentrés en France. « Aujourd'hui, la menace est diffuse, car elle implique des personnes qui sont nées et ont grandi parmi nous et qui, au terme d'un processus de radicalisation, basculent dans le fanatisme et la violence armée. » avait déclaré Bernard Cazeneuve lors de cette audition par la commission d'enquête sur la surveillance des Français impliqués dans les filières djihadistes.

La prison de Fresnes regroupe les islamistes radicaux

Le retour des ressortissants français partis en Syrie est un problème débattu depuis un an par les politiques français : ouverture de centre spécial de « déradicalisation », isolement, interdiction de revenir en France, ou encore déchéance de nationalité… Aucune de ces pistes ne semble pleinement satisfaisante, alors que certains Français déçus cherchent à fuir les territoires de l'EI.

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Suivez Lucie Aubourg sur Twitter @LucieAbrg