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Music

Non, Pond n'en ont toujours pas marre d'être le groupe le plus cool d'Australie

Six albums, un dernier disque phénoménal, des groupies à ne plus savoir quoi en faire et une passion totale pour Super Mario et les bonbons Kréma.

Chez Pond, on est cool. Mais pas au point de lâcher les chevaux. Responsable et totalement coupable de

Man It Feels Like Space Again

, nouvel album qui écrase brillamment toute la discographie de Supergrass, le groupe se la joue control freak : pas de photos et pas de vidéos pendant l'interview. Il faut dire qu'il est essentiellement composé de membres de Tame Impala, groupe dont même votre grand-mère du Gers a entendu parler. De toute façon, on sait tous que le monde de la musique se divise en deux catégories : les groupes qui donnent des interviews vidéos, et les autres. Et comme disait Sartre un soir de beuverie, les autres aussi, c'est l'enfer. Sur ce coup-là, précisément, ça nous a permis de voir, ce que donnait l'interview d'un groupe qui mâchouille continuellement des bonbons Kréma pendant qu'on lui pose des questions, par exemple.

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Noisey : J'ai l'impression que vous pourriez vraiment devenir énormes avec ce nouvel album. Quelles sont vos attentes avec ce disque ?

Jay Watson

: Tu sais, on en espère pas grand chose en vérité. Notre truc, c'est de faire des disques. Et que ce soit avec Pond ou d'autres groupes, on en fait pas mal, à un rythme soutenu. On produit des disques, on les met ensuite à disposition du monde entier, et on se relaxe. Pour pouvoir en faire un autre. Après, ce que les gens en pensent, ce que les critiques en disent, on ne peut rien y faire. Donc, on s'en fout.

Nick Allbrook

: On n'espère rien. Et surtout pas devenir une machine énorme qui ferait du rock de stades.

On sent quand même une envie de plaire au plus grand nombre, non ? L'album est bien plus pop que les précédents. Ça sonne plus Supergrass que Black Sabbath.

Jay :

Définitivement. Il est plus catchy que nos autres albums qui étaient plus freaky, plus heavy. Mais on a tenu à conserver un côté bizarre dans nos morceaux [

Jay attrape deux bonbons Kréma d'un coup et commence à les mâchouiller sévèrement

]. Mes potes de Melbourne me disent que c'est notre album le plus bizarre. Mais pour moi, c'est sûrement le plus accessible, le plus cool.

C'est pas trop pénible d'être en permanence associé à Tame Impala dans vos interviews, dans les chroniques de vos disques ?

Nick :

Les gens peuvent vraiment penser ce qu'ils veulent. C'est complètement subjectif. On ne peut rien changer à la manière dont est perçue notre musique. Ils pensent qu'on fait du psyché ? Ok, pourquoi pas. Tame Impala ? Pareil. Je crois que ce sera toujours comme ça, peu importe ce qu'on sort. Même si on produit un disque de hip-hop, certains diront toujours qu'on fait du Tame Impala ! Ça dépend d'eux. On ne peut rien y faire, donc on s'en branle.

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Lors de vos concerts, vous jouez avec Julien Barbagallo, le batteur d'Aquaserge. Comment l'avez-vous rencontré ?

Jay :

A un moment, Kevin (Parker, le leader de Tame Impala, qui mixe les albums de Pond) vivait à Paris et allait toujours dans ce bar qui s'appelle Le Motel [

Insérer ici deux phrases à cause de ces saloperies de bonbons

]. Ils se sont rencontrés là-bas, et le courant est passé. Julien lui a dit qu'il jouait de la batterie, c'est aussi simple que ça. Exactement comme si Kevin avait rencontré quelqu'un à Perth ou à Melbourne.

Nick :

Et c'est aussi devenu un grand ami à nous. Qui joue avec nous dans Tame Impala. C'est un putain de mec cool, qui aime jouer ces sortes de « boombastic teenage riffs » qui sonnent un peu punk. On passe du bon temps.

Vous avez forcément entendu son album solo, Amor De Lonh.
Nick : Mon dieu, oui. Je l'écoute tellement pendant cette tournée, sans trop savoir pourquoi. J'ai commencé un jour, et ensuite, tous les jours. J'adore les morceaux « Ça, tu me » et « La Réconciliation ».

Vous écoutez quoi sur cette tournée ?

Jay :

Pas mal de trucs. Tout le temps. Merde…Je ne sais pas quoi te dire. Qu'est ce que j'ai écouté récemment ? Ce groupe de punk, les Dead Vibrators.

Donuts

, de Jay Dilla. Et aussi

Disco Jets

, un album super bizarre de Todd Rundgren avec son groupe Utopia.

Nick :

J'écoute énormément un groupe qui est sur le même label que Julien Barbagallo. Catherine Hershey. Tu connais ? C'est Julien qui me l'a filé parce qu'il sait que j'adore ces trucs minimaux et freaky à la fois.

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Vous venez de Perth, en Australie. Vous avez des dégaines de surfeurs. Bref, vous incarnez le type de mecs que je détestais au collège. Pas trop difficile de repousser les groupies pendant les longues tournées ?

Jay :

[

en pleine overdose de Kréma

] C'est très difficile. Non, en fait, j'ai une petite amie depuis des années, donc… Je vais pas te cacher que j'ai eu pas mal de propositions, mais bon… Allez, question suivante !

Nick :

C'est dur de dire non aux groupies. Mais on est des gentils garçons.

Jamie Terry :

[

abandonnant deux secondes l'épisode de

Breaking Bad

qu'il mate sur un Macbook dans un coin de la pièce

] : Les groupies,

c'est cool

.

Ce nouvel album a-t-il été enregistré d'une manière différente des précédents ?
Nick : Oh, ils sont tous différents.
Jay : Chaque disque est conçu dans un endroit différent. Une ville différente, un nouveau studio. En tous cas un endroit où on n'a jamais mis les pieds pour enregistrer. Après, depuis quelques disques, le process est un peu le même. On compose, on joue et on appelle Kevin pour le mixage. Mais on a des ingénieurs du son différents, du matériel qui change, etc. On fait pas mal de trucs aussi avec nos laptops.

Le disque est super homogène, alors qu'il n'y a aucun compositeur particulier au sein du groupe, vous composez tous plus ou moins.

Jay :

Certains morceaux sont vraiment le fruit d'un travail collectif, et d'autres viennent d'une seule personne. Tu as le morceau de Nick, le morceau de Jay, etc. Donc c'est vraiment cool que tu trouves le disque homogène parce que c'est vraiment celui qu'on a fait de la façon la plus collective.

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La pochette rappelle un peu celle de…

Nick :

Cheap Thrills

? (album de Janis Joplin, dont la pochette est signée Robert Crumb). C'est un clin d'oeil. On aime bien toutes ces merdes, on se les réapproprie à notre façon.

Jay :

On n'a jamais vraiment eu de problème avec, tu sais… Les références. Parce que c'est cool. Un groupe, c'est jamais que de vieux enfants avec des posters sur leurs murs.

Nick :

C'est ça. Et si tu essayes désespérément de faire quelque chose qui n'a jamais été fait dans la pop, tu vas te tromper. Car ça n'aura de résonance émotionnelle pour personne. On fait juste ce qu'on pense être bon. Pour nous.

La version vinyle de votre pochette a de la gueule, pour le coup.

Jay :

On n'est pas du tout des obsédés du vinyle. Mais on sait bien que c'est le format qui a la meilleure allure, surtout avec une pochette dessinée comme celle-là. Quand tu la regardes en tout petit sur Internet, elle ne ressemble pas à grand chose. On devrait faire plus d'immenses posters, ce serait cool. Ça rappelle un peu celle de

Some Girls

des Stones. On aime beaucoup le vinyle bien sûr, mais on est pas particulièrement attachés à ce format. On écoute pratiquement tout sur nos laptops et sur des cds.

Connaissez-vous James Pond, le poisson ? C'est un héros de jeu vidéo.
Jay : Pas du tout.

Vous êtes plutôt films ou séries, de toute évidence.

Nick :

Pas vraiment en fait, moi je suis plutôt branché jeux vidéos, mais je joue uniquement à des vieilles versions de

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Super Mario

car j'aime le son et l'esthétique de ces jeux. Plus les jeux vidéos et les films cherchent à ressembler à la réalité, et moins je veux être impliqué dedans ! Quand je vois tous ces écrans HD, je me dis : pourquoi ? C'est quoi le truc ? Les vieux jeux vidéos sont l'exact opposé de la haute-définition [

il imite les bruitages de

Super Mario]. C'est aussi un investissement important en temps. En deux heures, tu peux prendre ton pied avec un film. Alors qu'un jeu vidéo peut te voler plusieurs semaines de ta vie. Et tu n'en ressors pas nourri, même quand tu réussis à le terminer.

Jay :

Moi, je ne joue pas aux jeux vidéos. Tout ce que j'ai fait depuis 10 ou 15 ans, c'est jouer de la musique. Je suis loin d'en être saturé, et je sais que quand je vais mal ou que je suis en colère, c'est vers la musique que je me tourne.

Albert Potiron est plutôt vinyles et vin blanc. Il est sur Twitter - @Albert_Potiron