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Crime

Violences et barricades : la situation reste tendue en Centrafrique après les violences du week-end

Depuis samedi et des affrontements dans la capitale , au moins trente personnes ont été tuées et plus de 100 blessées. Le pays craint le renversement du gouvernement d’intérim.
Des manifestants à Bangui demandent la démission de la président d’Intérim Catherine Samba Panza, le 28 septembre 2015. (Photo par Herve Cyriaque Serefio / Anadolu Agency / Getty Images)

Des centaines de prisonniers se sont évadés du plus grand pénitencier de Centrafrique lundi et les casques bleus ont eu recours à des tirs d'avertissement pour disperser des centaines de manifestants qui appelaient au réarmement de l'armée, alors que la violence et les troubles du week-end continuaient. La nuit de mardi à mercredi a été tendue, dans un calme relatif.

« Il n'y a personne dans la prison, » a déclaré une source de la gendarmerie, en parlant du pénitencier de Ngaraba où les évasions ont eu lieu en fin d'après-midi lundi.

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Au moins trente personnes ont été tuées et plus de 100 personnes blessées durant des affrontements survenus samedi dans la capitale Bangui, une ville sécurisée par les Nations Unies et des militaires français. La violence a fait craindre que la présidente intérimaire Catherine Samba-Panza puisse être renversée.

Samba-Panza a quitté l'Assemblée générale des Nations Unies à New York lundi pour retourner en Centrafrique à cause des violences — les plus graves qui ont eu lieu cette année — selon ce qu'ont déclaré deux diplomates occidentaux à Reuters. Elle devait arriver ce mercredi.

« Elle a quitté New York pour retourner en Centrafrique à cause de la situation sécuritaire, » a déclaré un diplomate à l'agence de presse.

Dans une vidéo postée lundi sur Internet, un enregistrement montre des voitures brûlées et les dégâts à Bangui, apparemment dus aux violences du week-end. On peut observer des voitures calcinées le long des rues vides d'un quartier de la ville.

Une autre vidéo postée cette semaine semble montrer des habitants en train de courir dans Bangui, en portant des branches et d'autres objets.

À New York, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité ont condamné cette nouvelle montée de violence.

« Ban Ki-moon condamne catégoriquement tous ces actes de violence et appelle à une fin immédiate de ces violences inacceptables et des attaques mises en oeuvre, » a déclaré le chargé de communication du Secrétaire général. « Il exhorte les autorités de transition de la République centrafricaine à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher d'autres violences. »

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Le Conseil de sécurité a averti dans une déclaration qu'il se tenait prêt à placer sur une liste noire les individus et les entités qui sapent la paix et la stabilité du pays.

Les affrontements ont démarré samedi lorsque le meurtre d'un homme musulman a provoqué les représailles de certains musulmans dans un quartier chrétien et des attaques de gangs armés sur des civils. Des tirs d'armes ont retenti dans la capitale, dans la nuit de lundi, malgré un couvre-feu. Peu se sont aventurés dehors durant la journée, et les milices à majorité chrétiennes connues sous le nom d'anti-Balaka ont organisé des points de contrôle.

Des centaines de personnes ont marché en direction du Palais présidentiel pour demander que l'armée nationale retrouve un plus grand rôle dans la sécurisation du pays. L'armée a été marginalisée lorsque des rebelles à majorité musulmane, connus sous le nom de Séléka, ont pris le pouvoir en 2013. Le gouvernement intérimaire soutenu par les Nations Unies n'est pas près de réarmer l'armée après que des officiers se sont liés aux milices anti-Balaka à majorité chrétienne qui ont conduit des représailles contre les musulmans.

Les manifestants protestaient également contre la présence de la MINUSCA — la mission des Nations Unies en République Centrafricaine — et poussaient pour que les casques bleus quittent le pays. Il y a eu des mentions d'affrontements entre des forces de maintien de la paix et des manifestants lundi, mais il n'était pas possible de dire s'il y avait eu des blessés ou des morts durant ces affrontements, selon le Wall Street Journal. Les manifestants ont accusé les troupes de la MINUSCA d'avoir causé la mort de personnes en tirant sur elles pendant les troubles, mais les Nations Unies ont nié que ses casques bleus soient responsables des violences.

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« La MINUSCA a protégé la présidence mais n'a pas tué les manifestants, » a dit Myriam Dessables, la porte-parole de la mission, à Associated Press.

Lundi, les quartiers généraux de la police à Bangui ont été attaqués par les anti-Balaka et deux gendarmes ont été blessés, a dit le directeur adjoint de la police.

Un diplomate occidental a attribué cette nouvelle flambée de violences au fait que Samba-Panza, les chefs de la MINUSCA et de hauts responsables, se soient trouvés à New York pour l'Assemblée générale des Nations Unies, explique Reuters. Le diplomate a dit à l'agence de presse que les forces des Nations Unies n'avaient pas réagi assez rapidement.

Le département d'État américain a condamné les violences dans une déclaration qui affirmait son soutien à Samba-Panza et à son gouvernement de transition.

Le coordinateur humanitaire intérimaire des Nations Unies Marc Vandenberghe a déclaré qu'il était « extrêmement préoccupé » par les morts. Un journaliste de Reuters a vu le corps d'un jeune homme dans une rue ce lundi. Des témoins ont affirmé qu'il avait été tué par des anti-Balaka. Des responsables de la Croix Rouge ont quant à eux affirmé qu'il était difficile pour eux de dire combien de personnes étaient mortes car ils ont été empêchés d'entrer dans certains quartiers par des manifestants et des groupes armés.

Des bureaux et des résidences privées de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et un organisme caritatif médical ont été pillés dimanche après-midi, selon des témoins. Entre-temps, l'UNICEF a dit que des enfants avaient été ciblés, citant le meurtre de trois garçons âgés de 16 et 17 ans, dont l'un a été décapité.

Le pays est tombé dans un cycle de violence après que des rebelles de la Séléka ont pris le pouvoir dans ce pays à majorité chrétienne en 2013. Les violences ont fait des centaines de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers d'autres.

La Centrafrique est dirigée par un gouvernement de transition depuis janvier 2014. Ses citoyens sont censés voter lors d'élections présidentielles prévues pour le 18 octobre.