Trois histoires de demandes en mariage désastreuses

Une demande en mariage réussie (Photo : Victor Grigas via)

Il n'y a absolument rien de plus embarrassant qu'une demande en mariage ratée. Tapez « demande en mariage ratée » sur YouTube et vous trouverez une multitude de vidéos de gens humiliés, toutes plus pénibles à regarder les unes que les autres. Beaucoup font leur demande dans un centre commercial, à côté d'un monument célèbre ou lors d'un match de foot. Ce qui, bien sûr, n'arrange pas les choses : qui voudrait se faire consoler par une putain de mascotte après s'être fait recaler en beauté ?

Malheureusement, ces vidéos ne permettent pas de savoir ce qu'éprouvent ces pauvres gens après cela. J'ai mené l'enquête et j'ai retrouvé trois personnes qui avaient foiré leur demande ou qui en avaient refusé une. J'ai ensuite changé leurs noms pour leur éviter un autre moment de gêne.

Un désastre dans les règles de l'art

Ma copine et moi étions ensemble depuis un an à peine, et j'avais toujours été clair sur le fait que je ne voulais ni me marier, ni avoir des enfants. J'ai 29 ans, elle en a 25, et elle semblait d'accord sur ce point. Mais en octobre 2015, elle a commencé à être un peu plus « mielleuse » – elle m'a dit qu'elle voulait qu'on emménage ensemble, ce qui n'était pas évident à gérer pour moi.

Le sujet n'a plus été évoqué, jusqu'au 29 février. C'était un dimanche après-midi et ma copine m'avait invité à l'atelier de bracelet qu'elle suivait. Je suis arrivé à l'atelier, qui était en fait une pièce remplie de femmes d'âge mûr et de fils colorés. Ma copine faisait des bracelets. Je me suis assis en face d'elle et elle m'a filé une boîte remplie de matériel. La boîte contenait une poignée de petites lettres à enfiler. En regardant mieux, j'ai réalisé que les lettres formaient la phrase « Veux-tu m'épouser ? ».

J'ai écarquillé les yeux. Je ne tenais vraiment pas à l'embarrasser devant toutes ces femmes en robes longues, alors j'ai commencé à enfiler les lettres sur le bracelet dans un ordre aléatoire. Elle m'a arrêté et s'est mise à pleurer. Elle savait que je ferais exprès de ne pas prendre la chose au sérieux pour éviter la conversation.

Je me suis senti vraiment mal à l'aise. Pas seulement parce qu'elle venait de me demander en mariage, mais parce qu'elle l'avait fait par le biais d'un bracelet fait main.

Ensuite, nous sommes allés faire un tour. Quand elle a enfin arrêté de pleurer, elle a essayé de mettre cette histoire sur le compte de la date – le 29 était supposé être « la seule date à laquelle une femme peut demander un homme en mariage ». Si je refusais, j'étais obligé de lui acheter une paire de gants en soie. Je pensais que c'était des conneries, mais il s'avère qu'il y a une flopée d'articles sur le sujet. Puis elle m'a dit que c'était une blague. Mais si c'en était vraiment une, elle n'aurait pas autant pleuré. Je lui ai rappelé que j'avais toujours dit que je ne voulais pas me marier.

Après ce moment extrêmement gênant, je suis rentré chez moi, parce que j'avais un peu de boulot. Nous nous sommes parlé par texto la semaine qui a suivi. Je ne l'ai pas vue pendant trois jours en me disant « Tant qu'elle ne te quitte pas, tout va bien ». C'est encore récent et nous essayons toujours d'arranger les choses. C'est vraiment une fille bien, mais cet événement a jeté un froid.

Devoir refuser une demande tout droit sortie d'un film pour ados devant une bande d'instits de primaire, c'était vraiment embarrassant. C'est sans doute la pire chose qui ne me soit jamais arrivée. – Alex, 29 ans

Un athlète contrarié

Quand j'ai commencé à sortir avec Tom, j'étais sur un petit nuage. Il avait 10 ans de plus que moi, il était magnifique et avait été athlète olympique. Sur le papier, c'était l'homme idéal, mais la réalité était bien différente. Il faisait partie d'une équipe qui avait remporté la médaille d'or aux JO, mais il s'était blessé juste avant la dernière course et n'était donc pas en lice pour gagner une médaille. Cet événement l'a hanté toute sa vie et il a développé un besoin de tout contrôler. Au bout de deux ans, notre couple s'est mis à battre de l'aile, et j'ai décidé de le quitter.

Quelque temps après, mon père a reçu un message de Tom qui disait « Je dois vous parler de votre fille ». Le lendemain, je fus réveillée par un appel de Tom qui me disait qu'il était à Canterbury. J'avais une énorme gueule de bois et j'ai seulement compris qu'il me donnait rendez-vous devant la cathédrale. J'ai sauté de mon lit, j'ai grimpé dans ma voiture et je suis allée le retrouver.

Tom m'attendait devant la cathédrale de Canterbury avec une bouteille de champagne et un bouquet de fleurs. Avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, il s'est agenouillé pour me faire sa demande. Il m'a tendu un pendentif – pas une bague, non, un pendentif. Un groupe de touristes japonais s'est alors précipité vers nous. Ils ont commencé à nous prendre en photo – lui était à genoux, tandis que j'étais sur le point de rendre tout ce que j'avais consommé la nuit dernière. Je me sentais humiliée. Je lui ai demandé de se relever et je lui ai expliqué, devant tout le groupe de touristes, que nous n'étions plus ensemble et que nous n'allions certainement pas nous marier. Tom était persuadé que cette demande en mariage réglerait tous nos problèmes.

Nous avons finalement quitté la cathédrale et je l'ai raccompagné à la gare. – Emma, 25 ans

Le dilemme du chat mort

J'ai connu Claire dans un club londonien, Koko. Elle portait un soutien-gorge lumineux et un t-shirt représentant un alien. Elle m'a demandé si elle pouvait emprunter mon bâton lumineux, et c'est comme ça que nous avons fait connaissance.

Quand j'ai fait ma demande, Claire et moi étions ensemble depuis six ans. Nous venions tout juste d'emménager ensemble. Elle se sentait mal au boulot et voulait démissionner. Puis, elle a trouvé une annonce dans la section voyage du Guardian qui proposait un tour en voile d'un an, pour la modique somme de 1 000 €. C'était un super bon plan : on vous apprenait à faire de la voile et on vous approvisionnait pendant un an. Ça a commencé à l'obséder : elle pensait que la voile réglerait tous ses problèmes. À l'époque, j'ai prétendu que ce ne me dérangeait pas qu'elle parte vivre un an sur un bateau à voile. Au fond, j'étais dévasté, mais je ne pouvais pas partir avec elle parce que je venais de trouver un nouveau job.

Pendant son voyage, nous ne parlions plus que sur Skype – il faut dire qu'elle était littéralement au milieu de nulle part. Et surtout, elle semblait avoir de moins en moins envie de rentrer. Résultat, je me suis convaincu que je pourrais la retenir en la demandant en mariage. C'est devenu une obsession et j'ai finalement réservé un vol pour la retrouver à Tahiti.

Quelques semaines avant le départ, le chat de Claire – qu'elle avait depuis qu'elle était petite – a commencé à être mal en point. Je me suis dit « Merde, le chat ne peut pas mourir pendant son absence : elle ne voudra pas m'épouser ! ». Pendant des mois, je me suis ruiné en soins vétérinaires pour le chat. D'après le véto, on aurait pu le sauver, mais tout mon argent était passé dans le billet d'avion. J'ai fait piquer le chat — ce qui coûte cher aussi. Je l'ai enterré dans une fosse commune parce que c'était gratuit.

Le lendemain de la mort du chat, j'embarquais pour Tahiti, mais le vol avait beaucoup de retard. J'ai commencé à stresser, ce qui m'a donné de l'urticaire. Pour couronner le tout, j'ai loupé ma correspondance à Paris et j'ai dû passer la nuit dans un Ibis merdique.

En arrivant, j'ai aperçu Claire dans le hall. Elle était superbe : peau bronzée et coquillages dans les cheveux. Tandis que moi, j'étais pâle, couvert d'urticaire, et j'avais perdu du poids à cause du stress. Je me suis dit qu'il fallait que je demande Claire en mariage ce soir-là ou jamais. En hommage à notre rencontre, j'avais acheté près de 2 000 bâtons lumineux — qui m'ont attiré des problèmes à la douane — pour faire un cœur géant sur le sable.

J'ai emmené Claire dehors, afin qu'elle voit mon mot d'amour en bâtons lumineux, mais elle avait compris mon petit jeu et m'a stoppé avant que je ne puisse dire quoique ce soit. Elle a commencé un monologue sur le fait que les choses n'allaient pas bien entre nous et qu'elle n'était plus sûre de rien. J'ai masqué ma tristesse. J'étais anéanti.

Puis, je me suis dit que je ne pouvais pas me laisser abattre. À cause d'une grève, nous sommes restés coincés sur l'île deux semaines de plus. C'était très étrange. Nous nous sommes vite retrouvés à court d'argent et avons dû rester sur ce putain de bateau, dans une cabine minuscule. Elle en a profité pour m'avouer qu'elle couchait avec quelqu'un d'autre depuis le début de son voyage sur le bateau. – Ben 29 ans