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LE PREMIER NUMÉRO

Hey mamie ! Wassup ?

Ça ne va pas du tout aujourd’hui, je viens de me disputer avec la dame de la chambre d’à côté, elle est méchante, elle m’a donné une gifle et elle a dit que j’avais couché avec les Allemands. Mais je vous jure que j’ai pas couché avec les Allemands.

Violette, 83 ans

Ça ne va pas du tout aujourd’hui, je viens de me disputer avec la dame de la chambre d’à côté, elle est méchante, elle m’a donné une gifle et elle a dit que j’avais couché avec les Allemands. Mais je vous jure que j’ai pas couché avec les Allemands.

Henri, 97 ans

Je ne peux plus marcher à cause de mon arthrose du dos. C’est cher ici, j’ai vendu un petit morceau de terrain pour pouvoir payer. Vous avez quoi comme appareil photo? Un numérique? Moi, j’étais photographe industriel. Je photographiais des usines, des aciéries…

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Odette, 77 ans

Je suis arrivée ici à la suite d’une dépression nerveuse. C’est peut-être prétentieux, mais je ne peux pas avoir de vraie conversation avec les autres. Je trouve qu’il y a une trop grande différence de niveau intellectuel. Ils ne font que regarder la

Star Academy

, moi je préfère

C dans l’air

. De mon temps, n’y voyez pas d’allusions politiques, mais on avait des vraies valeurs : le travail, la famille, la patrie. Avant les guerres étaient propres, aujourd’hui les terroristes sont des adversaires invisibles, c’est plus inquiétant.

Paulette, 76 ans

Ce qui me plaît le plus ici, c’est ma chambre. Je l’ai arrangée à ma manière. Je peins, je fais du crochet et je m’occupe de mes plantes vertes. Je n’ai pas d’amis à part une dame qui est aveugle, les autres m’agacent. Il y en a une qui crie tout le temps. Je suis ici depuis 5 ans donc je ne peux pas trop vous dire ce qui se passe à l’extérieur. Avant j’allais à Paris pour danser à la Coupole. Il y a peut-être plus de voyous dans la France d’aujourd’hui, mais le frère de mon père était un voyou et je l’aimais beaucoup.

Roger, 77 ans

Je suis ici depuis un an grâce au Secours catholique. Quand j’ai perdu mon travail d’éboueur, je me suis retrouvé à la rue. Je vivais dans un squat sur les bords de la Marne, juste en face de la maison de Charles Trenet. J’aimais bien chanter ses chansons. Un jour, il m’a entendu et il m’a donné 100 francs, du bon vin et des boîtes de conserve. On a fait une fête à tout casser.

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Alain, 62 ans

Je me suis fait opéré de la gorge et des reins et j’ai de l’arthrose à la jambe. Ça me plaît ici, je me suis fait des amis parce que j’aime bien rigoler mais je ne drague pas les femmes. Remarquez, y’en a qui se gênent pas, mais moi je trouve que c’est pas un bordel ici. Oh non, la France d’aujourd’hui ne me plaît pas du tout, je n’aime pas la mentalité des gens, avant on se disait bonjour, maintenant c’est chacun pour soi.

Odette, 81 ans

Je me déplace en fauteuil roulant. Mes enfants sont tous mariés, je ne me voyais pas vivre chez eux sans rien faire. Tout me plaît ici, je suis une bonne nature. Je me suis fait trois amies, on s’appelle par notre prénom. Le matin, on se fait un bisou et à 16 h on prend le café. Mes enfants m’ont offert un baladeur, j’aime bien écouter Michel Delpech et Frank Michael. Mon plus beau souvenir, c’est quand mon mari m’a demandé en mariage à la fin de la guerre. La France d’aujourd’hui, j’aime mieux ne pas y penser. Ça me fait de la peine quand je vois des jeunes qui se droguent ou qui attaquent les personnes âgées.

Alberte, 92 ans

Jusqu’à 90 ans, j’ai pu vaquer à mes occupations. Un soir, je suis tombée et je me suis fracturé le bassin alors je me suis retrouvée ici. J’ai eu du mal à m’adapter. Je me lève à 6h30, puis je fais mon lit et ma toilette. J’ai plus d’activités ici que quand j’étais chez moi, et puis mes enfants viennent me voir toutes les semaines. J’aime ce tableau parce que c’est un sous-bois où je promenais avec mon mari. C’est lui qui l’a peint.