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Culture

Dreamscape et Ipcress, Danger Immédiat sont les seuls films que vous devriez acheter ce mois-ci

Les mecs du Cinéma est mort chroniquent les DVD géniaux et nuls sortis ces dernières semaines.

Antonin et Étienne sont les fondateurs et présentateurs du Cinéma est mort, la meilleure émission de cinéma sur les radios françaises, diffusée sur Canal B. Ils parlent chaque mois sur VICE.com des sorties DVD et Blu-Ray qu'ils adorent et des sorties DVD et Blu-Ray « que c'est pas la peine ».

PIRANHA 3DD
Réalisateur : John Gulager
Éditeur : Pathé, sortie le 6 août 2014 Piranha 3DD, comme son titre l'indique par une admirable pirouette orthographique, est la suite de Piranha 3D, remake par Alexandre Aja du film de Joe Dante. Ça en fait donc par transitivité le remake d'un film de James Cameron, ce dernier ayant inauguré son impeccable filmographie par un navrant faux départ, Piranha 2. C'était en 1981, à une époque où l'on se contentait de mettre des chiffres derrière les titres pour indiquer une suite. C'est rien de dire que Piranha 3DD est au moins aussi nul que l'original, mais sérieux, qui s'en étonnerait ? Ce pur film d'exploitation est raté sur tous les plans, et ne fait absolument rien de plusieurs idées de scénarios pourtant assez rigolotes. S'il on en croit Alexandre Aja, ces dernières seraient d'ailleurs celles qu'il avait dû « abandonner sous la pression de ses producteurs », lesquels n'avaient manifestement « pas compris que le film était une comédie (!?) ». On est donc bien loin de la réussite de Piranha 3D, qui était souvent assez brillant dans sa façon de te filer la gaule pour te filer un bon coup de trique dans la foulée. De toute façon, tout le monde sait déjà que ce film est nul, mais pourtant vous serez probablement nombreux à vous en procurer une copie en vous disant qu'un peu de détente à base de filles à poils et d'ultraviolence ne pourra pas vous faire de mal. Et malheureusement, vous aurez raison. L'accablement que l'on ressent à la vision de tant de nullité ne pourra jamais l'emporter sur la jouissance du spectacle de filles à poil conjugué à un peu d'ultraviolence. À moins que ce soit moi qui ait un problème.

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DREAMSCAPE
Réalisateur : Joseph Ruben
Éditeur : Carlotta, sortie le 20 août 2014 Drôle d'exhumation de la part de Carlotta que ce Dreamscape, petit film d'aventure vaguement science-fictionnesque typique des années 1980 et aussi oublié que son réalisateur, Joseph Ruben. Drôle d'exhumation qui tombe toutefois à point nommé en cette saison de blockbuster en surrégime. Entre La Planète des singes qui tente de résoudre le problème israélo-palestinien à grand renfort de fronçages de sourcils numériques, The Raid 2 et Transformers 4 qui repousse encore un peu plus loin les limites de ce que peut endurer l'œil humain en matière de destruction-porn et d'action non-stop, offrez-vous une petite pause canapé en savourant la légèreté d'un film des années 1980. Est-ce que Dreamscape est un grand film ? Évidemment que non, mais tous les films américains du moment cherchant désespérément à l'être – que ce soit par l'importance des thématiques abordés, leur esprit de sérieux ou leur délire spectaculaire mégalomaniaque – que la modestie de Dreamscape fait du bien. C'est ce qui manque cruellement à un mec comme Christopher Nolan, principal responsable de la dérive grandiloquente du blockbuster contemporain. Son Inception reprend d'ailleurs l'argument de Dreamscape, à savoir qu'un type peut rentrer dans le rêve d'un autre pour infléchir celui-ci. Mais là où Christopher Nolan est persuadé de faire un film exposant le fonctionnement de l'esprit humain – alors même que le résultat n'est qu'une sorte de gros rubik's cube qui donne mal au crâne en donnant l'impression d'être intelligent – Joseph Ruben, lui, sait que son argument de science-fiction n'est pas très sérieux et a l'air de bien s'en amuser avec sa simplicité de petit-maître de la série B. Il fallait au moins ça pour réussir à sauver Dennis Quaid, car ouais, les très sociales années 1980 étaient aussi le moment où l'on donnait sa chance à ce genre d'acteurs.

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CAPTAIN AMERICA 2, LE SOLDAT DE L'HIVER
Réalisateurs : Anthony et Joe Russo
Éditeur : Marvel, sortie le 20 août 2014 À chaque film Marvel, c'est la même chose : je me dis que c'est fini, que ça ne sert définitivement à rien et qu'on ne m'y reprendra plus. Non pas qu'ils soient absolument nuls (il est loin le temps des 4 Fantastiques), c'est d'ailleurs jamais tout à fait pénible à regarder, c'est juste que toute chance de voir quelque chose d'un tant soit peu personnel ou original semble être réduite à néant dans le cadre des productions de ce mini-studio surpuissant. Et il y a peu de chance que ça change, chaque film explosant à chaque fois de nouveaux records au box-office, entérinant ainsi les décisions de son grand manitou Kevin Feige. La démission récente du projet Antman du plutôt intéressant réalisateur Edgar Wright – pourtant loin d'être un contrebandier à la Paul Verhoeven – n'augure rien de bon ; il n'y a pas de place pour deux capitaines dans ce nouvel empire. Le nom du remplaçant de celui qui aura pourtant passé des années à développer le projet est tombé, et c'est Peyton Reed, yes man en chef par ailleurs réalisateur du film Yes Man.

Chez Marvel, l'heure n'est plus aux cinéastes de la trempe de Sam Raimi, réalisateur de la série Spider-Man. Désormais les films du groupe se ressemblent tellement tous qu'il y a fort à parier que l'intégralité des scènes d'action est réalisée par la même équipe d'infographistes avides de destruction-porn. Les réalisateurs, de leur côté, ce sont toujours des types catalogués un peu « auteur », genre Kenneth Branagh, Shane Black, Joss Whedon ou les frères Russo pour celui qui nous concerne, qui viennent poser leur touche auteuriste comme un chien errant vient marquer son territoire en posant sa petite crotte devant une porte qu'il ne franchira jamais. On peut toujours dire que Captain America nous a semblé mieux que le premier, infiniment supérieur aux Avengers, mais peut-être un peu moins bien que le dernier X-men, tout ceci étant finalement la même merde de produit standardisé sans âme. Mais comme j'ai du temps à perdre, j'irai quand même voir Les Gardiens de la galaxie, parce que ça a l'air fun. Marvel gagne toujours.

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IPCRESS, DANGER IMMÉDIAT
Réalisateur : Sidney J.Furie
Éditeur : Éléphant films, sortie le 26 août 2014 Produit par le même mec qui s'est fait des couilles en or en initiant la plus célèbre franchise de film d'espionnage de l'histoire du cinéma, Ipcress, Danger immédiat, bénéficie également du talent artistique de la même équipe de winners : Ken Adam à la déco, John Barry à la musique (BO incroyable) et Peter Hunt au montage. Et vu qu'on ne change pas une équipe qui gagne, autant ne pas changer de jeu non plus : il s'agit donc à nouveau d'un film d'espionnage, sorti en 1965 celui-là. Et pourtant ça change un peu, et c'était d'ailleurs le principe. Les trois premiers James Bond ayant été taxés d'« irréalistes » par une partie de la critique, il s'agissait cette fois de montrer une histoire d'espionnage réaliste, c'est-à-dire plus moquette, pipe et lunettes que costard, design et gadgets. Mais pas de panique, c'est pas La Taupe non plus.

De la volonté initiale de mettre en place une intrigue d'espionnage réaliste ne subsiste finalement que deux ou trois blagues sur la lourdeur bureaucratique des institutions d'espionnage et de contre-espionnage au Royaume Uni, un vieux reste d'esthétique documentaire, et un certain retrait anti-spectaculaire dans toutes les scènes d'action du film. Mais au lieu du truc un peu chiant escompté, Icpress est un modèle de film pop, un objet purement esthétique dont on peut très bien tirer un plaisir inouï sans rien entraver aux tenants et aboutissants de l'intrigue. Et tout ça probablement grâce à Sidney J. Furie, dont le nom claque tellement qu'il pourrait être le nom du héros, sauf que c'est celui du réalisateur.

Quiconque veut comprendre la définition du mot maniériste se doit voir ce film. Possible qu'il le trouve insupportable d'ailleurs, à tel point c'est n'importe quoi en termes de cadrage, mais comme le Temps dont on évoque souvent les outrages est, au contraire, souvent très favorable à certains objets particulièrement ancrés dans leur époque, Ipcress, pur film sixties, est si classieux que vous aurez envie au final de l'accrocher dans votre salon. Et Michael Caine est au summum de l'élégance, même en pyjama à carreaux.

MINUSCULE, LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES
Réalisateurs : Hélène Giraud et Thomas Szabo
Éditeur : Éditions Montparnasse, sortie le 26 août 2014 Je ne suis pas de genre à me laisser attendrir par une coccinelle, aussi petite soit elle. Mais le récit épique et campbellien de cette bestiole numérique incrustée dans de vrais décors avec de la lumière naturelle dedans, et son aventure avec des fourmis en guerre contre d'autres fourmis, ça m'impressionne. C'est le genre de films qu'on n'a pas honte de montrer à son enfant. Le travail d'Hélène Giraud (la fille de Moebius) et Thomas Szabo (qui s'est fait la main sur Les Zinzins de l'espace, série qui n'a rien à envier à Bob l'éponge), déjà à l'origine de la série Minuscule, doit plus aux Happy Feet et à Mad Max 2 qu'à Microcosmos, sans tomber dans l'écueil de l'anthropomorphisme. La dernière partie, où une fourmilière est transformée en Fort Alamo, devrait rappeler deux ou trois trucs aux faiseurs de destruction-porn dont nous sommes de plus en plus gavés : ce que le cinéma d'action ou de spectacle semble avoir oublié ces dernières années (à quelques exceptions près, comme Pacific Rim), c'est qu'il faut du petit pour avoir du grand, du minuscule pour avoir du gigantesque.