"Les festivités de Noël varient d’un pays à l’autre, mais ce qui ne varie pas, c’est qu’on s’y ennuie comme des rats morts. Oh, les Suédoises portent une couronne de bougies pour la veillée de Noël ? S’il vous plaît, dites-m’en plus sur cette scintillante tradi…RrZZZZZ-rrrZZZzz…Dans les Andes péruviennes, on sait comment fêter Noël dignement. Ce qu’ils font, c’est revêtir un masque de ski coloré, enfiler une tenue à mi-chemin entre un montagnard et Mad Max et s’arrimer un aigle mort sur la tête. Puis, ils boivent jusqu’à plus soif et dansent pendant une semaine d’affilée. Quand vient le matin de Noël, ils se rassemblent tous au beau milieu de la ville et font pleurer le Petit Jésus en se tapant les uns les autres. Ça, c’est l’esprit de la fête, pas vrai ?Cette cérémonie s’appelle Takanakuy, et elle se situe à mi-chemin entre une compétition sportive, une démonstration de la défiance indigène face à ces mauviettes métropolitaines de Lima et un système judiciaire artisanal. En effet, la province de Chumbivilcas, où a lieu le Takanakuy, dispose de trois policiers au total, et le tribunal le plus proche se situe à dix heures de routes montagneuses et escarpées de là. Donc si vous avez un problème avec votre voisin, votre copine ou vos moutons, vous n’allez pas pleurer devant un juge. Vous serrez les dents et les poings et rentrez votre colère jusqu’à Noël, date à laquelle vous vous mitez la gueule pour vous rendre justice en public, sur un ring, à coups de poing et de pied. Filles, garçons, petits enfants, vieillards en pantalon taille haute ; tout le monde se bat à Takanakuy.Cette année, on a décidé de renoncer aux festivités familiales pour nous affronter aux montagnes andines et aux durs à cuire péruviens. On espère que ça vous plaira, vu qu’on s’est fait défoncer la gueule en plus d’avoir brisé le cœur de notre mère."