Les tatouages les plus méchants de Bab-el-Tabbaneh

FYI.

This story is over 5 years old.

Photo

Les tatouages les plus méchants de Bab-el-Tabbaneh

Après plusieurs jours de combats de rue la semaine dernière dans Tripoli (celle du Nord-Liban), le calme est à peu près revenu.

Après plusieurs jours de combats de rue la semaine dernière dans Tripoli (celle du Nord-Liban), le calme est à peu près revenu. Un cessez-le-feu ayant été décrété, les combattants sunnites du quartier de Bab-el-Tabbaneh ont rangé kalashs et lance-roquettes. J'ai donc pu y retourner vendredi et prendre quelques photos de leurs bras tatoués. Un des types que j'ai rencontrés rue de Syrie – la grande voie qui sépare les quartiers rivaux de Bab-el-Tabbaneh et de Baal Mohsen – est un tireur d'élite connu de tous. Un autre avait récemment fait de la prison pour avoir planté un type à plusieurs reprises au milieu des étales d'un marché de fruits et légumes. Un jeune de 22 ans du nom d'Ehab, couvert de balafres et de cicatrices de guerre, m'a assuré qu'il avait le Yin et le Yang tatoué sur la bite. Il a tenu à me le montrer, mais j'ai refusé poliment.
Un tueur sadique aux cotés d'un type qui porte un symbole d'équilibre et d'harmonie sur la peau, voilà qui est révélateur du drôle d'état dans lequel se trouve Bab-el-Tabbaneh à l'heure actuelle. Sans oublier le cheikh qui, outre collectionner les pétoires de la seconde guerre mondiale, arrive à diriger son escouade de combattants tout en carburant au pire tord-boyau du coin. Et bien sûr, il y a tous ces petits incidents ridicules qui arrivent à déclencher des semaines d'échanges de tirs au mortier et à la mitrailleuse lourde : quelques feux d'artifice déclenchés par des gosses, ou la sempiternelle « embrouille » qui se termine douze morts plus tard avec le double de blessés. Et comme toujours dans chaque zone de conflit, ce sont les civils qui prennent le plus cher : blessures ou morts, disparition totale des services publics déjà ridiculement lotis, réduction des emplois et ainsi de suite. Mais le plus étrange dans tout ça c'est sans doute de réaliser que ces combattants ne sont qu'une bande de gosses emportés dans une bagarre qu'ils ne comprennent pas vraiment, coincés qu'ils sont dans un ghetto qui n'offre d'autre avenir que celui d'aller buter ses voisins pour le compte de politiciens horribles.
Ceci en tête, voici une petite sélection de tatouages que j'ai aperçus à Bab-el-Tabbaneh.

Publicité