UNDERWATER PEOPLES WINTER REVIEWGROOVE ARMADASAVIOURSMASTA KILLAProbablement le meilleur rappeur se revendiquant de l’influence deA Clockwork Orangedepuis l’essai transformé par la faction indie-rap ADSL bordelaise L’Orangeade Mécanique à la fin de l’hiver 2002-2003. À ceci près qu’il n’a pas pour lui les bons plans Music 2000 du Professeur Bobmo ni les scratches précis du fringuant DJ Cedex. Le Bouscat se fend la poire, OJ.MC KLOKERTWO DOOR CINEMA CLUBTourist HistoryKitsuné/PiasLe rap c’était mieux quand y’avait pas Gorillaz. Cette merde a donné de mauvaises idées à plein de groupes qui avouent ouvertement l’influence de Dan The Automator dans leur travail au lieu de revendiquer fièrement l’héritage Mobb Deep. Les refrains chantés sont désastreux et votre flow manque cruellement de swagger. Pareil en ce qui concerne les beats : vos samples de guitare sont très mal exécutés, pas de clavecin à l’horizon, les compositions font même penser au groupe de pop rock Phoenix (la honte !). Votre ouverture d’esprit fait plaisir à voir, mais le rap n’a pas besoin de vous, Two Door Cinema Club.KELLY SLAUGHTERDes doudounes, des Timberland, l’hiver, du crack, de l’herbe, de l’argent, du platine, de l’or, du cognac, de l’héro, la rue, des filles, des potes, des traîtres, des salopes, des frères, de la coke, Long Island, Brooklyn, QB, Yonkers, New Jersey, New York. Styles P fait du Selby Jr. en rap.JIMMY MORE HELLMASTA KILLAMasta Killa “Live”Gold Dust/!K7Je viens de réaliser que j’avais oublié par mégarde le CD promo du dernier album de Masta Killa chez moi et que je vais devoir improviser pour dire quelque chose de pertinent sur ce disque que personne n’attend. Heureusement, en piochant des informations un peu partout sur la Toile et en les recoupant comme seul sait le faire un journaliste musical spécialisé dans la lecture analytique des disques dont il ne sait rien, j’en ai déduit que 1. Le Wu-Tang n’a jamais changé de style, 2. Masta Killa n’a jamais eu de style, 3. Mettre un 6 est le meilleur moyen de dire du bien d’un album sans pour autant trop se mouiller. Rien à dire, on en apprend des choses en potassant son guide de la presse musicale française.BASILE POLISurprenant ce nouveau disque d’Autechre ! Plein de nouvelles pétillantes pépites pop, des refrains accrocheurs, des mélodies qu’on retient, des petites saturations de guitare çà et là, du fun, dessing alongs, une pinte de blonde et un joint de weed, l’influence on ne peut plus palpable de Weezer et de Yo La Tengo, bref, le disque parfait pour fêter la fin de l’hiver et l’éclosion des bourgeons ! Non en fait c’était une blague, ça fait à peu près vingt ans qu’il fait -30° du côté de Sheffield et personne n’a envie que ça change.JIMMY MORE HELLTHESE NEW PURITANSHidden SoftDomino/PiasVouloir devenir le Brian Eno du tout digital et être le témoin de sa propre transformation en Massive Attack des années slim c’est un peu ce qui guette ceux qui oublieraient que vouloir réinventer la pop c’est comme vouloir réinventer le sexe.JULIEN CRACKGROOVE ARMADABlack LightCooking Vinyl/PiasPour les dix ans de la naissance de Work It Baby, Kris Menace sort une compile qui regroupe tous les morceaux sortis sur le label depuis sa création, plus une quinzaine d’inédits par tous les mecs qui ont fait la meilleure musique de fête depuis que j’ai l’âge de faire la fête. Sérieusement, c’est tellement bien que ça m’a fait repenser à l’expression « house pouet-pouet ».FÉLIX ATARIV/ABoogybytes Vol. 5 Mixed by Seth TroxlerBpitch/PiasVoici une compilation Bpitch mixée par ce DJ de Detroit qui vit à Berlin avec sa tête rigolote de mulâtre à moustache fine. Tout cela s’entend dans le disque : malgré leurs différences, tous les titres sont d’une facture house musique minimaliste fort élégante et, au risque de passer pour un connard de DJ, sont mixés avec une virtuosité certaine. À l’écoute, on a parfois l’impression désagréable d’être dans un concept store du Berlin Est branché rempli de trentenaires à chemise et à barbe de trois jours ; mais je préfère plutôt m’imaginer l’ambiance délétère des grandes heures de la culture gay au milieu d’usines délabrées, membres dépecés du cadavre industriel de General Motors.COLONEL TAMERPour les dix ans de la mort du groove, Groove Armada sort un album qui regroupe tous les morceaux sortis de leur imagination malade depuis la création du glitch, plus une quinzaine de preuves inédites confirmant le bien-fondé de la plupart des décisions que j’ai prises depuis que j’ai l’âge de refuser d’aller à une fête. Sérieusement, ça fait tellement ramasser que ça m’a fait repenser à l’expression « c’est le coup de pied dans le tabouret ».FÉLIX ATARIÇa fait à peu près mille ans que je ne taris pas d’éloges sur ce groupe de métalleux, dans ces pages et un peu partout sur la planète. Malheureusement, j’ai l’impression que le public français pour ce genre de choses est quasi inexistant, les fans de métal lambda étant composés à 90 % de zikos et de nerds. C’est du putain de gros heavy metal avec des longs cheveux, du stoner pour moustachus, du riffage sous testostérone, du chant crié, bande de nazes. Sucez.CHARLES MOREASSV/AA Man & A Machine IILe Son du Maquis/Harmonia MundiUne compilation sincère, aussi froide que les hangars de Manchester, avec des groupes aussi blancs que l’héro qui les faisait tourner, voilà un projet cool et bien mené qui vient nous rappeler que la new wave n’a pas été inventée par Agnès B. Ça défonce d’autant plus que la sélection évite habilement la posture du récital érudit et la surenchère démonstrative en mélangeant les scènes et en faisant alterner les leaders des scènes considérées (DAF, Suicide, Cabaret Voltaire…) et des groupes plus obscurs vraisemblablement morts dans leur cave avant d’avoir enregistré leur premier album.JULIEN CRACKTHE SOFT PACKThe Soft PackHeavenly/CoopAnciennement « baptisé » The Muslims, The Soft Pack est un groupe de San Diego dont il me semble qu’on vous a déjà parlé dans nos blogspots controversés (enfin, si vous avez du temps de nerd à perdre). Ils font du proxi-garage pour semi-grosses couilles en proto-vacances. C’est pour ceux qui veulent boire des plus grosses bières que les autres, qui branlent rien au printemps, qui pissent dans les arrosoirs et qui emmerdent monsieur Marchand.COLONEL TAMERDARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULTSaldorian SpellWar Anthem/La BaleineQuand la France fait l’effort de se retourner pour admirer l’empreinte qu’elle a laissée sur l’histoire de la musique, la plupart du temps elle s’enfuit en courant, rentre la tête dans sa carapace de tortue chétive et se tortille dans tous les sens en position fœtale comme pour nous faire partager le dégoût qu’elle a d’elle-même. Heureusement que dans la pénombre cold wave, surgissant du néant tel un tigre blanc des steppes mongoles, les mecs de Aswefall font perdurer ce souffle français auquel nous avons honte d’appartenir par l’intermédiaire du fantôme de Ian Curtis et du fils manchot de Voltaire, Cabaret Voltaire.JIMMY MORE HELLTHRASHINGTON DCLet Your Body TalkGuerilla AssoBon, ce disque est sorti en novembre 2009 si j’ai bien compris, mais on vient de le recevoir et il faut tout de même le chroniquer pour rendre hommage à ces types : même si je déteste les Bretons, je dois avouer que ces Brestois peuvent aussi thrasher convenablement. Je pense que j’ai pas besoin de vous expliquer à quoi ressemblent leurs courtes chansonnettes, jugez plutôt des titres : « Jägermeister Army », « I Turned Into a Nazi », « Best of Thrash vs. Youtube Addicts » : 0 % cidre, 100 % bière.OTIS SHREDDINGSTEPHAN EICHERSpielt Noise BoysBorn Bad/PiasQue dire de cette compilation des morceaux proto-indus du Gitan suisse préféré des annéesTaratata? Eh bien, c’est clairement de la musique qui « risque de ne pas convenir aux personnes souhaitant déjeuner en paix ». Au-delà du bon mot garage, on ne peut pas dire que les plumes des bureaux Born Bad aient tort : synthés, beats martiaux, slang romano et grind d’outre-Rhin, Stephan le punk était bien moins chiant du temps où il était plus intéressé par Suicide que par l’ambitieux plan de carrière de devenir le Maxime Le Forestier des gens qui se déplacent avec leur maison.CHRIS WAFFLEDésolé de passer pour un zouave mais le bon black métal se reconnaît à la pochette. Ici, ce qu’elle représente n’est autre qu’une sombre cérémonie éclairée à la bougie, avec des mages maléfiques qui opèrent, par le pouvoir surnaturel de l’imposition des mains, la transformation douloureuse d’un humain en un arbre moribond, sous le regard contenté et sévère d’un Phénix à tête de Sade et de divers esprits végétaux. Me contentant de peu, voilà de quoi me faire aimer un black metal à la Emperor sans doute bien classique et critiquable pour ses aspects démonstratifs et « de gros bébés ».CHARLES MOREASSJ’avais chroniqué leur précédent album en 2008 et je les avais défoncés avec une violence qui m’est rare (j’avais utilisé des tournures de phrase « en pyramide » et une pluie d’adverbes). Là, ils reviennent avec à peu près la même merde de hippies permissifs, limite pire, mais encore plus drapés dans le petit cocon protecteur de légitimité indie qu’ils ont dû se forger à force d’être adorables avec tout le monde en interview et dans les loges des festivals. Du coup je sais pas trop quoi dire à part que Kchou Kchou ressemble toujours plus à un feu d’artifice de valeurs hédonistes dans un cours d’éveil d’une école Montessori.MARCO POLIOU.S. GIRLSGo GreySiltbreeze/Differ-AntCet album de lo-fi expérimental est hyper bien, mais j’espère vraiment pour les Américains que les filles là-bas ne sont pas toutes comme ça, parce que sinon ils risquent d’avoir une drôle de surprise quant à leur taux de fécondité dans les années à venir.PASCAL NOUBATHE RADIO DEPT.Clinging to a SchemeLabrador Records/ShelflifeCe répertoire encyclopédique du pastiche shoegaze, bien exécuté, finement produit par des Suédois perfectionnistes, aurait été mille fois moins chiant si ces méticuleux imitateurs n’avaient pas mis de côté une triple dimension constitutive du « son » shoegaze, qui doit toujours être un peu sale, comme le sexe entrevu sous l’angle exclusif de la culpabilité, raté comme la vie professionnelle envisagée du point de vue de l’ennui, et fébrile comme le monde extérieur systématiquement perçu comme menaçant.MARCO POLIOHARLEMHippiesMatador/Pias“Don’t believe the hype!“ Enfants de Chuck D, Bo Diddley et Richard Linklater, les hippies hypeux d’Harlem viennent briser l’image d’un Texas uniformément conservateur que relaient lesmass media, et dépoussiérer en quelques riffs nos représentations collectives. Branleurs ? Peut-être, mais la garage pop à coups de marteaux de ces briseurs d’icônes venus d’Austin est une bouffée d’air frais qui vient nous rappeler que derrière les discours convenus se cache toujours une réalité plus complexe. À la propreté morbide du capitalisme (qui a dit « capitolisme » ?) et des salles d’exécution, les jeunes Texans opposent une crasse salvatrice qui institue les marges en centre de l’énergie créatrice : moderne rodéo auquel ils se livrent sans craindre de renverser les valeurs, et quelques-uns de leurs aînés au passage. Être hippie, des cornes aux guiboles : plus qu’un mot d’ordre, tout un programme – apolitique.JD BEAUVALETSURFER BLOODAstro CoastKanine Records/ImportOn peut dire ce qu’on veut sur Thomas Dutronc, qui est un peu notre Thomas Dybdahl à nous, mais lui, au moins, il n’a jamais collaboré avec Morcheeba.JEAN-PIERRE MARIOLETHE BESNARD LAKESAre the Roaring NightJagjaguar/Differ-AntCe wall of sound audacieux arrive à mêler plein de genres cool qui ont fait la fortune du format FLAC320 et des soirées pizza des années 2000, le shoegaze et toute la généalogie de ses revival successifs, le drone et son catéchisme barbare, et la fuzz-sunny-twee-Spector-pop, sans être indigeste comme un classement Pitchfork et sans verser dans le mash-up/cut-up/jonglerie de cespeedheadde Girl Talk. Le seul truc, c’est que cette formule plutôt réussie crée une combinatoire de sensations et de signaux esthétiques hyper hétéroclites, dont la seule traduction matérielle serait une éclipse partielle un matin d’orage sur une plaine normande avec une Marocaine aux yeux vairons qui parlerait de son rapport d’attraction/répulsion pour les films de Pialat en esperanto.MARCO POLIOV/AUnderwater Peoples Winter ReviewUnderwater Peoples/ImportJ’admets avoir un temps douté de l’idée du label Underwater Peoples consistant à adapter à l’activisme indie rock les principes de vie communautaire et spirituelle de l’abbaye de Cluny, mais après deux compilations (la première est sortie l’été dernier), je suis définitivement convaincu qu’aller rejoindre ses membres dans le New Jersey est peut-être le seul moyen de donner un sens à ma vie. Je suis prêt à me plier à toutes leurs règles drastiques (porter des shorts en jean quelle que soit la saison, jurer de toujours être sincère, se lever tous les matins à 4h30 pour écouter l’intégrale de Pavement (même « 5-4 = Unity », joué trois fois pour éprouver les frères les plus jeunes), ne jamais faire de blague impliquant le mot pédale, s’interdire de vendre plus de 3 000 albums, etc.) tant je suis convaincu qu’elles sont le Chemin vers l’authenticité pop la plus pure. Je demeure cependant persuadé qu’une telle vie monastique ne suffit pas à venir à bout de toutes les difficultés, comme en témoignent les conséquences dramatiques du tournant cistercien pris il y a quelques années par le label Big Dada.MICHEL ROCKHARDJJN°3Sincerely Yours/ImportUn lundi soir, après plusieurs heures de travail intellectuel intense, sans avoir mangé ni bu de tout l’après-midi, je comptais m’offrir un moment de répit et me lover dans les méandres cotonneux offerts par la pop électronique des hauts plateaux nordiques. Après un début de voyage intercontinental prometteur avec le single « Let Go », mon ascension a stoppé net aux alentours de Göteborg et le pilote, probablement ivre, a cru bon de dévier son trajet vers une destination inconnue. Une heure plus tard, j’étais à Bristol, une 8.6 dans une main et une plaquette de Xanax dans l’autre, à taper la causette avec un inconditionnel de Tricky. Il pleuvait.BASILE POLICette power pop à grosses ficelles me plaît pas mal, d’autant que les Surfer Blood ont l’air d’avoir plus d’une grosse ficelle dans leur sac à ficelles. En témoigne leur stratégie consistant à parler de Dinosaur Jr. et Yo La Tengo à longueur d’interview en espérant que comme ça personne ne remarquera que leur principale influence c’est quand même plutôt Weezer, puis à multiplier les blagues potaches pour faire oublier que les polos, les ordinateurs, les petites lunettes rectangulaires et le groupe Weezer sont des signes bien connus de ralliement à la timidité, cette mère universelle de ceux qui ont peur des mères universelles. Il y en a qui sont vraiment prêts à tout pour échapper au titre pourtant honorifique de « groupe le plus blanc du mois ».HUBERT MENSCHGONJASUFIA Sufi & A KillerWarp/DiscographJe ne sais pas grand-chose sur ce weirdo sous drogue douce issu du Nevada, à part qu’il fait une des musiques les plus bizarres qu’il m’ait été donné d’entendre. On dirait parfois du hip-hop lo-fi, de la soul loopée, du reggae électronique… Le résultat paraît assez baroque mais sans être compliqué, d’où ma perplexité. J’sais pas, c’est chelou, noman.DON PÉRIGNONJAMES CHANCE AND TERMINAL CITYThe Fix Is InWind Bell/Le Son du MaquisXENO & OAKLANDERSentinelleWired/ImportUne fois n’est pas coutume, pas de drone ni d’ambiant dans la section musique de mecs timides, mais de la minimal wave. Xeno & Oaklander, c’est un Américain et une meuf à moitié française (ça s’entend) qui vivent à Brooklyn, NY. Ils font donc une sorte de synthpop minimale froide à la croisée d’Orchestral Manoeuvres in the Dark en martial et de Cybotron en poppy. Ça m’ennuie un peu quand la meuf chante en français, mais c’est quand même putain de bien, et ça me donne envie de danser comme un robhomo, allez, 10.FAB FOURDepuis qu’il a arrêté de prendre de l’héro, de se battre et de poinçonner des p’tites cocottes qui ressemblent à Nina Hagen dans le Downtown nihiliste des années no-wave, James Chance a décidé de s’adonner au genre musical le plus plébiscité par le faux dieu Maturité : le jazz. Inutile de dire que je préférais quand il utilisait son saxo au sein de la formation James White and the Blacks pour créer un mélange inédit et contradictoire de punk et de funk, sorte d’expression musicale du concept de dialectique et d’interracial sex. Malgré le titre (thefixis in ;-)), son saxo sert ici plus à relire des classiques qu’à figurer des gouttes de transpiration.ÉTIENNE ZAHO
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