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Musique

Wasted Life : des Noëls bizarres avec les Beatles

Les disques qu'ils sortaient pour les fêtes de fin d'année sont autant de potentielles crises d'angoisse.

Avant que les transmissions virtuelles n'envahissent la planète, les groupes de musique communiquaient avec leurs admirateurs par le biais des fans clubs. Généralement, pour un prix symbolique (quoique, certains frais d'adhésion étaient parfois extravagants), chaque abonné recevait une carte de membre officiel avec nom et numéro d'adhérent, un abonnement à la newsletter du groupe, le formulaire officiel de commande pour les produits dérivés du groupe et quelques autres babioles.

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Selon la biographie des Beatles rédigée par Bob Spitz, en 1963, quand la Beatlemania était à son apogée, « des milliers » de sac postaux remplis de demandes d'inscription et de frais de cotisation s'entassaient dans les locaux du fan club des Beatles à Liverpool. Des années plus tard, l'attaché de presse du groupe, Tony Barrow se demande toujours « combien de tonnes de sacs se sont fait voler dans les escaliers qui montaient jusqu'au bureau, au dessus de la librairie miteuse ». Pour calmer les ados dont le courrier et l'argent avaient été volés, et pour éviter tout litige avec leurs parents, Spitz raconte que Tony Barrow a eu l'idée d'envoyer un flexi disc 45 tours tout pété (avec une seule face enregistrée) à tous les membres du Beatles Fan Club pour Noël.

Sur ce disque, les moptops parodiaient « Good King Wenceslas » et lisaient un texte attribué, selon les versions, à Tony Barrow ou John Lennon. Mais Lennon semble lire et, occasionnellement, changer les mots de quelqu'un d'autre si l'on en juge son ton monocorde employé pour dire « toutes les choses bath » qui sont arrivées « pendant cette année bath ». Mais le truc le plus lourd sur ce disque reste la blague de George dans laquelle il explique qu'il a « volé le nez rouge de Rudolph le renne ».

Les Beatles ont sorti un disque de Noël tous les ans entre 1963 et 1969, année de la séparation du groupe. Les premiers avaient été enregistrés en live, à l'arrache. Les Fabs se rassemblaient autour d'un micro et lisaient un script, chantaient des hymnes de Noël et faisaient les cons. Ces flexi discs n'étaient pas un moyen de sortir un nouveau morceau, mais plutôt une manière déconneuse de remplir cinq ou six minutes de blanc sur un morceau de plastique.

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Le manager des Beatles, Brian Epstein, qui faisait en sorte que ses poulains bossent comme des boeufs pendant la Beatlemania, leur avait également booké une émission de Noël aujourd'hui passée aux oubliettes. The Beatles Christmas Show, a été diffusé entre le 24 décembre 1963 et le 11 janvier 1964. Elle consistait en une série de concerts d'autres groupes managés par Epstein, quelques sketches et un petit live des Beatles. Si l'on en croit la bio de Spitz, les parties narratives de l'émission se déroulaient de la sorte : le magnifique Ermyntrude (Harrison), vêtu de bas résille et d'une écharpe blanche s'était fait ligoter sur des rails par le méchant Sir John Jasper (Lennon) alors que le Vaillant Paul the Signalman (McCartney) venait à sa rescousse. Les trois personnages principaux étaient accompagnés par l'elfe Fairy Snow (Ringo) « qui sautillait autour de la scène en jetant des confettis blancs sur les autres membres du groupe. »

Quand les Beatles, groupe live amateur d'amphétamines, s'est peu à peu transformé en groupe studio égaré sous LSD, leurs singles de Noël sont devenues des productions de plus en plus élaborées. Tandis que les pochettes des premiers flexi discs montraient les Fabs en train de tenir la pose, celle du single de 1966, « Pantomime, Everywhere It's Christmas » affichait une peinture psychédélique de McCartney. Le disque contenait un espèce de radio drama chéper se déroulant entre la Corse et les Alpes suisses et dans lequel « deux vieillards Ecossais dévoraient un fromage rare » lors d'un banquet du Roi, pendant que Jasper et l'ours Podgy se pressaient autour d'un feu au milieu de la pièce. Le seul point de ressemblance entre « Pantomime » et les inédits de Noël précédents, c'était les touches de vaudeville allemand que l'on retrouvait parfois dans le chant de Lennon.

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Sur le cinquième disque de Noël, les Beatles ont créé une parodie surréaliste d'un programme de la BBC dans laquelle on entend des danseurs de claquettes passer des auditions. Les participants s'affrontent tandis qu'une femme blessée appelle la radio pour demander la chanson « Plenty of Jam Jars » des Ravellers pour tous les malades de l'hôpital de Solihull. Entre ça et d'autres conneries du genre, on retrouvait parfois une nouvelle chanson : « Christmas Time (Is Here Again) », notamment.

Les Beatles semblent avoir enregistré leurs contributions aux flexis de 1968 et 1969 séparément. Lennon y lit « Two Virgins », puis d'autres poèmes ; lui et Yoko discutent de cornflakes en se marrant ; Paul chante et joue une mélodie en acoustique ; George parle aux fans et introduit Tiny Tim, qui chante « Nowhere Man »; Ringo place quelques mots. Le seul truc prouvant qu'on est bien en face d'un « disque » des Beatles, ce sont les morceaux du White Album et d'Abbey Road qu'on entend en fond sonore.

Après ça, John et Yoko ont enregistré le maxi de Noël « Happy Xmas (War Is Over) » / « Rudolph The Red-Nosed Reggae » en 1979. L'album de Noël de Ringo en 1999, I Wanna Be Santa Claus contient une autre version de « Christmas Time (Is Here Again) ». George s'est dévoué à Jai Sri Krishna et a donc été contraint d'abandonner Noël. Un enfoiré a assassiné John Lennon et un autre cinglé s'est introduit chez George Harrison pour le poignarder.