Un premier site d’injection supervisée ouvert du matin au soir à Montréal

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Un premier site d’injection supervisée ouvert du matin au soir à Montréal

Les bacs de seringues scellées de diverses grosseurs sont pleins; les boîtes de condoms sont empilées à la réception.

Ne restait qu’à remplir les réchauds à café pour accueillir les premiers usagers du site d’injection supervisée (SIS) de Spectre de rue qui ouvrait ses portes mercredi.

C’est le quatrième à ouvrir ses portes à Montréal, après Dopamine, Cactus et le site mobile de l’Anonyme. En plus d’accueillir de 30 à 40 personnes du quartier qui viennent déjà, chaque jour, chercher des seringues, ce SIS vient compléter l’offre de services aux consommateurs de substances injectables. « Nous allons être le seul site qui va être ouvert durant la journée », dit Gilles Beauregard, le directeur de Spectre de rue. À Montréal, il sera dorénavant possible de trouver un endroit sécuritaire pour s’injecter des drogues pratiquement 24 heures sur 24.

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Spectre est bien connu dans le quartier. Depuis 27 ans, le centre aide à prévenir la propagation des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Il est aussi l’inventeur du programme TAPAJ, qui offre du travail à la journée aux gens en itinérance.

Rencontrer les toxicomanes de jour va faciliter le suivi médical et la prestation de soins par le personnel infirmier sur place. « Si l’infirmière a besoin d’appeler quelque part pour de l’information sur un de nos clients, ou si elle a besoin de le transférer quelque part, ça répond au téléphone. Tout va être ouvert », explique M. Beauregard. Il s’attend d’ailleurs à ce que les candidatures abondent pour travailler à son centre.

Obtenir l'« exemption » qui permet la manipulation et l’injection légale de substances contrôlées a un coût administratif et logistique. Les personnes désirant s’injecter des drogues doivent s’inscrire à un registre (mais ils peuvent utiliser un faux nom), toutes les portes sont activées par des puces et la section réservée à l’injection, qui compte quatre cubicules, est cadenassée de l’extérieur. Une sophistication qui contraste avec l’ambiance « communautaire », faute de meilleur terme, qui règne dans le local voisin où Spectre continuera d’offrir ses divers services.

Est-ce que le cadre très clinique du SIS va être bien accueilli par la clientèle? « Il va falloir s’adapter à ce que les gens nous disent. On a gardé ça très drabe parce qu’on avait des visites de Santé Canada et d’autres partenaires. Mais on va mettre des affiches, c’est sûr. Il va y avoir de la musique », promet M. Beauregard.

Même si la découverte du cadavre d’une femme ayant subi une surdose à quelques mètres de Spectre a rappelé l’urgente nécessité des SIS, il rencontre encore de l’opposition de certains commerçants du quartier et des parents de l’école Marguerite-Bourgeois.

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Le changement à la mairie l’inquiète un peu. Pourtant Valérie Plante vient du milieu communautaire, Projet Montréal s’est engagé à soutenir les SIS et Robert Beaudry, un ancien employé de Spectre, siège au conseil de ville. « Oui, mais Valérie est très tournée vers la consultation citoyenne, résume-t-il. « Ça pourrait peut-être redonner de la visibilité aux quelques personnes du quartier qui sont contre. »