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Le combattant MMA qui a risqué la torture et la mort pour s'enfuir de Corée du Nord

Park Il Choong est né en Corée du Nord mais il a décidé de risquer sa vie pour essayer d'entamer une carrière dans les arts martiaux.
Photos by SeoulPirates.com

Quand on entend des histoires venant de la Corée du Nord, il est difficile de faire le tri entre le vrai et le faux. Mais un jeune combattant MMA a fait l'expérience de ce que c'était que de vivre sous un régime considéré comme l'un des plus autoritaires du monde.

Park II Choong vit maintenant à Chuncheon, en Corée du Sud, où il réalise son rêve de devenir boxeur professionnel. Mais il n'y est pas né. Le garçon de 24 ans a dû risquer sa vie pour s'enfuir de Corée du Nord au cours d'un dangereux périple qui l'a emmené de l'autre côté du fleuve Tumen, d'abord en Chine, où il s'est retrouvé en relative sécurité, avant de trouver asile en Corée du Sud.

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Sa carrière pro n'a pas connu le meilleur des départs puisqu'il a perdu ses quatre premiers combats. Mais Choong a fait face à beaucoup plus d'adversité par le passé. Il lui a fallu presque huit ans pour enfin s'échapper de Corée du Nord, et commencer une nouvelle vie chez le voisin.

« Je suis né à Musan. Mon père est décédé lorsque j'avais 11 ans, et ma mère s'est enfuie en Corée du Sud lorsque j'en avais 12. Je me suis échappé de Corée du Nord avec ma petite sœur dès que j'ai eu 18 ans, m'a-t-il expliqué au téléphone. Si tu veux t'échapper, tu dois payer un passeur, et ça coûte très cher. Ma mère voulait nous emmener ma petite sœur et moi, ça lui a donc demandé beaucoup de temps et de travail. Quand elle a suffisamment économisé et donné l'argent, on s'est rendu compte que le passeur était un imposteur. On n'avait plus d'argent. »

Choong devra donc attendre six ans avant de pouvoir enfin suivre les pas de sa mère en fuyant le pays. C'est une entreprise dangereuse et sa seconde tentative ne s'est pas passée comme prévue.

« La première fois que j'ai essayé de m'enfuir c'était en 2008, mais alors qu'on demandait des indications pour le sud, on a été pris en chasse, et deux personnes qui étaient avec nous ont été capturées. Ma sœur et moi nous en sommes sortis, mais j'ai appris plus tard que ces deux hommes avaient été torturés et incarcérés. Je pense qu'aujourd'hui ils sont probablement morts. D'ailleurs sept Coréens qui essaient de s'échapper sur dix se font attraper. »

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Sa première tentative s'est presque soldée par un désastre, mais Choong était déterminé à obtenir une meilleur vie pour lui et sa petite sœur. S'il se faisait attraper, les conséquences auraient été tellement sévères qu'il pensait à l'époque que la mort serait une meilleur alternative. Mais malgré le risque, il a de nouveau essayé de fuir la Corée du Nord.

« La première fois que j'ai essayé de m'échapper de Corée du Nord je n'ai pas réussi. En 2009, j'ai de nouveau essayé. Je n'arrêtais pas d'imaginer à quel point ce serait horrible et je pensais qu'il était mieux de mourir d'une balle en tentant de fuir plutôt que de me faire attraper. J'ai traversé le fleuve Tumen à 18 ans, et j'ai emmené ma petite sœur avec moi. »

Le fleuve Tumen sépare la Corée du Nord de la Chine. Il est fortement pollué et des patrouilles surveillent occasionnellement ses berges, mais il reste l'itinéraire de sortie le plus fiable. Ceux qui le traversent essaient ensuite traditionnellement de rejoindre la Corée du Sud, car s'ils sont découverts par les autorités chinoises, ils seront déportés.

Choong n'a pas voulu rentrer dans les détails sur la manière dont il est passé de la Chine à la Corée du Sud, mais il dit que rien ne l'avait préparé au choc culturel qui l'attendait.

« Ça peut être très dur d'arriver en Corée du Sud et d'essayer de comprendre le mode de vie, parce que tout est différent. Un garçon de 17 ans dans une école nord-coréenne ne connaît pas le concept de l'université. En Corée du Nord, à 18 ans, il est obligatoire de s'engager dans l'armée pendant dix ans. »

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Choong a passé ses six premiers mois en Corée du Sud, à être interrogé par les services de renseignements. Malgré cette "initiation" au mode de vie coréen, son installation et son adaptation à sa nouvelle vie ont été difficiles.

« Bien que je sois arrivé en Corée du Sud en mars 2009, je n'ai été libre qu'en septembre. J'ai dû me rendre aux services de Renseignement afin de recevoir un cours sur les devoirs de base. En Corée du Nord, j'avais rêvé de comment je vivrais ma vie si j'arrivais à m'enfuir, et j'avais un plan pour survivre mais quand je suis arrivé en Corée du Sud, je n'ai pas du tout réussi à le mettre en œuvre. Je ne savais pas quoi faire, j'étais désespéré. »

Il a fallu beaucoup de temps à Choong pour s'acclimater à la vie en Corée du Sud, mais il a vite réalisé qu'il y avait un de ses rêves d'enfance qui était maintenant à portée de main.

« Même lorsque j'étais enfant, j'ai toujours voulu devenir boxeur professionnel. Donc, lorsque je suis finalement arrivé à Chuncheon, j'ai pu vraiment apprendre la boxe. Et pas seulement la boxe, je voulais apprendre tous les sports de combat, donc je me suis inscrit au MMA. C'est comme ça que je suis arrivé au Wild Gym et qu'après un mois d'entraînement là-bas, j'ai vu une pub pour des épreuves de sélection pour Crying Fist. »

Crying Fist est une sorte d'émission de téléréalité pour combattants de MMA. Choong est rapidement devenu le favori des fans après avoir partagé son histoire à la télévision. Peu importe s'il arrive à inverser le cours de sa carrière avec quelques victoires, le Nord-Coréen recevra toujours beaucoup de soutien et il dit aujourd'hui qu'il est très reconnaissant pour la vie qu'il a.

« Je vis avec ma mère et ma sœur à Chuncheon et je vais à Séoul en train. Je suis heureux pendant les entraînements et chaque jour est un cadeau pour moi parce que j'ai dû traverser une période difficile où ma vie était en jeu, et j'ai survécu. »