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LE NUMÉRO PEUR

Hamas contre Fatah

Les jeunes Palestiniens ont le choix: mourir pour le Fatah ou mourir pour le Hamas. C’est un peu comme le combat entre la droite et la gauche chez nous, sauf qu’au lieu de s’affronter à coups de débats télévisés, ils brandissent des AK-47, haïssent...

Les jeunes Palestiniens ont le choix: mourir pour le Fatah ou mourir pour le Hamas. C'est un peu comme le combat entre la droite et la gauche chez nous, sauf qu'au lieu de s'affronter à coups de débats télévisés, ils brandissent des AK-47, haïssent Israël et sont prêts à kidnapper ta famille pour se faire entendre. En simplifiant, on peut dire que le Fatah veut établir un état palestinien et essayer de cohabiter avec Israël, alors que le Hamas refuse tout compromis et veut revenir aux frontières telles qu'elles existaient avant la Guerre des six jours, en 1967. Pourtant, on a souvent l'impression que les deux partis sont plus occupés à essayer de s'éliminer l'un l'autre qu'à combattre leur ennemi commun. On a demandé à des jeunes Palestiniens de nous donner leur avis sur ce bordel.

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Ahmed Dwaikat, 21 ans, vit dans le village de Beta, près de Naplouse, en Cisjordanie. Il a deux enfants et travaille dans le bâtiment.

Vice: Tu es pour qui, Fatah ou Hamas?

Ahmed:

Je suis membre du Fatah depuis ma naissance. Ça fait partie de moi. J'ai commencé à les soutenir lors de la première Intifada.

Le futur de tes enfants, tu l'imagines avec le Fatah?

Oui. Quand le Fatah était au gouvernement, tout allait bien. Maintenant que le Hamas est au pouvoir, les instituteurs ne sont plus payés et font grève dès la rentrée scolaire. Je veux que mes enfants comprennent bien qu'on ne peut jamais savoir ce que l'avenir nous réserve.

Tu as perdu des amis au combat?

Comme de nombreux autres Palestiniens, j'ai beaucoup d'amis qui ont été tués par l'armée israélienne. Ils aimaient leur pays et étaient contre l'occupation.

Hatem Darwish a 18 ans. Il vient du village de Beta.

Vice: Tu es pour qui? Le Fatah ou le Hamas?

Hatem:

le Fatah.

Qu'est-ce qui t'a fait choisir le Fatah?

Il y a deux ans de ça, mes amis et moi avons commencé à participer à des activités scolaires organisées par le Fatah. Du coup, on y est resté.

Et ta famille?

Elle est divisée. On vit normalement, bien qu'on ait des opinions politiques différentes. Chacun a choisi ce qu'il pensait être le plus juste.

À ton avis, qu'est-ce que le Fatah apporte au peuple?

La base du Fatah et du Hamas, c'est la résistance face à Israël. Mais tout a dérapé et vite tourné à la guerre civile à cause des divisions dans le gouvernement.

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Tu es prêt à mourir pour ton pays?

Oui, bien sûr.

Mohamad Abo Hamdan a 15 ans et vit dans le camp de Balata. Il étudie et travaille parfois comme vendeur.

Vice: Hamas ou Fatah?

Mohamad:

Hamas, sans hésitation.

Pourquoi ça?

Je vis dans un camp de réfugiés parce que l'occupant israélien nous a forcés à abandonner nos villes et nous a volé nos terres. Ici, le Hamas nous aide dans notre vie quotidienne et pour notre éducation. Ils nous donnent des cartables, de la nourriture, tout. Pourquoi est-ce que je ne les soutiendrais pas?

Tu mourrais pour ton pays?

Je n'aime pas la mort et j'adore ma vie. Pour rien au monde je ne voudrais mourir, à part pour mon pays.

C'est oui, donc.

Salma Awad a 16 ans. Elle vit à Naplouse où elle est lycéenne.

Vice: Est-ce que tu soutiens un mouvement quelconque?

Salma:

Je suis membre du Fatah depuis trois ans.

Pourquoi avoir choisi le Fatah?

Appartenir au Fatah me rassure. C’est pour ça que j’en fais partie, et des milliers d’autres jeunes pensent comme moi. Je suis persuadée que le Fatah arrivera à nous placer sur un pied d’égalité avec le reste du monde et rétablira la paix.

Et tu soutiendras le Fatah quoiqu’il arrive?

Je suppose. Je pense que le rêve palestinien se réalisera grâce au Fatah. On doit garder espoir et ne jamais abandonner.

Tu es prête à te sacrifier pour ton pays?

Bien sûr. Beaucoup de gens, partout dans le monde, le font. Nous vivons dans une immense prison et le monde entier l’ignore. L’occupation est inacceptable