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On a discuté de la mort avec une ancienne thanatologue

« Si quelqu’un que je connais décède, c’est sûr que je veux l’embaumer. »
Photo : Helena Toscano/Flickr

Si vous appreniez que votre grand-mère est décédée, quel serait votre premier réflexe? Pleurer? Être frustrés contre la vie de vous l'avoir arraché? Audrey, elle, se pitcherait pour embaumer sa grand-mère.

À 25 ans, Audrey est une ex-thanatologue. Se qualifiant « pas assez empathique » avec les familles des défunts, elle a quitté le métier après six mois de pratique. Elle étudie présentement pour être assistante pathologiste, comblant son désir de se retrouver uniquement en laboratoire, avec ses écouteurs, en traitant une dépouille amochée.

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Je lui ai posé quelques questions (qu'on se demande tous et toutes) sur le métier de thanatologue.

VICE : Pourquoi as-tu décidé de lâcher le métier de thanatologue?
Audrey : Je trouvais ça démoralisant. J'ai de la misère avec des inconnus qui ont perdu quelqu'un. Ça ne m'affecte pas. Ça ne vient pas me chercher non plus. Je trouvais pas que je m'améliorais comme personne dans ce domaine.

Comment tu deal avec la mort?
J'ai toujours su que la mort m'attirait et j'ai toujours su que si un proche de ma famille décédait, je ne serais pas affectée. Oui, c'est triste parce que c'est quelqu'un que je connais, mais je ne serais même pas capable de dire si je pleurerais. Ce n'est pas par manque d'émotions, c'est juste que pour moi, c'est le cours normal des choses de la vie. Je n'ai jamais pleuré parce que quelqu'un était décédé, je n'ai jamais pleuré dans les films. J'ai vraiment un énorme détachement.

Que dirais-tu aux gens qui ont peur de mourir?
Ma grand-mère est à l'hôpital et ça me fait penser : quand quelqu'un meurt d'une maladie, pis qu'il a fait tout ce qu'il avait à faire, un moment donné, tu ne peux pas te battre contre la vie. C'est plus fort que toi. Fais confiance à toi, fais confiance à la vie. Et dis-toi qu'au bout du compte, si tu dois partir, ben, tu dois partir. Aussi bien accepter ça et te rappeler tout ce que tu as vécu : regrets, non-regrets, plaisir, joie, rire, peu importe.

Serais-tu capable d'embaumer un membre de ta famille?
Si quelqu'un que je connais décède, c'est sûr que je veux l'embaumer. La majorité des endroits acceptent quand tu connais la personne.

Normalement, je ne flatte pas la main ni les cheveux, mais si c'est quelqu'un que je connais, je le ferais. J'aurais mis plus d'amour dans chaque étape de l'embaumement.

Quel genre de corps aimes-tu traiter?
Les accidentés, brûlés, coupés, suicidés, ça m'interpelle beaucoup plus que quelqu'un qui est décédé d'une mort naturelle, mettons. Ce sont ces cas qu'on explore en autopsie.

As-tu occupé d'autres postes en lien avec la mort?
J'ai déjà été préposée à l'incinération. Faire des incinérations 40 heures semaine, c'est extrêmement demandant physiquement. Pis ce n'est pas une job valorisante, tout le monde peut faire ça.