Ce que ça fait de baiser après une longue période de disette
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Ce que ça fait de baiser après une longue période de disette

De Gaulle, Moïse, votre pote mal dans sa peau – tous ont vécu des traversées du désert.

Inciter les gens à coucher avec vous est un peu comme faire du sport : plus vous pratiquez cet exercice, plus il vous semble facile. Le problème, c'est que lorsque vous arrêtez le sport pendant plusieurs mois, votre corps se déshabitue et souffre le martyre après 10 minutes de footing. Eh bien, pour la drague, c'est pareil.

Nous avons tous connu des périodes de creux mais peu de gens ont subi l'affront d'une disette dépassant un an. Comment ces personnes, à la limite d'un retour à une virginité perdue, font-elles pour supporter la banalité de leur quotidien ?

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Pour en savoir plus, j'ai demandé à plusieurs anciens abstinents contraints ce qu'ils avaient ressenti le jour où le cercle vicieux s'était brisé.

Pablo, 28 ans

VICE : Salut Pablo. Combien de temps a duré ta période de vide sexuel ?
Pablo : Près de deux ans et demi. Je sortais tout juste d'une relation longue et je ressentais le besoin de me recentrer sur moi-même.

Comment as-tu géré toute la frustration emmagasinée ?
Ça a été très dur, mais certains trucs m'ont permis de tenir. J'ai passé pas mal de temps à faire du skate, à fumer beaucoup de weed, à faire du vélo et à me rapprocher sensiblement de ma main droite.

As-tu essayé de draguer des meufs, ou n'en avais-tu juste plus rien à foutre ?
Après une aussi longue relation, je me foutais complètement des meufs. Je voulais juste traîner avec mes potes.

Comment as-tu réussi à briser la malédiction ?
À l'époque, je vivais juste à côté d'un skate park, près d'une rivière. J'avais remarqué une fille qui traînait pas mal dans le coin. Un jour, elle s'est approchée de moi pour se présenter et je me suis dit : « Fonce ! » Je lui ai dit que j'habitais juste à côté, que j'avais pas mal de weed et que si elle voulait venir elle était la bienvenue. Elle m'a accompagné chez moi et les choses ont vrillé très rapidement.

C'était comment ?
Ça a été très vite mais c'était très bon. Le lendemain, je me sentais en pleine forme, comme si j'avais perdu ma virginité une seconde fois.

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Beth, 25 ans

VICE : Salut Beth. On parle de combien de temps, pour toi ?
Beth : Eh bien, je venais tout juste de quitter Londres et j'avais niqué avec un mec assez rapidement dans ma nouvelle ville, mais je ne l'avais pas rappelé. Au final, j'ai compris qu'il me plaisait bien, mais après c'est lui qui m'a envoyée bouler. Après, sept mois de vide ont suivi.

Avais-tu le cœur brisé, ou s'agissait-il seulement de manque de chance ?
La ville dont je te parle est remplie de couples tout à fait heureux, qui passent leurs journées ensemble à se complimenter et à bouffer du taboulé le soir – des gens chiants, en somme. Je ne connaissais personne de célibataire et j'avais la sensation qu'il était bien plus difficile de rencontrer quelqu'un et de le ramener chez soi qu'à Londres. C'était ça, ou personne ne me trouvait à son goût. J'ai repéré quelques mecs, mais ils n'étaient pas intéressés.

Comment as-tu géré ta frustration sexuelle ?
Pas très bien, car ma meilleure amie, qui était ma colocataire, se foutait tout le temps de ma gueule. En plus, dès que je buvais, j'avais l'alcool triste. Ça m'a fait comprendre à quel point les discussions banales entre filles tournent toujours autour du sexe. Je me sentais tout le temps à part, tout le temps bête.

Selon toi, s'agit-il d'un cercle vicieux ? En gros, plus tu attends, plus il devient difficile de briser la disette ?
En fait, je crois que j'ai vécu ce que vivent tous les gens une fois passée la vingtaine : vous ne rencontrez plus aucune « nouvelle » personne.

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Comment as-tu réussi à revenir aux joies du sexe ?
Je suis rentrée à Londres et j'ai participé à une énorme fête dans une baraque. Un type moche n'arrêtait pas de me faire de l'œil en me proposant de partager sa coke. Il avait beau me dégoûter, j'ai fini par coucher avec lui, bourrée comme un coing. Après, j'ai couché avec deux types la semaine suivante, et c'en était fini de l'abstinence.

C'était comment de redécouvrir les joies du sexe ?
En fait, ça ressemblait un peu à la perte de ma virginité. Je l'ai fait pour que ça soit fait, rien de plus.

Robbie, 26 ans

VICE : Salut Robbie. Dis-m'en plus sur ta période de disette sexuelle.
Robbie : À l'époque, je couchais avec la sœur d'un pote. Je suis quelqu'un d'assez timide et ça m'avait pris des mois pour arriver à mes fins. Le problème, c'est qu'elle vivait à des centaines de kilomètres de là où j'habitais. Elle a tout arrêté quand on a commencé à se comporter comme un vrai couple. C'était la chose à faire mais j'ai eu du mal à l'accepter. C'est à partir de ce moment-là que j'ai connu mon creux. J'ai couché avec une personne, une fois, en deux ans et demi.

Pourquoi as-tu eu du mal à entretenir une vie sexuelle régulière ?
Je passais tout mon temps à la fac à écouter de la musique en fumant. Je ne sortais pas tant que ça et quand je le faisais j'allais en club pour me retourner le crâne, donc je ne cherchais même pas à serrer et n'étais pas en état de plaire à quelqu'un. J'oubliais régulièrement de me doucher, aussi. Je me laissais aller quoi.

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Comment as-tu géré ta frustration ?
Je me branlais très souvent. J'ai tenté d'aller régulièrement à la salle de sport mais comme j'étais tout le temps défoncé je passais mon temps à mater les gens. Je ne faisais rien, en fait.

J'ai l'impression que ton célibat était lié aux difficultés que tu rencontrais dans ta vie, non ?
Ouais, à terme j'ai fait une dépression nerveuse au cours de l'été après avoir été diplômé. Je pensais constamment au sexe. Je me demandais si, au fond, les filles me snobaient parce qu'elles pensaient qu'elles ne me plaisaient pas, voire que j'étais homo. Ma tête était complètement à l'envers.

Et quand as-tu réussi à recoucher avec quelqu'un régulièrement ?
Je suis revenu chez moi et j'ai recontacté une ex.

Retrouver le sexe, c'était comment ?
Je n'avais plus aucune confiance en moi, et je m'inquiétais. Je me souviens lui avoir demandé si elle voulait coucher avec moi, et ma voix tremblotait. J'avais peur de ne prendre aucun plaisir. Au final, tout s'est bien passé physiquement, mais c'était un coït sans âme. Elle a débarqué, on a maté un film puis on a baisé, et elle est repartie.

Quel regard portes-tu sur ta sexualité désormais ?
J'ai mis un long moment à accepter le fait qu'au fond, je ne sais pas vraiment à quoi correspond ma sexualité.

Kiera, 27 ans

VICE : Comment en es-tu arrivée à ne plus baiser ?
Kiera : Après avoir été larguée par un mec plus vieux, je n'avais plus aucune confiance en moi. Je ne me sentais pas bien et quand tu ajoutes ça à la pression que je ressentais au cours de ma dernière année de fac, j'en suis venue à ne plus avoir de relation sexuelle pendant un an.

Était-ce une abstinence « voulue » ?
Eh bien, je suis repartie vivre chez mes parents alors on peut dire que ce n'était pas l'endroit le plus propice pour baiser. Je n'ai rien contre les coups d'un soir, je n'ai simplement pas eu l'opportunité d'en avoir, sans doute parce qu'à l'époque j'étais totalement fermée d'esprit.

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Tu étais frustrée ?
Bien sûr ! Qui ne le serait pas ? Le pire était de me dire que j'étais célibataire, plutôt bonne, et que personne ne me baisait. Je n'en pouvais plus.

Est-il plus difficile de mettre un terme à cette abstinence de longue durée quand on est une femme ?
C'est difficile à dire. Je suis sortie assez souvent dans l'espoir de rencontrer de nouvelles personnes et j'ai remarqué que les mecs n'ont pas trop l'habitude de voir des filles les draguer. Ils ont rapidement l'impression que vous êtes désespérée ou que vous les trouvez magnifiques, alors que vous avez simplement envie de baiser.

Comment as-tu brisé la malédiction ?
J'étais en vacances et je n'avais pas à me préoccuper de ce que pensaient les gens. Je suis rentrée dans un bar, seule, et j'ai fini par coucher avec le premier Français mignon que j'ai vu.

Comment c'était ?
Génial. Il était au top et m'a fait me sentir bien pendant et après l'acte.

Tu t'es sentie plus confiante après ça ?
Oui, ça allait vraiment beaucoup mieux. J'avais la confirmation que certains mecs me désiraient. J'étais soulagée de constater que je ne finirai pas mes jours célibataire.

William, 29 ans

VICE : Salut William. Parle-nous un peu de ta plus longue période d'abstinence.
William : Je vivais à Leeds à l'époque et j'aimais bien l'une de mes colocataires. Le problème, c'est que je prenais de la drogue tous les jours – surtout de la méphédrone. Au final, j'ai dû partir à Norwich pour redevenir clean. C'est à cette époque que je me suis mis à faire de la boxe deux fois par jour, cinq fois par semaine. Sans que je m'en rende compte, cela faisait 18 mois que je n'avais pas baisé.

Tu t'en fichais tant que ça ?
En fait, j'étais vraiment obnubilé par mes entraînements. Après, je sais qu'intérieurement j'étais assez triste de la vie que je menais. J'imagine que la boxe me permettait d'expulser cette colère, cette frustration sexuelle.

Il t'arrivait de draguer des filles ?
Oui, tout le temps, sauf que j'étais un mec chiant à l'époque. Je pensais tout le temps à la boxe. Mon corps était plutôt plaisant aux yeux de pas mal de meufs mais je n'en demeurais pas moins imblairable.

Comment as-tu réussi à mettre fin à cette série ?
En fait, la fille que j'appréciais le plus à Leeds, ma meilleure amie, a fini par me sauter dessus un soir alors que l'on fêtait son anniversaire chez elle. Ça a été hyper rapide, vu qu'on était tous les deux défoncés.

Ça t'a remis en confiance ?
Clairement. Je me sentais de nouveau séduisant.