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Alcool, drogue et inconduite sexuelle dans des partys entre profs et étudiants de Concordia

Un rapport recommande à Concordia d’interdire aux professeurs d’organiser des cours dans des bars.
Alcool, drogue et inconduite sexuelle dans des partys entre profs et étudiants de Concordia
Image via Shuttertock 

L’article original a été publié sur VICE Canada.

Un rapport sur le département d’anglais de l’Université Concordia publié jeudi dernier nous apprend que des membres du corps enseignant ont donné des cours dans des bars, organisé des partys chez eux et consommé de l’alcool et des drogues avec leurs étudiants. La frontière entre les relations personnelles et professionnelles s’est brouillée, et il y a maintenant des allégations d’inconduite sexuelle.

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Pour préparer ce rapport indépendant, 109 étudiantes et étudiants, actuels et anciens, et professeurs ont été interrogés sur la culture dans le département. Aucun des professeurs accusés n’est identifié. Ce sont les ex-étudiantes et ex-étudiants qui ont donné le plus de réponses.

Des étudiantes ont déclaré que « certains membres du corps enseignant ont, au fil du temps, exercé diverses formes de violence sexuelle », que l’on définit dans le rapport comme « tout type d’inconduite de nature sexuelle, allant des avances non désirées à l’agression sexuelle ».

« À notre avis, ces cas de violence sexuelle signalés sont au cœur du climat malsain du département d’anglais », lit-on dans le rapport. Les étudiants plus âgés transmettent aux plus jeunes les histoires d’inconduite par un réseau de murmures « solidement enraciné ». On rapporte aussi que des membres du corps enseignant et du personnel étaient au courant des accusations contre certains d’entre eux, « mais ne [savaient] pas comment agir ou [hésitaient] à le faire ».

« Une découverte vraiment troublante! » a tweeté l’ex-étudiante de Concordia Emma Healey en réaction au rapport. Dans un essai rédigé en 2014, elle a décrit une relation avec son professeur qui impliquait de la violence psychologique et des agressions physiques et sexuelles.

Un professeur de l’Université Concordia, dont le nom n’est pas divulgué, s’intéressait à ce qu’elle écrivait. La veille de son premier cours avec lui, il l’a invitée à aller prendre un verre avec ses amis. Elle avait 19 ans et lui 34. Il lui a payé des verres et ils se sont plus tard retrouvés chez elle. « La relation elle-même était consensuelle, mais la plupart des choses qui se sont passées dans cette relation ne l’étaient pas. »

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Après la fin de leur relation, elle l’a rencontré par hasard un soir. Il lui a payé une bière et ils ont parlé. Il lui a dit qu’elle était trop saoule pour rentrer chez elle seule et l’a raccompagnée. Une fois dans son appartement, elle écrit qu’elle a dû le repousser et insister pour qu’il parte.

Lorsqu’elle a commencé à raconter son expérience à ses amis proches, elle a entendu une foule d’histoires semblables de la part d’étudiantes et d’autres membres de la communauté littéraire, dont certaines histoires impliquant la même personne, tandis que d’autres impliquaient d’autres d’hommes de la communauté.

« J’ai entendu parler de viols et d’agressions. J’ai entendu parler d’abus de confiance et de cas de détournement cognitif. J’ai entendu parler d’hommes qui avaient menacé des femmes de poursuites judiciaires pour les empêcher de parler », a-t-elle raconté.

« Sans exception, tous ces hommes travaillent encore – ils écrivent, publient, révisent, enseignent – aujourd’hui. »

En réaction à l’essai, six étudiantes ont écrit une lettre au directeur du département d’anglais de Concordia pour lui faire part de leurs préoccupations, mais rien n’a été fait à l’époque, a rapporté CBC.

« Les relations entre étudiants et professeurs, et entre étudiants, sont devenues plus tendues », ont-elles écrit dans la lettre, selon CBC. « Plusieurs d’entre nous ne se sentent maintenant pas à l’aise et pas en sécurité dans des cours, des activités et des séminaires de la communauté littéraire montréalaise à cause de la présence de professeurs de Concordia et de leur position au centre de cette communauté. »

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Il a fallu qu’un homme rédige un essai sur les abus publié dans Canadian Literature pour attirer l’attention sur ce problème.

Dans cet essai de janvier 2018, Mike Spry, ex-étudiant de Concordia, a décrit les abus de pouvoir au sein du département d’anglais et dans la communauté autour de Canadian Literature, y compris des relations entre des professeurs dans la cinquantaine et des étudiantes dans la vingtaine.

Emma Healey a réagi en affirmant que Mike Spry était un ami proche du professeur qui l’avait agressée.

En réponse à l’essai, le président de Concordia, Alan Shepard, a nié avoir eu connaissance du problème. L’Université a ouvert une enquête sur les allégations d’inconduite sexuelle, et deux professeurs ne donnent plus de cours.

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Dans le rapport publié la semaine dernière, on recommande aux membres du corps enseignant de révéler sans délai toute relation avec une étudiante, en rappelant que la nouvelle politique de Concordia l’exige. On recommande aussi à Concordia d’interdire aux professeurs de donner des cours dans des bars.

« Une relation amoureuse ou sexuelle entre un étudiant ou une étudiante et une personne en position d’autorité est en contradiction avec les devoirs et responsabilités de la personne en position d’autorité, écrit-on dans le rapport. Elle place la personne en situation d’autorité dans une situation de conflit d’intérêts, réelle ou perçue. Elle place l’étudiant ou l’étudiante dans une position avantageuse réelle ou perçue.

« Nous pensons que toute relation amoureuse ou sexuelle consensuelle entre un membre du corps enseignant et un étudiant ou une étudiante risque de compromettre la mission de l’Université, qui est de fournir un environnement d’apprentissage et de travail sécuritaire. »

Emma Healy a affirmé à CBC que le rapport constitue « une première étape décente », mais, en se basant sur son expérience, elle doute que l’université prenne cet enjeu au sérieux.

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