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Crime

Le nouveau sarcophage de Tchernobyl

Trente ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, des ingénieurs ont presque terminé de construire l’arche qui doit contenir la radioactivité du site pendant 100 ans.
Photo par Roman Pilipey/EPA

Trente ans après le désastre nucléaire de Tchernobyl (nord de l'Ukraine), des ingénieurs offrent un ravalement de façade au bâtiment principal, resté inactif depuis l'accident. Avec le soutien financier de 40 pays — dont les États-Unis — ces ingénieurs construisent d'immenses structures qui contiendront le réacteur endommagé ainsi que le sarcophage qui avait été posé immédiatement après l'accident.

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« Cette nouvelle structure est sans précédent, unique », nous a expliqué Najmedin Meshkati, professeur d'ingénierie civile et environnementale à l'Université de Californie du Sud.

Cette arche pesant plus de 33 000 tonnes devrait être achevée d'ici la fin de l'année. Elle deviendra alors la plus grande structure amovible du monde, occupant une surface au sol équivalente à 2 terrains de football et aussi haute qu'un immeuble de 32 étages à son point le plus haut.

Au cours des premiers mois suivant l'accident, les autorités soviétiques avaient mis en place la structure provisoire dans le but de contenir les fuites radioactives aussi vite que possible. Les ouvriers travaillant sur ce sarcophage avaient alors été exposés à des niveaux de radioactivité très élevés.

« Cela a été construit à la va-vite, mais de manière héroïque », a indiqué Najmedin Meshkati.

Au fil des ans, le sarcophage s'était détérioré et était devenu vulnérable à des fuites en période de pluie ou lors des tempêtes de neige.

« La nouvelle enceinte de confinement est une structure robuste conçue pour résister à des phénomènes naturels comme les tornades, les fortes chutes de neige et les tremblements de terre, car elle ne repose pas sur les structures endommagées pour le soutien et la stabilité », a déclaré Ron Hink, chef de projet pour l'entreprise Bechtel — qui dirige le consortium international en charge de la construction de l'arche.

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Le squelette de cette nouvelle arche est fabriqué à partir de tuyaux en acier et en carbone. Son habillage se compose d'un agencement de plusieurs couches d'acier inoxydable, d'une barrière contre l'humidité et d'une couche d'isolation. La structure a été conçue non seulement pour contenir les débris radioactifs, mais aussi pour permettre le démantèlement en toute sécurité de l'ancienne structure qui se désintègre notamment à cause de la corrosion.

D'après Ron Hick, contrôler l'humidité à l'intérieur de la structure était une tâche principale pour les concepteurs. Un niveau maximal de 40 pour cent d'humidité permettra d'éviter la condensation et la corrosion. La nouvelle structure devrait durer 100 ans.

Outre les défis d'ingénierie que pose la construction d'une structure gigantesque sur un site radioactif, Hink a déclaré que l'obtention des autorisations réglementaires ainsi que les difficultés économiques de la zone représentaient également un obstacle.

« Bien que les combats dans l'est de l'Ukraine n'aient pas d'impact direct sur le projet », a-t-il expliqué, « le déclin de l'économie aggrave les conditions de vie locales et s'ajoute aux difficultés que connaît la population ».

La structure de confinement coûte environ 1,3 milliard de dollars, tandis que le coût du dispositif dans son ensemble — connu sous le nom de « Shelter Implementation Plan » — est de 2,7 milliards de dollars. Le financement du projet provient de plus de 40 pays et est supervisé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

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La centrale nucléaire de Tchernobyl vue depuis le chantier de construction d'un nouvel abri de protection. (Photo par Roman Pilipey / EPA)

Malgré des niveaux de radioactivité chaque année plus faibles, la zone d'exclusion d'environ 1 600 kilomètres carrés établie autour de la centrale après la catastrophe reste globalement inhabitée — ce qui témoigne des effets durables de la catastrophe.

Tchernobyl a eu un impact considérable sur la manière dont le public perçoit la sûreté des centrales nucléaires. D'après Meskati, cet accident a renforcé le vieil adage selon lequel un accident nucléaire localisé devient toujours un accident nucléaire global, car ce type de catastrophe majeure a des retombées bien au-delà de l'endroit où les usines se trouvent.

En France, les régions de l'Est et les zones montagneuses ont été les plus touchées par le nuage radioactif qui s'était échappé de Tchernobyl — et présentent actuellement des niveaux de radioactivité plus élevés que dans le reste du pays.

« J'espère que nous avons tiré suffisamment de leçons de Tchernobyl et de Fukushima », a déclaré Meshkati. « On n'a pas besoin d'un troisième rappel. »


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