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De grand favori à candidat déchu : si vous n’avez rien suivi de la candidature de Platini à la FIFA

Le président de l’UEFA explique ce vendredi dans L’Équipe qu’il ne se présentera pas à la présidence de la FIFA. Une annonce qui fait suite à sa suspension pour 8 ans de toute activité liée au football.
Pierre Longeray
Paris, FR
Michel Platini en 2011. Image via Flickr/Piotr Drabik

« Je ne me présenterai pas à la présidence de la FIFA. Je retire ma candidature, » annonce ce vendredi matin, Michel Platini, dans les colonnes du journal L'Équipe. Condamné à 8 ans de suspension de toute activité liée au football le 21 décembre dernier, le patron de l'UEFA estime ne plus avoir le temps de faire appel pour prouver son innocence dans une histoire de transfert financier douteux, avant le 26 février prochain (la date de l'élection du nouveau boss du football mondial).

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Pour Platini, derrière sa chute il y a un homme, un seul : Sepp Blatter, président de la FIFA depuis 1998 et à l'origine du transfert financier douteux qui incrimine Platini et l'empêche de se présenter à la FIFA. « Tout est parti de Blatter, qui voulait ma peau, qui ne voulait pas que j'aille à la FIFA. Il disait souvent que je serais son dernier scalp, mais il est tombé en même temps que moi, » lâche l'ancien membre du carré magique à L'Équipe.

Blatter avait été contraint de lâcher son trône le 3 juin dernier (la fédération internationale de football étant empêtrée dans une kyrielle de scandales de corruption), obligeant la FIFA à organiser une élection présidentielle. Pour Platini, cela ne fait pas de doute, si Blatter tombait, il devait tomber avec lui.

Au cours de l'entretien réalisé par le quotidien français dans un hôtel de Nyon (en suisse, là où est installé le siège de l'UEFA), Platini relativise la situation, « Quand on voit ce qu'il s'est passé au Bataclan, la FIFA, ce n'est pas grand-chose à côté. » Sa carrière de footballeur professionnel semble aussi l'avoir préparé à ce genre de déconvenues, « Ça fait quarante ans qu'on me dit que je suis un gros con. […] Mais je n'ai plus vingt ans. À soixante ans, j'ai de l'expérience. »

De grand favori à candidat déchu

Pourtant, tout avait bien commencé pour le candidat Platini. Le 29 juillet dernier, l'ancien numéro 10 de légende de la Juventus Turin et de l'équipe de France annonçait vouloir briguer la présidence de la FIFA. Rapidement, Platini fait office de grand favori des médias et promet de mettre un coup de balai pour offrir « aux dizaines de millions de passionnés de [football] la FIFA qu'ils attendent : une FIFA exemplaire, unie et solidaire, une FIFA respectée, aimée et populaire ».

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Mais deux mois après avoir annoncé sa candidature, Platini se fait rattraper — comme il semble être de coutume désormais à la FIFA — par un scandale financier.

En effet, le 25 septembre, le ministère public suisse soupçonne Sepp Blatter d'avoir effectué « un paiement de 2 millions de francs suisses [NDLR, 1,8 million d'euros] en faveur de Michel Platini au préjudice de la FIFA, prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002, un paiement exécuté en février 2011 ».

Entre 1999 et 2002, Platini travaillait effectivement pour la FIFA en qualité de conseiller de Blatter, déjà président de la FIFA. Ce qui intrigue la justice suisse, c'est que Blatter rémunère Platini près de 10 ans après avoir effectué cette mission.

Blatter a effectué ce versement en février 2011 — soit un mois avant son élection à un nouveau mandat à la tête de la FIFA. Pour l'enquêtrice Vanessa Allard cela aurait pu être fait pour s'attirer les bonnes grâces de Platini, alors patron de l'UEFA.

S'enclenche alors un enchaînement de procédures judiciaires qui vont finir par empêcher Platini de faire campagne en vue de l'élection du 26 février prochain. « Comment remporter une élection quand on est empêché de faire campagne?? » s'indigne le candidat déchu dans L'Équipe. Pour Platini, il lui a manqué de temps entre sa mise en accusation et l'élection du président de la FIFA.

Un problème de calendrier

Le 8 octobre, Blatter et Platini sont suspendus 90 jours par le comité d'éthique de la FIFA à titre provisoire en attendant leur jugement, suite à l'ouverture d'une procédure pénale contre Blatter pour le fameux « paiement déloyal » en faveur de Platini.

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Le 11 décembre, le Tribunal arbitral du sport (le TAS, que Platini avait saisi pour faire appel de cette suspension) maintient sa suspension provisoire estimant qu'elle « n'était pas susceptible de causer un dommage irréparable » en vue de son élection à la présidence de la FIFA, que Platini espère encore.

Le 21 décembre, la commission d'éthique de la FIFA rend son jugement : elle suspend Platini et Blatter de toute activité dans le football pour 8 ans pour s'être rendu coupables de « gestion déloyale », de « conflit d'intérêts » et d' « abus de position ».

Pour faire le moindre recours, Platini doit attendre la notification écrite de la décision, nécessaire pour faire appel. Problème, « à la commission d'éthique, ils ont laissé passer les fêtes de Noël pour rendre leurs motivations. […] Tout traîne depuis le début, » regrette Platini dans L'Équipe.

Pour lui, cette lenteur de la justice du sport est volontaire pour qu'on l'empêche de concourir à la présidence de la FIFA en faisant traîner jusqu'au 26 janvier, date limite de candidature. Ces délais l'obligent donc ce vendredi à jeter l'éponge.

Quels avenirs pour Platini et la FIFA ?

S'il a fait une croix sur la FIFA, Platini entend désormais se « battre contre cette injustice » et laver son nom. Pour cela il lui faudra donc passer par les tribunaux et espérer une décision positive de la commission de recours de la FIFA ou du TAS. S'il est blanchi comme il le souhaite, Platini pourra peut-être reprendre du service à l'UEFA dont il est toujours président malgré sa suspension. L'UEFA doit justement décider le 25 février prochain si elle doit se trouver un nouveau président ou non.

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Du côté de la FIFA, 5 candidats sont en lice pour succéder à Sepp Blatter.

On retrouve un Français, Jérôme Champagne, ancien diplomate et directeur international de la FIFA pendant près de 10 ans. Le prince jordanien Ali ben Al-Hussein retente lui aussi sa chance, après avoir été battu par Blatter lors de la dernière élection.

Tokyo Sexwale, multimillionnaire sud-africain et très impliqué dans la lutte anti-apartheid fait office de candidat atypique — ne venant pas du monde du foot. L'UEFA a envoyé un candidat suite à la défection de Platini en la personne de Gianni Infantino, bras droit du Français déchu à Nyon.

Enfin, un membre de la famille royale du Bahreïn, Cheikh Salman, qui est aussi président de la Confédération asiatique (AFC) depuis 2013, fait office de candidat solide annonçant, comme un peu tout le monde, vouloir « remettre la FIFA sur la bonne voie ».



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Image: Michel Platini en 2011. Image via Flickr/Piotr Drabik