FYI.

This story is over 5 years old.

FRANCE

Attaques à Paris : C’était l’hommage national

Deux semaines jour pour jour après les attaques de Paris, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, le pays a rendu hommage aux victimes ce vendredi matin aux Invalides.
VICE News / Lucie Aubourg

Deux semaines jour pour jour après les attaques de Paris, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, le pays a rendu ce vendredi matin un poignant hommage à tous ceux qui ont été affectés par les événements du « 13 novembre ».

Sur les coups de 10 h 30, le président François Hollande arrive dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides dans le 7e arrondissement de la capitale. La Marseillaise retentit une première fois et le président va prendre place seul sur une chaise disposée devant la tribune qui accueille les familles et proches des victimes, ainsi qu'une bonne partie de la classe politique française. ON y trouve par exemple l'ensemble des chefs de partis, qui ont mis sur pause pour quelques minutes la campagne des élections régionales.

Publicité

François Hollande seul sur une chaise, quelques mètres devant le reste de l'assistance. — Hugo Clément (@hugoclement)November 27, 2015

Il y a 14 jours, trois assaillants ont visé le monde de la musique en prenant d'assaut Le Bataclan, alors que les Eagles of Death Metal étaient sur scène. Ce vendredi matin, c'est donc en chanson que commence l'hommage avec « Quand on n'a que l'amour » de Jacques Brel, chanté par Camélia Jordana, Yael Naïm et Nolwenn Leroy. La chanson résonne dans la cour d'honneur, frappée d'un silence monacal et d'un froid glacial. Les visages des 130 victimes sont projetés sur un écran géant.

"Quand on a que l'amour" chanté par Camélia… par BFMTV

Les mines des représentants politiques sont graves dans l'assemblée. Toutes les sensibilités sont présentes, notamment l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Anne Hidalgo, Alain Juppé, Laurent Fabius ou encore François Fillon. Tout le gouvernement est présent.

L'Hôtel des Invalides a été construit en 1670 à la demande du roi Louis XIV, dans le but d' « y loger tous les officiers et soldats tant estropiés que vieux et caducs ». Aujourd'hui, le lieu accueille toujours des soldats blessés, mais on y trouve également le musée de l'Armée, ainsi que le tombeau de Napoléon 1er.

« Apprendre aux jeunes ce qu'est vraiment la France. »

Ceux qui n'ont pas pu assister à la cérémonie à l'intérieur de l'Hôtel des Invalides étaient réunis à l'extérieur, devant le bâtiment. Ils sont quelques centaines à être venus, souvent munis de drapeaux achetés à la sortie du métro, où deux vendeurs ambulants ont saisi l'occasion pour faire quelques affaires.

Publicité

Des passants réunis devant les Invalides. (VICE News / Lucie Aubourg)

Claude et Dominique Makouezi habitent à Saint-Denis. Quelques jours après les attentats, ils ont été réveillés à 4h20 du matin par le raid de la police, dans lequel au moins un des terroristes suspecté d'être un des assaillants des attentats du 13 novembre a été tué. Ils ont vécu les événements de très près, mais affirment qu'ils seraient venus même si cet assaut n'avait pas eu lieu à deux pas de chez eux.

« C'est très important d'être ici aujourd'hui, » nous dit Dominique, qui est arrivée en France du Congo-Brazaville à l'âge de huit ans. « J'étais très mal après les attentats. J'ai été me recueillir sur tous les lieux des attentats pour évacuer tout ce qui s'est passé. Aujourd'hui, cette cérémonie est importante pour apprendre aux jeunes ce qu'est vraiment la France. »

Les forces de police sont présentes en nombre et l'accès à la route fermé par des barrières le long des trottoirs. Un homme, qui commence à distribuer des tracts en criant aux personnes présentes de « se réveiller », est rapidement emmené et mis à l'écart par la police.

Devant les Invalides (VICE News / Lucie Aubourg)

130 noms, 130 prénoms, 130 visages

Après Jacques Brel, « Perlimpinpin » de Barbara retentit entre les murs froids de la grande cour. « Pour qui, comment quand et pourquoi ? Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences, » déclame la cantatrice française Natalie Dessay, accompagnée d'un seul piano, qui reprend cet hymne à la vie.

Publicité

Deux voix, celle d'un homme et d'une femme, énumèrent ensuite les morts des attaques du vendredi 13 novembre. Les noms, prénoms et âges des victimes sont cités un à un, sous le regard des familles, des secouristes arrivés les premiers sur les lieux, des politiques et des nombreux journalistes. La presse française avait aussi rendu hommage à ces 130 noms en les publiant en Une, comme le journal Le Parisien ou Libération.

A la une de — Libération (@libe)November 26, 2015

À 11 heures, le président François Hollande quitte sa chaise pour rejoindre l'estrade centrale et rendre hommage aux victimes.

« Une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines au nom d'une cause folle et d'un dieu trahi » dit d'un ton grave François Hollande. « 130 noms. 130 vies arrachées. 130 destins fauchés. 130 rires que l'on n'entendra plus. 130 voix qui à jamais se sont tues », continue le président.

Discours à l'occasion de l'hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 — Élysée (@Elysee)November 27, 2015

« Il a mouillé la chemise cette semaine »

Devant les Invalides, beaucoup écoutent le président en activant le haut-parleur de leur téléphone. « Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il faut reconnaître qu'il se démène. Il a mouillé la chemise cette semaine », lâche une femme d'une cinquantaine d'années. « Moi je viens pour les victimes, pas pour Hollande », rétorque une autre.

Publicité

Un engin de chantier décoré (VICE News / Lucie Aubourg)

Certains aspects du discours du chef d'État ont parfois des accents monastiques. « Ils ont le culte de la mort. Mais nous avons l'amour de la vie, » assure Hollande d'une voix posée. Sur la fin de son allocution, le président fait référence à cette « génération » touchée par les attaques du 13 novembre. « Aujourd'hui malgré les larmes, cette génération est devenue le visage de la France, » conclut Hollande.

Une façade d'immeuble non loin des Invalides. (VICE News / Lucie Aubourg)

À la fin de son discours, le seul de cette cérémonie d'hommage, une dernière Marseillaise interprétée par les chanteurs de l'Opéra de Paris et le chœur de l'armée française retentit. Le président quitte ensuite seul les Invalides, avant que la tribune ne se vide petit à petit.

La Marseillaise aux Invalides pour l'hommage national aux victimes du 13 novembre 2015 — Élysée (@Elysee)November 27, 2015

Dans les rues parisiennes, la vie continue son cours normal. Quelques drapeaux tricolores ont été accrochés aux fenêtres, à l'avant des bus de la ville ou même à certains engins de chantiers, à la demande du président de la République. Accrocher son drapeau français était aussi une manière de rendre hommage à Paris — le bleu et le rouge qui encadre la bande blanche de l'emblème national sont une référence historique aux couleurs de la ville meurtrie.

Suivez Lucie Aubourg sur Twitter : @LucieAbrg

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray