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À juste titre

Incroyable : elle tombe enceinte sans perdre sa virginité

Et ce n'est même pas l'oeuvre du Saint-Esprit.

Cet article a été initialement publié sur VICE Canada.

Si les teenage movies nous ont bien appris quelque chose au sujet de la virginité, c'est que c’est une étiquette lourde à porter. On s’attend à ce que, passé un certain âge, les vierges soient accablées par la honte et l’angoisse – qu’elles dissimulent leur terrible secret tout en cherchant désespérément à mettre fin au supplice.

Lauren, en revanche, semble assez à l'aise avec le fait d’être « vierge ». Elle ne le crie pas sur tous les toits, mais n'est pas pressée de sauter le pas. En fait, ça ne la dérangerait pas de ne jamais avoir de relations sexuelles. C’est en partie dû au fait qu’elle a grandi avec une maladie qui affecte sa production hormonale, mais aussi – et surtout – parce qu’elle n’en a rien à foutre.

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Lauren, qui vit dans une communauté manitobaine très religieuse, s’est mis en quête d’un donneur de sperme dans l’idée de devenir mère célibataire, et ce, contre l'avis des médecins et de ses amis. C’est ainsi qu’elle s’est extirpée du marché des célibataires et des applis de rencontre où, d’après elle, les mecs se comportent comme des connards.

« Les gens disent des trucs horribles, déclare-t-elle. Le jour où je me suis créé un profil en ligne, je me souviens que le premier message que j'ai reçu était : ‘Tu veux un cuni ?’ De un, qui fait ce genre d’approche et avec qui est-ce que ça marche ? Et de deux, non merci. Les gens comme ça me dégoûtent. »

Lauren nous a parlé des messages des dalleux, des hormones de grossesse, et de son vœux de chasteté quelque peu hors du commun. (Pour l'anecdote, son bébé est attendu pour juin, et son prénom sera inspiré de Game of Thrones.)

VICE : Salut, Lauren. As-tu toujours su que tu étais différente ?
Lauren : Je l’ai toujours su, en effet. Je suis née avec une maladie qui s’appelle l’hypopituitarisme, c’est-à-dire que mon hypophyse, ou glande pituitaire, n'est pas correctement formée. Elle n'envoie pas les bons messages hormonaux aux autres glandes de mon corps, comme les glandes surrénale ou les ovaires. Du coup, je dois prendre des substituts hormonaux. Ça fait 29 ans que je me soigne, donc ce n'est pas vraiment un problème. Mais à l’époque, je prenais des pilules thyroïdiennes et je devais me faire une piqûre d'hormones de croissance chaque jour.

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À cause de ce dysfonctionnement de mon hypophyse, je n’ai atteint la puberté que très tard. Je ne l'aurais même pas traversée du tout si je n’avais pas pris des œstrogènes. Je m’y suis sentie obligée parce qu’on se moquait de moi – ma poitrine était toujours plate alors que mes amies commençaient à avoir des formes. Sauf que je n’étais pas forcément prête.

Est-ce que ça a été difficile de ne pas vivre la puberté de la même façon que tes amis ? Les enfants étaient-ils cruels à ce sujet ?
Au collège, c'était encore pire. On se moquait de ma poitrine plate et de mes longues dents. Les enfants sont cruels avec tout ce qui est différent. À cause de ça, j’ai développé une forme d’anxiété sociale dont je souffre encore aujourd’hui. Ça s’est amélioré quand j'ai commencé à ressembler à tout le monde. Je suis passé d'un collège avec une centaine d’élèves à un lycée de plus de 1500 – dont 500 dans ma promo. C’était plus facile de se fondre dans la masse.

Le plus difficile a probablement été de tomber enceinte. Au départ, mon endocrinologue m’a dit que cela n'arriverait jamais, que je devrais trouver une donneuse d'ovules et débourser des dizaines de milliers de dollars pour une FIV. Il m'a tout de même redirigée vers un centre de médecine reproductive. J'ai passé un an sur liste d'attente en pensant que ça n’aboutirait jamais. Mais il a suffit d’un rendez-vous de cinq minutes avec le médecin spécialiste de la fertilité pour que les choses commencent enfin à bouger.

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Je suis assez étonnée que tu n’aies pas le sentiment de passer à côté de quelque chose. Est-ce vraiment le cas ?
Depuis le début de ma grossesse, il m’est parfois arrivé d’avoir envie de sortir et faire l’amour. J’ai parfois envie de me laisser tenter par un coup d’un soir, juste par curiosité, mais cette idée me passe très vite – ça ne me ressemble pas de faire ça.

Imaginons que, justement, tu te laisses tenter pas une de ces pulsions – ce serait quoi, ton rencard idéal ? Un dîner aux chandelles ? Un plan « Netflix and chill » ?
L’idéal, ce serait que ça se fasse avec quelqu'un que je connais depuis un certain temps. Mais pas de dîner ou de trucs comme ça. Ce serait juste pour essayer – sans rien de sérieux, sinon je pense que je flipperais. Je suis de nature assez anxieuse.

Tu as dit que tu as l’impression que les rencards sont inutiles. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Je ne sais pas. J'ai essayé de sortir avec des mecs. J'avais un petit ami au collège, on se tenait la main, ce genre de choses. Et puis on a fini par se séparer d’un commun accord. On est toujours amis et on ne s’est jamais disputé. Je n’ai pas de rancœur contre les mecs avec qui je suis sortie. J'ai même essayé d'aller sur des sites de rencontres. Mais ça n’en vaut pas la peine. Mon dernier rencard remonte à Noël dernier. Un pote essayait de me brancher avec son frère. Aujourd’hui, je fais ce que je veux, et je le fais seule. C’est plus facile quand on a pas à se soucier de quelqu'un d'autre.

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Aimes-tu les baisers ?
J'ai déjà été embrassée, mais très maladroitement. Je n’ai pas envie de renouveler l’expérience.

T’es-tu déjà masturbée ?
J’ai essayé, mais je n'ai pas vraiment aimé. Je n’ai jamais retenté depuis.

Et tes amis, ils en pensent quoi ? Est-ce que beaucoup de gens sont au courant ?
Pour mes amis d’enfance, ça n’a jamais été un problème. Ils ne m’ont jamais mis la pression pour que je fasse quelque chose que je ne voulais pas. En ce moment, on parle plus de leur vie sexuelle que de la mienne. Ce n’est pas qu’ils ne me soutiennent pas, mais tant que je n’en parle pas, ils me laissent tranquille.

A part eux, je ne sais pas trop qui est au courant. C’est difficile à dire. Je vis dans une petite communauté religieuse très mennonite. La ville est devenue un peu plus progressiste récemment, mais il y a quelques années encore, elle était très austère. Donc ce n'est pas le genre de chose dont on parle ouvertement. Les gens savent que je suis célibataire et que je vais avoir un enfant seule. Mais ils ne savent pas forcément que je suis vierge.

Tu voulais être maman pour des raisons religieuses ?
C’est surtout un pied de nez à ceux qui m'ont dit que je ne pouvais pas le faire parce que je ne suis pas encore mariée. C'est donc tout le contraire. Quand on me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je prouve le contraire.

Penses-tu que les filles qui ne sont plus vierges ont des leçons à tirer de ta situation ?
Avant toute chose, il faut apprendre à se connaître. Plus on se connaît, plus on est à l'aise avec les choix que l’on fait. Je suis à l'aise parce que je sais ce que je veux. Il faut toujours prendre le temps de s'aimer soi-même. Ça a l'air tellement cliché, mais c'est la meilleure chose à faire. Une fois qu’on sait ce qu’on veut, on n’a plus rien à faire de ce que les autres pensent.

Crois-tu que tu vas changer d’avis un jour ? Te réveiller à 35 ans et décider de tenter le coup ?
Ce serait terrible. M’imaginer à 30 ans et dire à quelqu'un que je suis vierge à cet âge, ce serait comme ce vieil épisode de Seinfeld. C'est trop embarrassant. Si je me décide à coucher avec quelqu’un, je pense que je ne le lui avouerais même pas que je suis vierge… Peut-être que j'aurais des regrets dans dix ans. Qui sait.

Sarah Berman est sur Twitter.