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Culture

C’est le 15e anniversaire de Facebook, et le futur s’annonce sombre

Les dernières années ont été particulièrement rocambolesques pour le géant des médias sociaux.
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Photo via Marco Paköeningrat sur Flickr

Lorsque Facebook a été lancé, il y a précisément 15 ans aujourd’hui, personne ne pouvait se douter que ce petit site internet, censé aider les gens à retrouver d’anciens camarades de classe, pourrait changer le monde. À travers ce réseau social, on peut s’informer, s’éduquer, se rassembler… Mais, malgré tout le bien que peuvent faire les humains sur le site, Facebook, en tant que société par actions, a un grave problème éthique.

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On sait depuis plusieurs années que Facebook n’hésite pas à dépasser les limites de l’acceptable pour faire mousser ses profits, de la collecte de données de localisation de ses utilisateurs à son laxisme en matière de contrôle du contenu haineux. On sait aussi que la compagnie se dédouane constamment de ses responsabilités quant aux applis de tierces parties qui exploitent des données des utilisateurs. Comme avec le scandale de Cambridge Analytica l’an dernier, qui aurait aidé à faire élire Donald Trump, Facebook a prouvé qu’il était un outil utile à ceux qui tentent de renverser l’ordre mondial établi. Et, tant que les gens continuent de payer, Facebook se fout du tort qu’il peut causer.

Peut-être vous rappelez-vous du scandale d’Onavo l’an dernier : une application de Facebook avait été retirée de l’App Store d’Apple, parce qu'elle contrevenait aux conditions d’utilisation. Achetée par Facebook en 2013, Onavo fonctionnait comme un VPN, censé protéger les données et la navigation de ses utilisateurs, mais puisait une mine de renseignements pour Facebook, qui utilisait les données recueillies pour la publicité ciblée, ainsi que pour surveiller les tendances d’utilisation chez les jeunes.

Lorsque le subterfuge a été découvert, Facebook s’est excusé et s’est débarrassé de l’application. Mais, la compagnie de Mark Zuckerberg n’étant pas particulièrement connue pour apprendre de ses erreurs, TechCrunch a noté la semaine dernière qu’elle avait lancée une autre application, Facebook Research, qui faisait exactement la même chose. Des utilisateurs, âgés de 13 à 35 ans, recevaient jusqu’à 20 $ par mois pour l'utiliser. « Lorsqu’ils téléchargeaient l’application, toutes leurs données internet, peu importe leur connexion et les applications qu’ils utilisaient, étaient siphonnées par les serveurs de la compagnie, ce qui lui permettait de suivre leurs activités sur les autres services », rapporte The Guardian . Pour ce faire, la compagnie a exploité une faille dans le système d’Apple, par laquelle elle a distribué à certains utilisateurs l’application, qui était censée être utilisée uniquement par des employés, à des fins de test.

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On peut bien sûr se demander comment Facebook peut se permettre deux coups comme ceux-ci en six mois, mais ce serait oublier quelque chose de très important : c’est ce qui permet à Facebook d'engranger des revenus. Contrairement à des compagnies comme Amazon ou Apple, Facebook gagne tout son argent avec les publicités ciblées, comme l’explique à VICE le professeur Dominic Martin, expert en éthique numérique. « Ces entreprises-là reposent sur la collecte de données personnelles pour identifier des tendances de consommation et d’utilisation d’internet dans le but de vendre du contenu ciblé, explique-t-il au téléphone. Avec ce récent épisode, on a poussé le ballon de quelques coches plus loin, parce qu’on a utilisé un VPN, parce qu’il y avait des mineurs et qu’on a détourné le programme de distribution d’applications d’Apple. »

L’expert croit que le gouvernement devrait intervenir dans ce genre de situation. « Cet incident-là est symptomatique et démontre quelque chose à propos de l’entreprise, mais ce n’est que la pointe d’un iceberg beaucoup plus important. »

« C’est un programme ciblé, auprès d’un public ciblé, mais il reste que 99,99 % de l’effort de collecte de données que fait Facebook continue », avance M. Martin à propos du scandale de Facebook Research. « Ils n’ont peut-être pas accès à toutes nos données internet, mais ils ont une quantité absolument incroyable de renseignements sur nous. »

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Facebook Research n’est pas la chose la plus sketch que l’entreprise ait fait dans les derniers mois : elle est présentement aux prises avec un recours collectif, pour avoir pendant des années ignoré une faille qui laissait des enfants dépenser l’argent de leurs parents sur des jeux dans Facebook, comme Petville et Fruit Ninja. Selon des documents internes recueillis par le Center for Investigative Reporting, des employés de Facebook appelaient la pratique de la « fraude amicale ».

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Comme le rapportent les documents internes, plusieurs employés ont tenté de sonner l’alarme sur cette pratique, pour simplement se faire rappeler par les dirigeants de Facebook que la compagnie devait se concentrer sur la hausse de ses profits. Pire encore, elle refusait de rembourser les familles touchées par cette faille, dont certaines ont reçu des factures s'élevant à des milliers de dollars.

Après 15 ans, Facebook doit accepter ses responsabilités. Le réseau social est devenu l'un des outils les plus indispensables de la planète. Si la compagnie veut s’assurer d’une certaine pérennité, il est grand temps qu’elle réponde de ses actes. Car ce n’est pas en volant de l’argent ou en récoltant les données d’utilisation d’enfants qu’elle pourra rétablir son image.

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