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Les réfugiés qui ont accueilli Snowden à Hong Kong risquent la déportation

Leurs avocats plaident que le Canada devrait les accueillir.

En septembre dernier, on apprenait que sept réfugiés à Hong Kong avaient hébergé le dissident américain Edward Snowden en 2013, alors qu'il était recherché par les autorités. Ces réfugiés sri lankais et philippins avaient révélé leur identité après avoir appris qu'Oliver Stone était au courant de leur existence, et parlerait d'eux dans son film Snowden.

Vendredi dernier, leurs demandes d'asile en tant que réfugiés ont été refusées par le Département d'immigration de Hong Kong et leurs avocats soupçonnent que leur implication dans l'affaire Snowden pèse lourd dans la décision, bien qu'il n'en soit pas mention dans leur rapport. Ils ont maintenant deux semaines pour porter leur cause en appel, sans quoi ils pourraient se voir déportés, et leurs enfants apatrides se retrouveraient pris en charge par le gouvernement et placés en centre d'accueil.

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« Les décisions de Hong Kong démontrent une atteinte grave à l'équité procédurale. La preuve et les arguments mis de l'avant par nos clients ont de toute évidence été ignorés, » a soutenu Francis Tourigny, un des trois avocats montréalais qui représentent les familles ainsi qu'Edward Snowden, à une conférence de presse lundi matin. « Ceci est en contravention complète des droits des enfants protégés par la convention de l'ONU sur le droit des enfants, convention que Hong Kong a signée. »

Les avocats demandent au gouvernement canadien de faire exception à la procédure habituelle et d'accueillir les familles au Canada en attendant que leurs dossiers se règlent.

Le Canada est un des rares pays qui peut accorder le statut de réfugiés à partir d'une enquête du gouvernement fédéral, a rappelé Me. Marc-André Séguin, rejoint par Skype à partir de Hong Kong, où il aide les familles sur le terrain.

C'est à la demande de leurs avocats basés à Montréal que les Sri lankais Ajith Pushpakumara, Supun Thilina Kellapatha, sa femme Nadeeka Dilrukshi Nonis et leurs deux enfants, ainsi que Vanessa Rodel, originaire des Philippines, et sa fille ont accueillis Snowden dans leurs maisons respectives. Aucun d'eux ne savait tout à fait qui était Edward Snowden ni pourquoi il était recherché. « Je ne savais pas pourquoi il était là, je pensais qu'il venait aider avec notre demande d'asile », a confié Supun au National Post. C'est en revenant d'acheter des muffins un matin que Mme Rodel a appris la véritable identité de M. Snowden, après l'avoir vu sur la page couverture d'un journal local.

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Ajith Pushpakumara a quitté le Sri Lanka en 2003, après avoir déserté l'armée nationale, dans laquelle les soldats se faisaient régulièrement battre et violer par leurs supérieurs. « Il est certain que je mourrai si je retourne dans mon pays, dit-il ce matin. Ce n'est pas une option pour moi». Il a agi en tant que garde du corps pour M. Snowden en 2013.

Vanessa Rodel réside à Hong Kong depuis 2002, où elle a demandé le statut de réfugié après avoir été kidnappée et violée aux Philippines. Elle a travaillé comme aide-domestique, où, comme plusieurs femmes philippines à Hong Kong, elle oeuvrait dans des conditions insoutenables et peinait à élever sa fille, née sans statut. Elle a depuis dû quitter son travail, car le gouvernement de Hong Kong ne permet pas aux demandeurs d'asile de travailler. Edward Snowden a dormi plusieurs jours chez Vanessa, et a célébré son 30e anniversaire avec elle et sa fille.

Supun et Nadeeka ont fui le Sri Lanka et sont maintenant installés dans un bidonville hongkongais. Ils ont cédé à M. Snowden leur lit, et ont eux-mêmes dormi sur le plancher de leur entrée. Ils ont deux enfants, de qui ils seront séparés et déportés si le gouvernement canadien n'intervient pas.

Bien qu'il admette un peu sa faute pour la situation dans laquelle se retrouvent aujourd'hui les réfugiés qui ont aidé son client, Me Robert Tibbo, l'avocat d'Edward Snowden, dit ne pas regretter l'avoir envoyé chez eux. « L'endroit le plus sécuritaire pour lui à ce moment-là était au sein de la communauté des réfugiés à Hong Kong. C'est là où les réfugiés trouvent des appuis, et ces familles l'ont accueilli comme n'importe quel autre réfugié, a-t-il répondu lorsque questionné à ce sujet ce matin.
Par contre, il est vrai que je ressens une certaine responsabilité morale, et c'est pourquoi je ne lâcherai pas le dossier. »

Billy Eff est sur internet ici et .