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Les familles de Montréal sont les plus vertes au pays (et Edmonton nous fait honte)

Les ménages montréalais produisent cinq tonnes de gaz à effet de serre en moyenne par année, contre 20 tonnes à Edmonton.

J'ai vécu à Montréal quelques années. Comme les hivers sont glaciaux, on pourrait penser que les Montréalais utilisent beaucoup d'énergie en particulier pour chauffer la maison, ne serait-ce qu'assez pour survivre. En fait, les ménages montréalais sont les plus verts au pays selon une nouvelle étude. Loin devant Vancouver, où le climat est pourtant tempéré et les hivers agréablement doux par rapport à la moyenne canadienne.

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Et Edmonton est la moins verte de toutes.

Dans cette étude, les chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique (UCB) ont étudié les données de recensement sur une période de 12 ans (de 1997 à 2009) et classé les 17 plus importantes zones métropolitaines en fonction des émissions de CO2 d'une famille moyenne — deux ou trois personnes, revenu annuel de 81 000 $ — pendant une année calculée à partir de l'utilisation d'électricité, de gaz naturel et d'essence. Les ménages comptent pour beaucoup dans les émissions de CO2, rapportent les chercheurs, soit 46 pour cent des émissions totales en 2004.

Leur découverte : les ménages montréalais produisent cinq tonnes de gaz à effet de serre en moyenne par année, contre 20 tonnes à Edmonton. Montréal est suivie de Vancouver (avec 7,2 tonnes par année), Winnipeg, Toronto et Calgary.

Les villes ont un effet sur les émissions de CO2 des ménages. Certains facteurs ont un effet majeur, expliquent les auteurs : la densité de population (quand la densité urbaine est élevée, le nombre de voitures en circulation diminue et les domiciles sont plus petits), des températures modérées (besoins en énergie moins grands pour chauffer) et l'accessibilité à des types d'énergie peu polluantes dans la province.

Avec ces critères, Vancouver et Victoria devraient trôner en haut de la liste selon les chercheurs : leur électricité provient de barrages hydroélectriques, et non de centrales thermiques au charbon comme à Edmonton. Et leurs hivers n'ont rien à voir avec ceux d'ici.

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Comment Montréal est-elle arrivée première? « La première position de Montréal est plutôt mystérieuse », écrivent les auteurs, Sumeet Gulati, économiste environnemental de l'UCB et Juan Fercovic, diplômé en économie de l'alimentation et des ressources.

La source de l'énergie dans la province semble avoir une grande importance, plus que les chercheurs l'avaient prévu. L'énergie des ménages montréalais provient en grande partie de l'hydroélectricité, en partie parce que le prix du gaz naturel est le plus élevé au pays, selon eux. Au contraire, le gaz naturel est abordable en Colombie-Britannique et les ménages de la province l'utilisent davantage pour le chauffage.

À Edmonton et Calgary, la densité est faible et les hivers sont extrêmes. De plus, les centrales au charbon alimentent la province en énergie, ce qui plombe leur résultat. Partout au Canada, les gouvernements se penchent sérieusement sur les différentes politiques visant à diminuer les émissions. En Alberta, une taxe carbone entrera en vigueur en 2017. Le Québec et l'Ontario prévoient mettre en place un marché du carbone. Plus largement, les villes en croissance devraient favoriser la hausse de densité plutôt que l'étalement. L'augmentation du prix d'énergie à hautes émissions de CO2 joue un grand rôle dans la diminution des émissions, comme le montre Montréal : la famille moyenne consomme la plus faible quantité de gaz naturel au pays, selon les auteurs. Si on met de côté les différences entre les villes et jette un œil sur l'ensemble du pays, les nouvelles sont bonnes : d'après l'étude, la moyenne des émissions des ménages a diminué de 16 pour cent au pays entre le début et la fin de la période de 12 ans.

Si nous voulons atteindre les cibles fixées à la Conférence de Paris, soit de limiter la hausse de température moyenne de la planète à moins de 2 °C par rapport à l'époque préindustrielle, Montréal est un exemple à suivre.

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