FYI.

This story is over 5 years old.

sorcellerie

Les sorcières du Moyen-Âge auraient volé des pénis pour les garder comme animaux de compagnie

D’après un guide de chasse aux sorcières du 15e siècle, certaines d’entre elles faisaient disparaître des pénis pour les garder dans un nid et les nourrir d’avoine.
Photo | Wikipédia

L'article original a été publié sur Broadly.

De toute éternité, les hommes ont nourri des peurs irrationnelles face aux menaces à leurs membres virils. Bien avant l'anxiété de la castration, il existait quelque chose de beaucoup plus sinistre : le mythe des sorcières voleuses de pénis qui conservaient des phallus démembrés encore frétillants en guise d'animaux de compagnie.

La description la plus connue de cette pratique se trouve dans le Malleus Maleficarum, un manuel de chasse aux sorcières du 15e siècle écrit par Heinrich Kramer. Cet ouvrage est généralement considéré par les historiens comme étant un texte misogyne ridicule, mais qui a malgré tout entraîné le meurtre violent d'innombrables femmes accusées de sorcellerie. Dans The Salem Witch Trials Reader, Frances Hill le décrit comme « l'un des livres les plus odieux et terrifiants qui ait jamais été écrit. » Le Malleus déborde d'angoisses flagrantes face au désir sexuel féminin. Comme l'écrit la folkloriste Moira Smith dans son article Penis Theft in the Malleus Maleficarum, « une grande partie des crimes ( maleficia) attribués aux sorcières concernaient la sexualité : copuler avec des incubes, pratiquer l'avortement, provoquer la stérilité et la mort à la naissance, ou encore entraver les relations sexuelles entre maris et femmes. »

Publicité

Au Moyen-Âge, on croyait que les sorcières avaient des pouvoirs magiques leur permettant de nuire aux membres masculins, dont le plus sinistre était la capacité de faire complètement disparaître l'organe sexuel. Smith explique que le Malleus Maleficarum décrit trois études de cas dans lesquelles les sorcières auraient par magie privé des hommes de leur verge. Dans les deux premiers cas, leurs organes génitaux auraient été cachés par une sorte d'illusion. Les sorcières pouvaient « retirer l'organe masculin non pas en spoliant les hommes, mais en le dissimulant par prestige », d'après Heinrich Kramer.

Le troisième cas mentionne le phénomène notoire des sorcières qui auraient gardé des pénis désincarnés comme animaux de compagnie en les nourrissant à l'avoine et autres grains :
Que penser de ces sorcières qui réussissent à s'emparer d'un grand nombre de membres – vingt ou trente – et qui les placent ensemble dans un nid d'oiseau ou une boîte où ils bougent comme s'ils étaient vivants, se nourrissant d'avoine et d'autres grains? Plusieurs en ont été témoins, et c'est une sujet de conversation courant. On dit que c'est le fruit du travail et des illusions du diable, puisque les sens de ceux qui ont vu [les pénis] sont victimes d'illusions, comme nous l'avons démontré.

Kramer poursuit en décrivant la quête d'un homme cherchant à retrouver son membre manquant. D'après ses dires, le pauvre type castré aurait « abordé une certaine sorcière » qui lui aurait demandé de « monter dans un arbre en particulier où se trouvait un nid contenant plusieurs membres, et d'en prendre un à sa guise ». Il aurait malheureusement été repoussé après avoir voulu en prendre un particulièrement grand, puisqu'il aurait « appartenu à un prêtre de la paroisse ».

La végétation arborant des organes génitaux n'était pas chose rare au Moyen-Âge. Dans un article publié en 2010 dans le Journal of Sexual Medicine, l'historien Johan J. Mattelaer affirme qu'« entre la fin du 13e siècle et le début du 16e, les arbres à phallus étaient un phénomène répandu. » Les arbres à pénis se sont ainsi répandus à travers l'Europe : d'après ses recherches, un manuscrit français du 14e siècle comprend deux images de religieuses cueillant des pénis dans un arbre et les rangeant dans leurs robes. Une sculpture sur bois du début du 15e siècle aujourd'hui conservée dans un musée allemand dépeint une femme qui cueille nonchalamment des pénis tandis que son amant examine un arbre à vulves. Aux Pays-Bas, on trouve également une plaque décorative qui « montre un couple faisant l'amour sous un arbre à phallus, possiblement épiés par un voyeur. »

Une murale d'arbre à phallus découverte en Toscane. Photo : Wikipedia.

En l'an 2000, des archéologues ont découvert un spécimen d'arbre à pénis particulièrement impressionnant sur une immense murale du 13e siècle en Toscane. Elle dépeint un arbre couvert d'organes sexuels masculins (« C'est effectivement un arbre à phallus! », remarque Mattelaer d'un ton jovial), tous « d'une grandeur disproportionnée et… clairement dans un état excité. » Au pied de cette noble plante se trouvent huit femmes qui semblent se battre pour un pénis, et dont l'une tente de frapper une branche avec un bâton. À leurs côtés se trouve une autre femme qui paraît ne pas être impliquée, mais qui, à mieux y regarder, précise Mattelaer, « a un fruit de cet arbre qui dépasse de ses vêtements ». George Ferzoco, le directeur du Centre des études toscanes, affirme que la murale constitue « la plus ancienne représentation en art de femmes se comportant comme des sorcières » en se basant sur l'ancien folklore toscan.

Dans le Malleus Maleficarum, Kramer affirme que « La sorcellerie vient du désir charnel, qui est insatiable chez les femmes ». Les arbres à pénis et leur rapport avec ces sorcières voluptueuses soulèvent dès lors une question importante : si les pénis poussaient dans les arbres, aurait-on besoin des hommes?