Voici les petits gagnants du premier débat des chefs
Photo : Ryan Reimorz/La Presse Canadienne

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Voici les petits gagnants du premier débat des chefs

Oubliez l'idée d'un grand gagnant. Personne ne sort de ces échanges particulièrement rayonnant.

C’est jeudi soir qu’avait lieu le tout premier débat de cette longue campagne électorale.

À mi-chemin de la campagne, les âmes dramatiques se plaisent à dire que c’est au débat que tout se joue. La Coalition avenir Québec mène toujours, elle qui avait pris les devants avant même que le pistolet ne sonne le départ de la course. Mais le Parti libéral (PLQ) n’est jamais bien loin. Et avec le Parti québécois comme Québec solidaire qui font de légères remontées, et avec les hauts taux d’indécis, la dynamique pourrait basculer le jour du scrutin.

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Qui est le grand gagnant du débat? Personne. On s’en fiche. Personne ne sort de ces échanges particulièrement rayonnant. Mais voici une liste des petites victoires, selon VICE.

Les candidats sont invités à nos bureaux pour récupérer leurs tapes dans le dos au moment de leur choix.

Le prix « fashionably late » : François Legault

Si le débat ne débutait qu’à 20 h, les candidats étaient attendus à 19 h 20 pour la prise de photo. Mais François Legault ne s’est pas montré immédiatement, lui qui est pourtant le premier à avoir fait son entrée à la grande tour brune.

Manon Massé, Philippe Couillard et Jean-François Lisée l’ont attendu, plantés au milieu du plateau, durant quelques minutes. L’atmosphère semblait empreinte de malaise, jusqu’à ce que les candidats fanfaronnent et fassent mine de regarder leurs montres, pour souligner de manière ludique le retard de leur adversaire commun. Du pantomime à son meilleur.

C’est dans le soulagement général que le chef caquiste est finalement arrivé sur le plateau, à 19 h 27. Ils ont pris leur photo, dans la nervosité la plus apparente.

Précision : la légende veut que les gardiens de sécurité ont dit à M. Legault de demeurer dans sa loge, tandis que les autres candidats étaient déjà sur le plateau.

Le prix « cible à abattre » : Philippe Couillard

Avec François Legault à qui on prédit la victoire, on se serait attendus à ce qu’il soit la cible des tirs croisés de ses adversaires. Mais c’est surtout le bilan des libéraux qui a été constamment attaqué au cours de la soirée.

Jean-François Lisée a visé la jugulaire du premier ministre sortant dès le départ, lorsqu’il était question de santé. Il lui a reproché d’être responsable de la dégradation des soins à domicile, de n’avoir rien réinvesti alors qu’il affichait des surplus de deux milliards de dollars, a critiqué avec insistance son « déficit de compassion ». François Legault s’en est pris aux CHSLD, aux patates en poudre servies aux repas et au manque de soins d’hygiène pour les résidents.

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Philippe Couillard a aussi été critiqué pour la hausse des salaires des médecins et les compressions en éducation. C’est d’ailleurs un des moments où François Legault s’est réellement emporté dans le débat. « Je ne vous pardonnerai jamais d’avoir coupé dans l’aide aux enfants qui sont les plus vulnérables », s’est-il exclamé. Et il a insisté sur ce point. « JE NE VOUS PARDONNERAI JAMAIS ÇA! » a-t-il répété avec vigueur.

Bref, VICE désigne les libéraux comme cible à abattre, quoique François Legault aussi a essuyé plusieurs critiques, notamment sur le manque de cohérence de son test des valeurs pour les immigrants.

Jean-François Lisée était bien moins souvent interpellé, quoique Philippe Couillard s’est plu à rappeler que c’est sous le gouvernement péquiste que les forages de gaz de schiste sur Anticosti ont été approuvés.

Manon Massé est presque passée inaperçue. On aurait pu s’attendre à ce qu’on lui dise que ses propositions étaient irréalistes (comme cela arrive si souvent avec QS), mais les candidats étaient trop occupés à s’entre-critiquer pour se pencher là-dessus.

Le prix littéraire : François Legault

Pour avoir réussi à ploguer en plein débat un livre qu’il a écrit sur le fleuve Saint-Laurent. Presque personne ne le connaît, encore moins l’ont lu. Le tout était pour éviter de se prononcer sur les redevances sur les ressources d’eau potable, un sujet sur lequel il n’avait visiblement rien à dire.

Le trophée « faucon » : le regard perçant de l’animateur Patrice Roy

Le meilleur diss de la soirée : Raymonde Chagnon.

Le débat était ponctué par des questions d'honnêtes citoyens. Et la plus flamboyante des citoyennes était sans équivoque la première à passer à la télé en direct : Mme Chagnon a livré un témoignage bien senti sur sa crainte de passer la fin de sa vie dans les piètres CHSLD, comme son mari. S’est ensuivi un tour de table de 45 secondes par candidat, où ils y sont allés de leurs solutions pour les soins à domicile et la pénurie d’infirmières.

L’animateur Patrice Roy a ensuite demandé à Mme Chagnon si ces réponses l’avaient éclairée.

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« Pas tellement », a-t-elle fait claquer avec sa voix comme un fouet, impitoyable.

Les créateurs de mèmes québécois ont été prompt à s’amuser de son audace.

Le meilleur diss *scripté* de la soirée : Jean-François Lisée

Le chef du Parti québécois a interpellé Philippe Couillard en l’appelant « Monsieur Legault, Monsieur Legault ». Puis, constatant son erreur, il a décoché un immense sourire au vrai M. Legault et a laissé tomber un « excusez-moi, des fois je vous mêle ».

Si cette phrase n’était pas scriptée, j’accepte de mettre ma main au feu et le reste de mon corps également.

Mais même si le tout n’était pas spontané, nous soulignons la qualité de l’exécution. C’était un des rares moments amusants du débat.

Le prix de consolation : Manon Massé

L’agressivité était parfois présente sur le plateau, une agressivité froide et sans débordements. La porte-parole solidaire n’a pas voulu se lancer dans la cacophonie parfois intense entre François Legault, Philippe Couillard et Jean-François Lisée.

Elle a préféré demeurer en retrait. Il en résulte qu’elle gardait ses moments de parole pour faire valoir ses idées, plutôt que de renvoyer des questions incisives à ses adversaires. Son temps de débat en a écopé : Manon Massé a parlé environ quatre minutes de moins que ses adversaires.

Le meilleur moment de malaise : la fin du débat, en tant qu’entité

C’est en lien avec le point précédent. L’animateur Patrice Roy a dit qu’on avait atteint la parité du temps de parole, et Manon Massé a roulé les yeux. Il a concédé qu’elle avait eu un petit retard, ce à quoi elle a répondu avec le sourire que c’est parce qu’elle est une femme, et que ça joue rough.

François Legault a eu un petit rire avant d’émettre un « oooooooh » étouffé, tandis que Patrice Roy a aussitôt dit qu’il « n’accepte pas cette conclusion » et que « chacun a un peu sa part de responsabilité ». Le débat s’est conclu en queue de poisson, sans que l’on puisse assimiler ou développer sur la critique de Manon Massé.

Le prix de présence : le klaxon strident qui a retenti sur le terrain, alors que le citoyen Jean-François Caron demandait aux candidats jusqu’où ils étaient prêts à aller pour défendre les intérêts du Québec

Nous soulignons la qualité du klaxon, qui a eu le mérite d’être clair et de bien se faire entendre.